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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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proportionnellement à la somme disputée, et sans égard à la durée de l’instruction, ils<br />

seraient intéressés à simplifier, à abréger les procès, pour épargner leur temps et leurs<br />

peines, et à juger équitablement pour avoir de l’occupation.<br />

Une province, une commune, paraissent jouir seules des avantages que leur procurent<br />

leur administration locale et les établissements d’utilité, d’agrément, d’instruction et de<br />

bienfesance, qui sont à l’usage de cette portion de la société. Il convient donc que les<br />

dépenses de toutes ces choses soient à leur charge, et elles sont ainsi dans beaucoup de<br />

pays. Sans doute le pays tout entier, retire bien quelque avantage de l’administration d’une<br />

de ses provinces ; un étranger à une ville est à la vérité admis dans ses lieux publics, dans<br />

ses bibliothèques, dans ses coles, dans ses promenades, dans ses hôpitaux ; mais on ne peut<br />

nier que ce ne soient pourtant les gens du canton qui jouissent principalement de tous ces<br />

avantages.<br />

Il y a une très grande économie à laisser l’administration des recettes et des dépenses<br />

locales aux autorités locales, surtout dans les pays où les administrateurs sont à la<br />

nomination des administrés. Quand les dépenses se font sous les yeux des personnes aux<br />

frais de qui elles ont lieu, et pour leur avantage, il se perd moins d’argent ; les dépenses sont<br />

mieux appropriées aux besoins. Si vous traversz un bourg, une ville, mal pavs et<br />

malpropres, si vous voyez un canal mal entretenu, ou un port qui se comble, vous pouvez en<br />

conclure le plus souvent que l’autorité qui administre les fonds levés pour ces dépenses, ne<br />

réside pas sur les lieux et n’est pas choisie par les habitants.<br />

C’est un avantage des petites nations sur les grandes. Elles jouissent mieux et à moins de<br />

frais de toutes les choses d’utilité ou d’agrément public, parce qu’elles voient de plus près si<br />

les frais qu’elles font pour un objet, y sont fidèlement appliqués.<br />

Chapitre IX. De l’impôt et de ses effets en général.<br />

L’impôt est cette portion des produits d’une nation, qui passe des mains des particuliers<br />

aux mins du gouvernement pour subvenir aux consommations publiques.<br />

Quel que soit le nom qu’on lui donne, qu’on l’appelle contribution, taxe, droit, subside,<br />

ou bien don gratuit, c’est une charge imposée aux particuliers, ou à des réunions de<br />

particuliers, par le souverain, peuple ou prince, pour fournir aux consommations qu’il juge à<br />

propos de faire à leurs dépens : c’est donc un impôt.<br />

Il n’entre point dans le plan de cet ouvrage d’examiner à qui appartient le droit de voter<br />

l’impôt. Pour l’économie <strong>politique</strong>, l’impôt est une chose de fait, et non de droit 434 . Elle en<br />

étudie la nature ; elle cherche à découvrir d’où viennent les valeurs dont il se compose, et<br />

quels sont ses effets, relativement aux intérêts des particuliers et des nations. Voilà tout.<br />

L’impôt ne consiste pas dans la substance matérielle fournie par le contribuable et reçue<br />

par le collecteur, mais dans la valeur de cette substance. Qu’on le lève en argent, en<br />

434 Qu’importe, par exemple, que l’impôt soit voté par le peuple ou par ses représentants, s’il y a dans l’État un<br />

pouvoir dont les opérations l’ont rendu tellement nécessaire, que le peuple ne puisse faire autrement que de le<br />

voter Delolme, dans son livre sur la Constitution d’Angleterre, dit que c’est en vain que le roi voudrait faire la<br />

guerre, si le peuple ne veut pas voter l’impôt pour la soutenir. Ne peut-on pas dire, à plus juste titre, que c’est en<br />

vain que le peuple voudrait refuser l’impôt, si le roi l’a mis dans l’indispensable nécessité de le payer La vraie<br />

sauvegarde de la liberté anglaise est dans la liberté de la presse, qui est elle-même plutôt fondée sur les habitudes<br />

et l’opinion de la nation, que sur la protection des lois : un peuple est libre, parce qu’il vent l’être ; et le plus<br />

grand obstacle à la liberté publique, c’est de n’en pas sentir le besoin.

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