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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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évaluent la valeur locative de leurs biens-fonds, et demandent au propriétaire une part de ce<br />

revenu : c’est la contribution foncière.<br />

Tantôt ils jugent du revenu par le loyer de l’habitation qu’on occupe, par le nombre des<br />

domestiques, des chevaux, des voitures qu’on entretient, et font de cette évaluation la base<br />

de leurs demandes : c’est ce qu’on nomme en France la contribution mobilière.<br />

Tantôt ils estiment les profits que l’on peut faire suivant l’espèce d’industrie qu’on<br />

exerce, l’étendue de la ville et du local où elle est exercée : c’est la base de l’impôt qu’on<br />

appelle en France les patentes.<br />

Toutes ces manières d’asseoir l’impôt, en font des contributions directes.<br />

Pour asseoir les contributions indirectes et celles dont on veut frapper les<br />

consommations, on ne s’informe pas du nom du redevable : on ne s’attache qu’au produit.<br />

Tantôt, dès l’origine de ce produit, on réclame une part quelconque de sa valeur, comme on<br />

fait en France pour le sel.<br />

Tantôt cette demande est faite au moment où le produit franchit les frontières (les droits<br />

de douanes), ou l’enceinte des villes (l’octroi).<br />

Tantôt c’est au moment où le produit passe de la main du dernier producteur dans celle<br />

du consommateur, qu’on fait contribuer celui-ci en Angleterre par le stamp-duty 457 , en<br />

France par l’impôt sur les billets de spectacles).<br />

Tantôt le gouvernement exige que la marchandise porte une marque particulière qu’il fait<br />

payer, comme le contrôle de l’argent, le timbre des journaux.<br />

Tantôt il s’empare de la préparation exclusive d’une marchandise, ou d’un service<br />

public, et les vend à un prix monopole, comme le tabac ou le transport des lettres par la<br />

poste.<br />

Tantôt il frappe, non la marchandise elle-même, mais l’acquittement de son prix, comme<br />

il le fait par le timbre des quittances et des effets de commerce.<br />

Touts ces manières de lever les contributions les rangent dans la classe des contributions<br />

indirectes, parce que la demande n’en est adressée à personne directement, mais au produit,<br />

à la marchandise frappée de l’impôt 458 .<br />

On conçoit facilement que tel revenu qui pourrait n’être pas atteint par un de ces genres<br />

de contributions, l’est par un autre, et que c’est un grand acheminement à l’équitable<br />

répartition des charges publiques, que la multiplicité des formes sous lesquelles elles se<br />

présentent, pourvu toutefois que chacune en particulier soit maintenue dans les bornes d’une<br />

certaine modération.<br />

Chacune de ces manières d’asseoir l’impôt, outre l’inconvénient général d’appliquer une<br />

partie des produits de la société à des usages peu favorables à son bonheur et à ses<br />

reproductions, a d’autres inconvénients et des avantages qui lui sont propres. L’impôt<br />

direct, par exemple, coûte moins de frais de perception, mais il s’acquitte péniblement et<br />

entraîne des contraintes odieuses. Il frappe les revenus très inéquitablement. Un riche<br />

négociant qui paie une patente de six cents francs, peut gagner cent mille francs par an ; un<br />

petit boutiquier dont les gains ne peuvent excéder deux mille écus, paie une patente qui ne<br />

peut être moindre de cent francs. Le revenu d’un propriétaire foncier, déjà frappé par la<br />

457 Un marchand qui vous vend un chapeau est obligé d’y coller un petit papier timbré.<br />

458 Et non parce qu’elles atteignent indirectement le contribuable ; car, si elles tiraient leur dénomination de<br />

cette dernière circonstance, il faudrait donner le même nom à des contributions très directes, comme, par<br />

exemple, à l’impôt des patentes, qui tombe en partie indirectement sur le consommateur des produits dont<br />

s’occupe le patenté.

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