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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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pourra trouver gratuitement des maîtres et un enseignement pareils, fussent-ils plus<br />

médiocres. Le mieux sera sacrifié au pire ; et les efforts privés, sources de tant d’avantages<br />

en économie publique, seront étouffés.<br />

La seule étude importante qui ne me paraisse pas pouvoir être l’objet d’un enseignement<br />

public, est l’étude de la morale. La morale est ou expérimentale ou dogmatique. La<br />

première consiste dans la connaissance de la nature des choses morales et de la manière<br />

dont s’enchaînent les faits qui dépendent de la volonté de l’homme : elle fait partie de<br />

l’étude de l’homme. La meilleure école pour l’apprendre, c’est le monde. La morale<br />

dogmatique, celle qui se compose de préceptes, n’influe presqu’en rien sur la conduite des<br />

hommes. Leur bonne conduite dans leurs relations privées et publiques, ne saurait être le<br />

fruit que d’une bonne législation, d’une bonne éducation et d’un bon exemple 424 .<br />

Le seul et véritable encouragement à la vertu, est l’intérêt qu’ont tous les hommes de ne<br />

rechercher, de n’employer que ceux qui se conduisent bien. Les hommes les plus<br />

indépendans par leur position ont encore besoin, pour être heureux, de l’estime et de la<br />

considération qu’accordent les autres hommes ; il faut donc qu’ils paraissent estimables à<br />

leurs yeux, et le moyen le plus simple pour paraître tel, c’est de l’être. Le gouvernement<br />

exerce une grande influence sur les mœurs, parce qu’il emploie beaucoup de monde ; son<br />

influence est moins favorable que celle des particuliers, parce qu’il est moins intéressé<br />

qu’eux à n’employer que d’honnêtes gens, et quand, à cette tiédeur pour la bonne morale, se<br />

joint l’exemple qu’il donne quelquefois de la dépravation, du mépris de la probité et de<br />

l’économie, le gouvernement avance rapidement la corruption d’une nation<br />

peuple se régénère par des moyens contraires à ceux qui l’ont dépravé. La plupart des<br />

colonies ne sont pas composées, dans l’origine, des gens les plus estimables de chaque<br />

nation ; cependant, au bout d’un temps assez court, lorsque l’esprit de retour n’y règne pas,<br />

et que chacun prévoit qu’il sera obligé d’y terminer ses jours, il est forcé de mettre du prix à<br />

l’estime de ses concitoyens ; les mœurs y devinnent bonnes ; et par le mot de mœurs,<br />

j’entends toujours l’ensemble des habitudes.<br />

Telles sont les causes qui influent véritablement sur les mœurs. Il faut y joindre<br />

l’instruction, en général, qui nous éclaire sur nos vrais intérêts, et qui adoucit notre caractère<br />

moral. Quant aux exhortations et aux menaces de châtiments douteux et éloignés,<br />

l’expérience des siècles montre qu’elles y influent fort peu.<br />

L’enseignement religieux, rigoureusement parlant, ne devrait être payé que par les<br />

différentes sociétés religieuses ; car chacune de ces sociétés regarde comme des erreurs<br />

plusieurs des dogmes professés par toutes les autres, et trouve injustes les sacrifices qu’on<br />

lui impose pour propager ce qu’elle regarde comme des erreurs.<br />

IV. Des dépenses relatives aux établissements de bienfaisance.<br />

425<br />

. Mais un<br />

Beaucoup de personnes sont d’avis que le malheur seul donne des droits au secours de la<br />

société. Il semblerait plutôt que pour réclamer ces secours comme un droit, il faudrait que<br />

les malheureux prouvassent que leurs infortunes sont une suite nécessaire de l’ordre social<br />

424 J’en dirais volontiers autant de la logique. Qu’on n’enseigne rien qui ne soit conforme au bon sens et à la<br />

vérité, et la logique s’apprendra toute seule. jamais un maître ne fera bien raisonner un élève qui n’aurait pas de<br />

justes idées des choses ; et s’il en a de justes idées, il n’a pas besoin de maître pour bien raisonner. Quand on<br />

veut se former des idées justes de chaque chose, il faut l’examiner avec attention, chercher à n’y voir que ce qui<br />

s’y trouve et tout ce qui s’y trouve : c’est l’objet de chaque science, et non pas de la logique.<br />

425 Le mauvais exemple donné par un prince immoral ou stupide est très funeste, parce que le prince est un<br />

personnage fort en évidence, parce que son autorité appuie ses exemples, et que ses principes sont professés par<br />

ses courtisans, les courtisans de ses courtisans, etc.

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