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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Lorsqu’on établit, en guise d’impôt, des loteries, des maisons de jeu, ne favorise-t-on pas<br />

un vice fatal au repos des familles, fatal à la prospérité des états Quel affreux métier ne<br />

fait pas un gouvernement, lorsque, pareil à la plus vile courtisane, il excite un penchant<br />

honteux, et que, semblable aux escrocs qu’il punit de la flétrissure, il présente à l’avidité ou<br />

aux besoins l’appât d’une chance trompeuse 455 !<br />

Les impôts, au contraire, qui découragent et rendent plus rares les dépenses du vice et de<br />

la vanité, peuvent être utiles comme moyen de répression, indépendamment de la ressource<br />

qu’ils procurent au gouvernement. M De Humboldt parle d’un impôt mis sur les combats de<br />

coqs au Mexique : le gouvernement en retire 45000 piastres, et de plus l’avantage de mettre<br />

des bornes à un genre de divertissement blâmable.<br />

Quand l’impôt est excessif ou inique, il provoque des fraudes, de fausses déclarations,<br />

des mensonges. Les gens honnêtes sont mis dans l’alternative, ou de trahir la vérité, ou de<br />

sacrifier leurs intérêts en faveur des redevables qui n’ont pas les mêmes scrupules. Ils<br />

éprouvent le sentiment, toujours pénible, dont on ne peut se défendre en voyant attacher le<br />

nom, et même les punitions du crime, à des actions, je ne dis pas seulement innocentes par<br />

elles-mêmes, mais souvent très utiles au public.<br />

Telles sont les principales règles d’après lesquelles, lorsqu’on veut avoir égard à la<br />

prospérité publique, il convient de juger tous les impôts nés et à naître.<br />

Après ces observations, applicables à toutes les sortes de contributions, il peut être utile<br />

d’examiner les diverses manières dont elles sont assises, ou, en d’autres termes, à l’occasion<br />

de quoi la demande en est faite au contribuable, et sur quelles classes de contribuables<br />

retombe principalement leur fardeau.<br />

Chapitre X. Des différentes manières d’asseoir l’impôt, et sur<br />

quelles classes de contribuables portent les divers impôts.<br />

L’impôt se compose, ainsi qu’on l’a vu, de produits, ou plutôt de la valeur produite 456<br />

dont le gouvernement exige le sacrifice. Mais quels effets résultent de la nature des produits<br />

qui sont taxés, de la manière dont on en répartit le fardeau, et sur qui retombe la perte (qui<br />

résulte infailliblement pour quelqu’un) de la contribution acquittée Telles sont les<br />

tels professeurs nommés d’office, les élèves qui avaient le moins besoin de ces professeurs n’étaient-ils pas ceux<br />

qui recevaient déjà leur instruction dans des maisons consacrées à l’enseignement, et sous des professeurs de leur<br />

choix Si la société juge qu’il est de son intérêt d’offrir gratuitement une certaine instruction, elle ne peut, sans<br />

une absurde oppression, la faire entrer par force, et à grands frais, dans les têtes ; et si une classe particulière de<br />

la société doit payer les frais modérés de cette instruction, ce doit être celle qui, n’ayant point d’enfants, recueille<br />

les fruits de la civilisation sans en avoir les charges.<br />

455 Dans les jeux de hasard le public perd le profit des banquiers, en même temps que la rétribution que ceux-ci<br />

paient au gouvernement. C’est une partie de l’impôt qui ne tourne pas au profit du fisc. Les chances du hasard<br />

ont, en outre, cette fâcheuse influence, qu’elles habituent l’homme à attendre de la fortune ce qu’il devrait<br />

obtenir de ses talents et de son courage ; qu’elles l’accoutument à chercher ses gains dans les pertes faites par les<br />

autres, plutôt que dans les véritables sources de la richesse. Les récompenses d’un travail actif paraissent<br />

mesquines auprès des amorces d’un gros lot. Les loteries sont d’ailleurs un impôt qui, quoique volontaire, porte<br />

presque entièrement sur la classe nécessiteuse, à qui le besoin peut seul faire braver la défaveur d’un jeu inégal.<br />

C’est presque toujours le pain de la misère qu’on y hasarde. lorsque ce n’est pas le fruit du crime.<br />

456 Lorsqu’on demande à un propriétaire foncier sa contribution, on lui demande une portion de la valeur<br />

produite par sa terre, et non une portion des produits eux-mêmes. Lorsqu’on demande à un manufacturier l’impôt<br />

qu’on appelle sa patente, on lui demande de même, non des produits, mais une portion des valeurs produites par<br />

lui.

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