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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Dispensé par les considérations qui sont la matière du premier livre, de m’étendre<br />

davantage sur les consommations reproductives ; je dirigeai, dans ce qui va suivre,<br />

l’attention du lecteur sur les consommations improductives seulement, sur leurs motifs et<br />

leurs résultats ; et je préviens que dorénavant le mot consommations, seul, devra s’entendre,<br />

comme dans l’usage commun, uniquement des consommations improductives.<br />

Chapitre IV. Des effets de la consommation improductive en<br />

général.<br />

Nous venons de considérer la nature et les effets des consommations, quelles qu’elles<br />

soient, et les effets généraux des consommations reproductives en particulier. Il ne sera plus<br />

question dans ce chapitre et dans les suivans, que des consommations dont le but est la<br />

satisfaction d’un besoin, une jouissance, et qu’on nomme improductives ou stériles.<br />

C’est par des consommations improductives que l’homme satisfait ses plus nobles désirs,<br />

de même que ses goûts les plus vulgaires. Par elles il étend ses connaissances, ses facultés<br />

intellectuelles ; il élève ses enfants, adoucit l’existence de sa famille, se rend utile à ses<br />

amis, à sa patrie, à l’humanité. Son perfectionnement moral aussi bien que son bonheur,<br />

dépendent en grande partie de ses consommations improductives ; mais elles n’ajoutent rien<br />

aux richesses de la société, comme on l’a répété trop souvent. Si les institutions, les<br />

circonstances qui font naître des besoins louables, sont favorables aux nations, celles qui<br />

excitent à consommer pour détruire des produits et pour donner lieu à les remplacer, ne le<br />

sont pas 386 . Les moyens de production ont des bornes ; les épuiser par système, sans autre<br />

but que de les épuiser, est une puérilité : c’est prodiguer sans but des moyens de bonheur.<br />

Si l’on conseillait aux gens, non de faire tort aux consommations favorables à leur bienêtre<br />

et à celui de la société, mais seulement d’augmenter la masse de leurs consommations,<br />

ce serait leur conseiller d’avoir plus de revenus, de devenir plus riches ; conseil assez futile,<br />

si on ne leur indique pas en même temps les moyens de devenir plus riches. Et si vous leur<br />

indiquez ces moyens, si vous leur dites : développez votre intelligence ; soyez plus<br />

industrieux ; mettez en valeur vos terres et vos capitaux ; multipliez ces capitaux par des<br />

accumulations graduelles, vous leur dites : produisez ; mot qui, à lui seul, signifie tout le<br />

reste. En effet, la consommation suit infailliblement une production véritable ; car produire,<br />

c’est donner de la valeur ; cette valeur ne peut naître dans une chose que de l’envie qu’elle<br />

excite chez des consommateurs quelconques, et ceux-ci ne l’achètent que pour la<br />

consommer. Toutes les fois qu’un fait n’arrive pas de cette manière, il n’est qu’un accident<br />

dont le producteur ou le consommateur sont la victime, et qu’on évite autant qu’on peut.<br />

Si l’encouragement que l’on croirait devoir donner à la consommation stérile allait<br />

jusqu’à porter atteinte à des capitaux, ce ne serait plus seulement une consommation que<br />

l’on provoquerait aux dépens d’une autre ; ce serait la suppression de toutes les<br />

consommations successives qui se seraient renouvelées chaque fois que la portion dissipée<br />

entreprise n’absorbe pas plus de valeurs qu’elle n’en produit ; il peut, dans cette ignorance, travailler à sa ruine et<br />

à celle de ses créanciers. Indépendamment des inventaires, un entrepreneur prudent compare d’avance les<br />

valeurs qu’absorberont ses opérations et la valeur probable de ses produits ; ce sont des espèces de devis qui font<br />

présumer les résultats, mais ne les assurent pas.<br />

386 S’il m’était permis d’exprimer la même idée par une locution populaire, je dirais : Portez des souliers, parce<br />

que l’usage d’une chaussure est une consommation salutaire ; mais n’usez pas des souliers pour faire gagner les<br />

cordonniers.

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