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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Il est facile d’appliquer le même raisonnement à tous les genres de consommations<br />

publiques. Quand l’argent du contribuable sert à acquitter le traitement d’un homme en<br />

place, ce fonctionnaire vend son temps, son talent et ses peines, qui sont consommés pour le<br />

service du public ; et il consomme à son tour, à la place du contribuable, la valeur qu’il a<br />

reçue en échange de ses services, comme aurait pu le faire un commis, un salarié<br />

quelconque, employé pour soigner les intérêts privés du contribuable.<br />

On a cru, dans presque tous les temps, que les valeurs payées par la société pour les<br />

services publics, lui revenaient sous d’autres formes, et l’on s’est imaginé le prouver<br />

lorsqu’on a dit : ce que le gouvernement ou ses agents reçoivent, ils le restituent en le<br />

dépensant. C’est une erreur, et une erreur dont les suites ont été déplorables, en ce qu’elles<br />

ont entraîné d’énormes dilapidations commises sans remords. La valeur fournie par le<br />

contribuable est livrée gratuitement ; le gouvernement s’en sert pour acheter un travail, des<br />

objets de consommation, des produits, en un mot, qui ont une valeur équivalente, et qu’on<br />

lui livre. Un achat n’est pas une restitution 397 .<br />

De quelque manière qu’on présente cette opération, quelque compliquée qu’elle soit bien<br />

souvent dans l’exécution, elle se réduira toujours par l’analyse à ce qui vient d’être dit.<br />

Toujours un produit consommé est une valeur perdue, quel que soit le consommateur ; et<br />

elle est perdue sans compensation par celui qui ne reçoit rien en retour ; mais ici il faut<br />

regarder comme un retour l’avantage que le contribuable retire du service de l’homme<br />

public, ou de la consommation qui se fait pour l’utilité générale.<br />

Si les dépenses publiques affectent la somme des richesses précisément de la même<br />

manière que les dépenses privées, les mêmes principes d’économie doivent présider aux<br />

unes et aux autres. Il n’y a pas plus deux sortes d’économie, qu’il n’y a deux sortes de<br />

probité, deux sortes de morale. Si un gouvernement comme un particulier font des<br />

consommations desquelles il doive résulter une production de valeur supérieure à la valeur<br />

consommée, ils exercent une industrie productive ; si la valeur consommée n’laissé aucun<br />

produit, c’est une valeur perdue pour l’un comme pour l’autre ; mais qui, en se dissipant, a<br />

fort bien pu rendre le service qu’on en attendait. Les munitions de guerre et de bouche, le<br />

temps et les travaux des fonctionnaires civils et militaires qui ont servi à la défense de l’état,<br />

n’existent plus, quoiqu’ayant été parfaitement bien employés ; il en est de ces choses<br />

comme des denrées et des services qu’une famille a consommés pour son usage. Cet emploi<br />

n’a présenté aucun avantage autre que la satisfaction d’un besoin ; mais si le besoin était<br />

réel, s’il a été satisfait aux meilleures conditions possibles, cette compensation suffit pour<br />

balancer, souvent même avec beaucoup d’avantage, le sacrifice qu’elle a coûté. Si le besoin<br />

n’existait pas, la consommation, la dépense, n’ont plus été qu’un mal sans compensation. Il<br />

en est de même des consommations de l’État Consommer pour consommer ! Dépenser par<br />

système ! Réclamer un service pour l’avantage de lui accorder un salaire ! Anéantir une<br />

chose pour avoir occasion de la payer ! Est une extravagance de la part d’un gouvernement<br />

comme de la part d’un particulier ! Et n’est pas plus excusable chez celui qui gouverne<br />

l’État ! Que chez le chef de toute autre entreprise. Un gouvernement dissipateur est même<br />

bien plus coupable qu’un particulier : celui-ci consomme des produits qui lui appartiennent,<br />

397 Robert Hamilton, dans son excellent écrit sur la Dette nationale d’Angleterre, fait sentir le ridicule de<br />

l’assertion que je combats, en la comparant à celle d’un voleur qui, après avoir dérobé la caisse d’un négociant,<br />

lui dirait : je vais employer tout cet argent à vous acheter des denrées de votre commerce. De quoi vous<br />

plaignez-vous N’aurez-vous pas tout votre argent et de plus, n’est-ce pas un encouragement pour votre<br />

industrie L’encouragement que donne le gouvernement en dépensant l’argent des contributions, est exactement<br />

le même que celui-là.

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