15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

hôpitaux, les prisons, et en général toutes les personnes à l’entretien desquelles l’état<br />

pourvoit directement. Les feux d’artifice tirés publiquement dans les solennités, sont des<br />

produits matériels consommés pour l’amusement du peuple. Mais de toutes les dépenses<br />

publiques, les plus considérables sont celles qu’entraînent les services rendus, ou censés<br />

rendus, par les hommes ou par les choses, et qui ont été caractérisés, dans le premier livre<br />

de cet ouvrage, sous le nom de produits immatériels.<br />

Les services personnels sont ceux de tous les fonctionnaires publics civils, judiciaires,<br />

militaires, religieux. Le public, en payant une liste civile, des traitements, des salaires,<br />

achète des services personnels qui sont consommés dans son intérêt, et pour satisfaire un<br />

des besoins de la société. Je dis que ces services sont consommés ; car, après qu’ils ont été<br />

rendus, il est impossible de les consommer de nouveau. Le juge qui a assisté à l’audience<br />

d’hier, peut assister à une audience aujourd’hui ; mais c’est une nouvelle vacation, qu’il faut<br />

payer sur nouveaux frais. Il faut considérer les talents d’un fonctionnaire public comme un<br />

fonds dont il vend au public les produits pendant un espace de temps déterminé ; le public<br />

consomme ces services pour son avantage, et le fonctionnaire consomme de son côté pour<br />

son entretien et celui de sa famille, les produits qu’il a reçus du public sous le nom de<br />

traitement.<br />

Les biens communaux, les jardins publics, les grandes routes, et même les rivières et les<br />

mers, sont des fonds de terre productifs d’utilité ou d’agrément, dont le public consomme la<br />

rente. Lorsqu’il s’y trouve des valeurs capitales ajoutées, comme des édifices, des ponts, des<br />

ports, des chaussées, des digues, des canaux, alors le public consomme, outre le service ou<br />

la rente du fonds, le service ou l’intérêt d’un capital. De ces fonds, les uns sont un don<br />

gratuit de la nature, les autres sont le fruit d’accumulations que des gouvernements sages<br />

ont réservées sur les contributions annuelles des nations.<br />

Quelquefois le public possède des établissements industriels productifs de produits<br />

matériels, comme en France la manufacture de porcelaine de Sèvres, celle de tapisseries des<br />

Gobelins, les salines de la Lorraine et du Jura, etc. Lorsque ces établissements rapportent<br />

plus qu’ils ne coûtent, ce qui est fort rare, alors ils fournissent une partie des revenus de la<br />

société, loin de devoir passer pour être une de ses charges.<br />

I. Des dépenses relatives à l’administration civile et judiciaire.<br />

Les frais d’administration civile ou judiciaire consistent, soit dans le traitement des<br />

magistrats, soit dans la dépense de représentation qu’on suppose nécessaire pour<br />

l’accomplissement de leurs fonctions. Quand même la représentation, ou une partie de la<br />

représentation, est payée par le magistrat, elle n’en retombe pas moins à la charge du public,<br />

puisqu’il faut bien que dans ce cas le traitement du magistrat soit proportionné à la<br />

somptuosité qu’on exige de lui. Ceci s’applique à tous les fonctionnaires publics, depuis le<br />

prince jusqu’à l’huissier. Un peuple qui ne sait respecter son prince que lorsqu’il est entouré<br />

de faste, de dorures, de gardes, de chevaux, de tout ce qu’il y a de plus dispendieux, paie en<br />

conséquence. Il économise au contraire, quand il accorde son respect à la simplicité plutôt<br />

qu’à l’étalage, et quand il obéit aux lois sans appareil. C’est ce qui rendait singulièrement<br />

médiocres les frais du gouvernement dans plusieurs cantons suisses avant la révolution, et<br />

dans l’Amérique septentrionale même avant son indépendance. Quoiqu’elles fussent sous la<br />

domination de l’Angleterre, on sait que les colonies de l’Amérique septentrionale avaient<br />

leur gouvernement à elles, dont elles supportaient les frais ; or, toutes les dépenses du<br />

gouvernement de ces provinces ne montaient, par année, qu’à la somme de 64700 liv sterl

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!