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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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consommation reproductive, non seulement il ne résulte aucune jouissance immédiate<br />

deecette consommation, mais elle exige l’emploi d’un travail éclairé qui, dans tout le cours<br />

de cet ouvrage, a été nommé industrie.<br />

Quand celui qui possède la valeur à consommer est dépourvu d’industrie, s’il ne sait<br />

comment s’y prendre pour consommer reproductivement cette valeur, et si pourtant il veut<br />

qu’elle soit consommée ainsi, il la prête à une personne plus industrieuse : celle-ci la<br />

détruit ; mais comme elle en reproduit une autre en même temps, elle est en état de la<br />

rendre, même après avoir retenu les profits de son travail et de ses talents. Un capital qu’on<br />

rend, après l’avoir emprunté, n’est pas, comme on voit, composé des mêmes matières qu’on<br />

a reçues. La condition imposée par le prêteur équivaut à ceci : je vous prête des valeurs qui<br />

sont égales à la valeur actuelle de deux mille pièces de cinq francs, ou de dix mille francs :<br />

vous me rendrez à telle époque une somme de valeurs égales à la valeur qu’auront alors dix<br />

mille francs. Un dépôt qu’on serait obligé de rendre en nature, ne devant pas être<br />

consommé, ne pourrait servir à la reproduction.<br />

Quelquefois on consomme les produits qu’on a soi-même créés ; ainsi font le cultivateur<br />

qui mange de ses fruits ou des animaux de sa baase-cour, le manufacturier qui se revêt de<br />

ses étoffes ; mais comme les objets de notre consommation sont bien nombreux et bien<br />

variés en comparaison de ceux que nous produisons, la plupart des consommations n’ont<br />

lieu qu’à la suite d’un achat. Après que nous avons échangé contre de l’argent, ou reçu sous<br />

forme de monnaie, les valeurs qui composent notre revenu, nous échangeons de nouveau<br />

ces valeurs contre les objets que nous nous proposons de consommer. C’est ce qui fait que,<br />

pour le vulgaire, dépenser et consommer signifient la même chose. Ce n’est pourtant pas en<br />

achetant qu’on perd la valeur qu’on possède ; car après avoir acheté une chose, elle a encore<br />

sa valeur, et l’on peut, si elle n’a pas été surpayée, la revendre comme on l’a achetée ; mais<br />

c’est en la consommant que la perte s’opère, puisqu’une valeur détruite n’existe plus, et ne<br />

peut plus ni se vendre, ni se consommer une seconde fois. C’est la raison pour laquelle,<br />

dans l’économie domestique, une mauvaise ménagère détruit bien vite les fortunes bornées.<br />

C’est la femme, et non le mari, qui décide ordinairement des consommations de tous les<br />

jours, de celles qui se répètent sous une multitude de formes.<br />

On voit d’ici la grande erreur où tombent ceux qui croient que ce qui n’entraîne point de<br />

perte de numéraire, n’entraîne point de perte de richesses. Rien n’est plus commun que<br />

d’entendre dire : l’argent qui se dépense n’est pas perdu : il reste dans le pays ; donc le<br />

pays n’est pas plus pauvre par les dépenses qu’on y fait. Le pays, en effet, n’a rien perdu de<br />

la valeur de l’argent qui s’y trouvait ; mais la chose achetée avec une somme d’argent ; cent<br />

choses achetées successivement avec la même somme, ont été cnsommées, et leur valeur<br />

détruite.<br />

Il est donc bien superflu, j’ai presque dit puéril, de vouloir, pour conserver les richesses<br />

d’un pays, retenir son numéraire. Ce numéraire n’empêche aucune consommation de<br />

valeurs, ni par conséquent aucune perte de richesse. Il sert au contraire à faire cheminer plus<br />

commodément, jusqu’aux mains de leurs consommateurs, les produits voués à la<br />

consommation ; ce qui est un bien, quand c’est pour faciliter une consommation bien<br />

entendue, c’est-à-dire, dont les résultats sont bons.<br />

On pourrait croire seulement que si le numéraire qui circule dans un pays ne préserve ce<br />

pays d’aucune consommation, ni par conséquent d’aucune perte de richesse, celui qu’on<br />

exporte occasionne du moins une perte au pays. Nullement : l’exportation des espèces,<br />

travailler au bien public sans alarmer les intérêts particuliers ; mais ces talents tiennent à une qualité morale, à<br />

l’esprit de conduite, dont les résultats, purement moraux, ne peuvent être déduits que d’une autre science, la<br />

morale expérimentale.

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