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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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de gens capables seulement d’observer ce qu’ils voient tous les jours, et qui sachent douter<br />

de ce qu’ils ne savent pas !<br />

Cependant il faut tout attendre du temps : de même que la chaleur ne pénètre que par<br />

degrés une masse considérable et en gagnant successivement les molécules dont elle se<br />

compose, les lumières ne se répandent que de proche en proche dans ces masses d’hommes<br />

que nous nommons des nations. Rien ne peut suppléer à l’action du temps ; mais son<br />

influence est infaillible. Elle nous paraît lente parce que nous ne vivons qu’un instant ; mais<br />

elle est rapide si nous considérons la vie des nations.<br />

La physique de Newton, unanimement rejetée en France durant cinquante années, est<br />

maintenant enseignée dans toutes nos écoles. On s’apercevra enfin qu’il est des études plus<br />

importantes encore que celle-là, si l’on mesure leur importance d’après l’influence qu’elles<br />

exercent sur le sort des hommes.<br />

Maintenant on enseigne l’économie <strong>politique</strong> partout où l’on fait quelque cas des<br />

lumières. Elle était déjà professée dans les universités de l’Allemagne, de l’écosse et de<br />

l’Italie ; elle le sera dorénavant avec beaucoup plus d’avantages et avec tous les caractères<br />

des études les plus certaines. Tandis que l’université d’Oxford se traîne encore sur ses vieux<br />

errements, on crée à Londres 41 une nouvelle université où l’on ne professera que les<br />

connaissances usuelles, comme pour montrer l’extrême ridicule des institutions de ce genre<br />

où, à une époque remarquable par les plus étonnants progrès de l’esprit humain, on<br />

n’enseigne cependant que ce qu’on enseignait il y a trois siècles. Des cours particuliers<br />

d’économie <strong>politique</strong> ont lieu dans plusieurs villes, entre autres à Genève. Le gouvernement<br />

français s’est honoré en ordonnant l’établissement d’une chaire pour cette science à l’école<br />

de droit de Paris, où sa place était marquée ; et, ce qui est plus important encore, nos jeunes<br />

publicistes couronnent leurs études en s’initiant, par des travaux particuliers, aux vérités qui<br />

leur dévoilent le mécanisme des sociétés. On est étonné de leurs progrès, quand on compare<br />

la plupart des écrits périodiques de l’époque où nous sommes, de même que les ouvrages<br />

qui se publient sur la <strong>politique</strong>, l’histoire, les voyages, les finances, le commerce et les arts,<br />

avec les écrits du même genre publiés seulement dix ans auparavant. Ceux de ces ouvrages<br />

qui décèlent une ignorance complète des principes de l’économie <strong>politique</strong>, ne fixent pas un<br />

instant les regards du public. Lorsque les jeunes gens qui maintenant sont des élèves, se<br />

trouveront répandus dans toutes les classes de la société, et élevés aux principaux postes de<br />

l’administration, les opérations publiques seront bien meilleures que par le passé. Les<br />

gouvernants comme les gouvernés, prendront pour règle des principes plus uniformes ; ce<br />

qui amènera tout naturellement moins d’oppression d’un côté et plus de confiance de<br />

l’autre.<br />

Mais ce qui a surtout contribué aux progrès de l’économie <strong>politique</strong>, ce sont les<br />

circonstances graves dans lesquelles le monde civilisé s’est trouvé enveloppé depuis<br />

quarante ans. Les dépenses des gouvernements se sont accrues à un point scandaleux ; les<br />

appels que, pour subvenir à leurs besoins, ils ont été forcés de faire à leurs sujets, ont averti<br />

ceux-ci de leur importance ; le concours de la volonté générale, ou du moins de ce qui en a<br />

l’air, a été réclamé, sinon établi, presque partout. Des contributions énormes, levées sur les<br />

peuples sous des prétextes plus ou moins spécieux, n’ayant pas même été suffisantes, il a<br />

fallu avoir recours au crédit ; pour obtenir du crédit, il a fallu montrer les besoins comme les<br />

ressources des états ; et la publicité de leurs comptes, la nécessité de justifier aux yeux du<br />

41 Ceci a été écrit en 1826. (Note de l’éditeur.)

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