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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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contribution foncière, l’est une seconde fois par la contribution mobilière ; tandis que le<br />

revenu du capitaliste, frappé par cette dernière contribution, ne l’est qu’une seule fois.<br />

Les contributions indirectes ont le mérite d’être acquittées plus facilement, et de paraître<br />

moins vexatoires. Toute contribution se paie avec répugnance, parce que le prix de cette<br />

dette, la protection du gouvernement, est un avantage négatif dont on est peu touché. Un<br />

gouvernement est précieux plutôt par les maux dont il préserve, que par les jouissances qu’il<br />

procure. Mais en payant un impôt sur les denrées, on ne croit pas payer la protection du<br />

gouvernement, laquelle touche peu ; on crot payer le prix de la denrée qu’on désire<br />

beaucoup, quoique ce prix soit indépendant de l’impôt. L’attrait de la consommation<br />

s’étend jusqu’à l’acquitteent de la dette, et l’on paie volontiers une valeur dont le sacrifice<br />

est suivi d’une jouissance.<br />

C’est ce qui a fait considérer cet impôt comme volontaire. Les états-Unis, avant leur<br />

indépendance, le regardaient tellement comme volontaire, que, tout en refusant au<br />

parlement britannique le droit de les imposer sans leur consentement, ils lui reconnaissaient<br />

pourtant celui de mettre des droits sur les consommations, chacun ayant la faculté de s’y<br />

soustraire en s’abstenant de la marchandise imposée 459 . Il n’en est pas ainsi de l’impôt sur<br />

les personnes ; il ressemble à une spoliation.<br />

L’impôt indirect se perçoit par petites portions, insensiblement, à mesure que le<br />

contribuable a les moyens de l’acquitter. Il n’entraîne point d’embarras de répartition entre<br />

les provinces, ente les arrondissements, entre les particuliers. Il ne met point les intérêts<br />

divers en présence ; ce que l’un évite de payer n’est point une charge pour l’autre. Point<br />

d’inimitiés entre habitants de la même ville, point de réclamations, point de contraintes.<br />

Le même impôt permet au législateur de mettre un choix dans les consommations qu’il<br />

impose ; de ménager celles qui sont favorables à la prospérité de la société, comme toutes<br />

les consommations reproductives, pour frapper celles qui ne sont favorables qu’à son<br />

appauvrissement, comme toutes les consommations stériles ; celles qui procurent à grands<br />

frais au riche un plaisir insipide ou immoral, pour ménager celles qui font vivre à peu de<br />

frais les familles laborieuses.<br />

On a objecté contre les impôts indirects les frais de perception qu’ils entraînent ; ils<br />

exigent de nombreux bureaux, des commis, des employés, des gardes ; mais il faut observer<br />

qu’une grande partie de ces frais ne sont pas une suite nécessaire de l’impôt, et peuvent être<br />

prévenus par une bonne administration. L’accise et le timbre, en Angleterre, ne coûtaient<br />

plus que 31 sur 4 pour cent de frais de perception en 1799 460 . Il n’y a pas d’impôt direct en<br />

France qui ne coûte bien davantage.<br />

On a dit que l’impôt indirect ne promettait au fisc qu’une valeur variable, incertaine,<br />

tandis que les dépenses publiques exigeaient des fonds assurés ; mais les rentrées variables<br />

sont tellement assurées, qu’il n’en est pas une qui n’ait été affermée. Excepté dans des<br />

circonstances extraordinaires et rares, l’expérience fait connaître, à peu de chose près, le<br />

produit de toute espèce de contribution. D’ailleurs les impôts sur les consommations sont de<br />

leur nature, variés : la plus value des uns couvre le déficitdes autres.<br />

L’impôt indirect provoque les fraudes, crée des crimes qui ne sont pas dans l’ordre de la<br />

nature, et par suite, des punitions plus affligeantes que toutes les autres ; mais ces<br />

inconvénients n’acquièrent un caractère très grave que lorsque l’impôt est excessif : c’est<br />

alors seulement que le profit de la fraude en surpasse le danger. Tous les impôts excessifs<br />

459 Voyez l’interrogatoire subi, en 1766, par Franklin, à la barre de la Chambre des communes.<br />

460 Garnier, traduction de Smith, tome IV, p. 438. Suivant Arthur Young, l’impôt du timbre, qui rapporte au fisc<br />

1330 000 livres sterling, ne coûte à recouvrer que 5 691 livres sterling. Ce n’est pas un demi pour cent.

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