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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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et qui consentent à en remplir gratuitement les fonctions. Il est à craindre seulement que ces<br />

fonctions ne soient remplies avec négligence ; abus dont on se garantirait peut-être en<br />

attachant quelques récompenses honorifiques à des devoirs consciencieusement remplis. On<br />

peut aussi établir entre plusieurs administrations du même genre une sorte d’émulation.<br />

Pourquoi tous les hospices de Paris sont-ils sous la surveillance d’un seul conseil à<br />

Londres, il y a autant d’administrations que d’hospices ; aussi sont-ils gouvernés avec plus<br />

de diligence et d’économie. Il s’établit entre les différents hospices une louable émulation ;<br />

et voilà un exemple de plus, qui prouve la possibilité et l’avantage qu’on trouve à établir la<br />

concurrence dans les services publics.<br />

V. Des dépenses relatives aux édifices et constructions qui appartiennent au public.<br />

Mon intention n’est point ici de passer en revue toutes les constructions qui sont à<br />

l’usage du public, mais de donner les méthodes qui peuvent conduire à la juste appréciation<br />

de ce qu’elles coûtent. Quant à l’appréciation de l’avantage qu’elles rapportent, il est<br />

souvent impossible de la faire, même par approximation. Comment évaluer le service, c’està-dire<br />

l’agrément que les habitants d’une ville retirent d’une promenade publique C’est un<br />

avantage incontestable que celui de pouvoir trouver à portée des habitations resserrées des<br />

villes, un lieu où l’on puisse respirer plus librement, prendre quelque exercice, jouir de<br />

l’ombrage et de la verdure des arbres, laisser sans inquiétude la jeunesse s’ébattre dans ses<br />

nombreux instants de loisir ; mais un semblable avantage échappe à toute évaluation.<br />

Quant au sacrifice au prix duquel on l’achète, il peut être connu ou du moins évalué.<br />

La dépense annuelle de toute espèce de construction publique se compose :<br />

1° De la perte que fait le public du loyer du terrain où elle est assise ;<br />

2° De l’intérêt du capital qui a servi à l’établir ;<br />

3° Des frais annuels de l’entretien.<br />

Lorsque le terrain sur lequel est placé un établissement public n’est pas susceptible d’être<br />

vendu, ni loué, le public ne perd point la rente de la terre, puisque la terre n’en serait pas<br />

plus louée si la construction n’y était pas. Un pont, par exemple, ne coûte que l’intérêt du<br />

capital qui a été consacré à le construire, et les réparations annuelles auxquelles il donne<br />

lieu. Si l’on ne fait aucuns frais d’entretien, on consomme à la fois le service de ce capital<br />

représenté par l’intérêt de la somme, et peu à peu, le capital lui-même, puisque lorsque<br />

l’édifice sera hors d’usage, non seulement le service ou le loyer de ce capital sera perdu,<br />

mais ce capital lui-même le sera.<br />

Je suppose qu’une digue hollandaise ait coûté, de premier établissement, cent mille<br />

francs ; si l’intérêt que cette somme eût rapporté est de cinq pour cent, la digue coûte<br />

annuellement cinq mille francs ; et si elle oblige à trois mille francs d’entretien ; elle coûte<br />

annuellement huit mille francs.<br />

On peut appliquer ce calcul aux routes, aux canaux. Une route trop large fait perdre<br />

chaque année la rente de la terre superflue qu’on y a consacrée, et des frais d’entretien plus<br />

forts que ceux qui seraient nécessaires. Plusieurs des routes qui partent de Paris ont 180<br />

pieds de large, compris les bas côtés ; quand elles n’en auraient que 60, leur largeur<br />

excèderait encore tous les besoins et pourrait passer pour magnifique, même aux approches<br />

d’une grande capitale. Le surplus est un faste inutile. Je ne sais mêm si c’est un faste ; car<br />

une étroite chaussée au milieu d’une large avenue dont les côtés sont impraticables durant la<br />

majeure partie de l’année, semble accuser la mesquinerie non moins que le bon sens d’une<br />

nation. Il y a quelque chose de pénible, non seulement à voir un espace perdu, mais mal<br />

tenu ; il semble qu’on ait voulu avoir des routes superbes sans avoir les moyens de les

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