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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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confier une partie de ses fonctions à des hommes qui se disent ministres d’une autorité<br />

supérieure à la sienne, et qui reçoivent quelquefois les ordres d’un prince étranger 414 <br />

Malgré toutes les précautions qu’on peut prendre, le public ni le prince ne peuvent<br />

jamais être ni si bien servis, ni à si bon marché que les particuliers. Les agents de<br />

l’administration ne sauraient être surveillés par leurs supérieurs avec le même soin que les<br />

agents des particuliers, et les supérieurs eux-mêmes ne sont pas si directement intéressés à<br />

leur bonne conduite.<br />

Il est facile d’ailleurs aux inférieurs d’en imposer à un chef qui, obligé d’étendre au loin<br />

son inspection, ne peut donner à chaque objet qu’une fort petite dose d’attention ; à un chef<br />

souvent bien plus sensible aux prévenances qui flattent sa vanité, qu’aux soins dont le<br />

public seul profite ! Quant au prince et au peuple, qui sont les plus intéressés à la bonne<br />

administration, puisqu’elle affermit le pouvoir de l’un et le bonheur de l’autre, une<br />

surveillance efficace et soutenue leur est presque impossible à exercer. Il faut<br />

nécessairement qu’ils s’en rapportent à leurs agents dans le plus grand nombre des cas, et<br />

qu’ils soient trompés quand on est intéressé à les tromper ; ce qui arrive fréquemment.<br />

« Les services publics ne sont jamais mieux exécutés, dit Smith, que lorsque la<br />

récompense est une conséquence de l’exécution, et se proportionne à la manière dont le<br />

service a été exécuté. » il voudrait que les salaires des juges fussent payés à l’issue de<br />

chaque procès, et proportionnellement aux peines que la procédure aurait occasionnées aux<br />

différents magistrats. Les juges alors s’occuperaient de leur affaire, et les procès ne<br />

traîneraient pas en longueur. Il serait difficile d’étendre ce procédé à la plupart des actes de<br />

l’administration, et il ouvrirait peut-être la porte à d’autres abus non moins nuisibles ; mais<br />

il aurat un grand avantage, en ce que les agents de l’administration ne se multiplieraient pas<br />

au-delà de tous les besoins. Cela établirait dans les services rendus au public, cette<br />

concurrence si favorable aux particuliers dans les services qu’ils réclament.<br />

Non seulement le temps et les travaux des administrateurs sont parmi les plus chèrement<br />

payés, non seulement il y en a une grande partie gaspillée par leur faute, sans qu’il soit<br />

possible de l’éviter, mais il y en a souvent beaucoup de perdus par une suite des usages du<br />

pays et de l’étiquette des cours. Qui pourrait calculer ce que, durant plus d’un siècle, il a été<br />

perdu, sur la route de Paris à Versailles, d’heures chèrement payées par le public <br />

Les longues cérémonies qui s’observent dans les cours de l’orient, prennent de même<br />

aux principaux fonctionnaires de l’état un temps considérable. Quand le prince a consacré<br />

aux pratiques religieuses, aux cérémonies d’usage, et à ses plaisirs, le temps qu’ils<br />

réclament, il ne lui en reste pas beaucoup pour s’occuper de ses affaires ; aussi vont-elles<br />

fort mal. Le roi de Prusse Frédéric Ii, au contraire, en distribuant bien son temps et en le<br />

remplissant bien, avait trouvé le moyen de faire beaucoup par lui-même. Il a plus vécu que<br />

d’autres, morts plus âgés, et il a élevé son pays au rang d’une puissance du premier ordre.<br />

Sans doute ses autres qualités étaient nécessaires pour cela ; mais ses autres qualités<br />

n’auraient pas suffi sans un bon emploi de son temps.<br />

II. Des dépenses relatives à l’armée.<br />

Lorsque le commerce, les manufactures et les arts se sont répandus chez un peuple, et<br />

que les produits généraux se sont par conséquent multipliés, chaque citoyen ne peut, sans de<br />

graves inconvénients, être arraché aux emplois productifs devenus nécessaires à l’existence<br />

414 A plusieurs époques du siècle dernier, malgré le gouvernement, les prêtres molinistes refusèrent les<br />

fonctions de leur ministère aux jansénistes, sous prétexte qu’il valait mieux obéir à Dieu, qui s’exprimait par<br />

l’organe du pape, qu’au roi.

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