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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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une base, serait utile au monde commerçant tout entier, s’il avait la sagesse de l’adopter. La<br />

première découverte importante qu’on fera dans l’astronomie ou la géologie, donnera peutêtre<br />

le moyen de connaître plus exactement et plus facilement les longitudes en mer, et cette<br />

facilité influera sur le commerce du globe. Une seule plante dont la botanique enrichira<br />

l’Europe, peut influer sur le sort de plusieurs millions de familles 419 .<br />

Parmi cette foule de connaissances, les unes de théorie, les autres d’application, dont la<br />

propagation et les progrès sont avantageux au public, il y en a heureusement beaucoup que<br />

les particuliers sont personnellement intéressés à acquérir, et dont la société peut se<br />

dispenser de payer l’enseignement. Un entrepreneur de travaux quelconques cherche<br />

avidement à connaître tout ce qui a rapport à son art ; l’apprentissage de l’ouvrier se<br />

compose de l’habitude manuelle, et en outre d’une foule de notions qu’on ne peut acquérir<br />

que dans les ateliers, et qui ne peuvent être récompensées que par un salaire.<br />

Mais tous les degrés de connaissances ne produisent pas pour l’individu un avantage<br />

proportionné à celui qu’en retire la société. En traitant des profits du savant, j’ai montré par<br />

quelle cause ses talents n’étaient point récompensés selon leur valeur 420 . Cependant les<br />

connaissances théoriques ne sont pas moins utiles à la société que les procédés d’exécution.<br />

Si l’on n’en conservait pas le dépôt, que deviendrait leur application aux besoins de<br />

l’homme Cette application ne serait bientôt plus qu’une routine aveugle qui dégénèrerait<br />

promptement ; les arts omberaient, la barbarie reparaîtrait.<br />

Les académies et les sociétés savantes, un petit nombre d’écoles très fortes, où non<br />

seulement on conserve le dépôt des connaissances et les bonnes méthodes d’enseignement,<br />

mais où l’on étende sans cesse le domaine des sciences, sont donc regardées comme une<br />

dépense bien entendue, en tout pays où l’on sait apprécier les avantages attachés au<br />

développement des facultés humaines. Mais il faut que ces académies et ces écoles soient<br />

tellement organisées, qu’elles n’arrêtent pas les progrès des lumières au lieu de les<br />

favoriser, qu’elles n’étouffent pas les bonnes méthodes d’enseignement au lieu de les<br />

répandre. Longtemps avant la révolution française, on s’était aperçu que la plupart des<br />

universités avaient cet inconvénient. Toutes les grandes découvertes ont été faites hors de<br />

leur sein ; et il en est peu auxquelles elles n’aient opposé le poids de leur influence sur la<br />

421<br />

jeunesse, et de leur crédit sur l’autorité .<br />

Cette expérience montre combien il est essentiel de ne leur attribuer aucune juridiction.<br />

Un candidat est-il appelé à faire des preuves ; il ne convient pas de consulter des<br />

professeurs qui sont juges et parties, qui doivent trouver bon tout ce qui sort de leur école,<br />

et mauvais tout ce qui n’en vient pas. Il faut constater le mérite du candidat, et non le lieu de<br />

ses études, ni le temps qu’il y a consacré ; car exiger qu’une certaine instruction, celle qui<br />

est relative à la médecine, par exemple, soit reçue dans un lieu désigné, c’est empêcher une<br />

instruction qui pourrait être meilleure, et prescrire un certain cours d’études, c’est prohiber<br />

toute autre marche plus expéditive. S’agit-il de juger le mérite d’un procédé quelconque, il<br />

faut de même se défier de l’esprit de corps.<br />

419 L’introduction de la pomme de terre en Europe a déjà exercé une fort grande influence sur nos populations.<br />

Si, comme on l’espère, on parvient à y naturaliser le lin de la Nouvelle-Zélande, qui donne des filaments plus<br />

longs, plus fins et beaucoup plus abondants que notre lin actuel, il n’est pas impossible que le linge fin ne<br />

devienne à aussi bon marché que notre toile la plus grossière ; ce qui influera sur la propreté et la santé de tous<br />

les ménages indigents.<br />

420 Livre II, chap. 7, § 2.<br />

421 Ce qui a été appelé université par Bonaparte n’a été qu’un moyen dispendieux pour les parents et vexatoire<br />

pour les instituteurs, d’attribuer à l’autorité publique le privilège exclusif d’endoctriner la jeunesse.

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