15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Les peuples civilisés, riches et industrieux, consomment beaucoup plus que les autres,<br />

parce qu’ils produisent incomparablement davantage. Ils recommencent tous les ans, et,<br />

dans bien des cas, plus d’une fois par an, la consommation de leurs capitaux productifs, qui<br />

renaissent perpétuellement ; et ils consomment improductivement la majeure partie de leurs<br />

revenus, soit industriels, soit capitaux, soit fonciers.<br />

On propose pour modèles dans certains livres les nations qui ont peu de besoins : il vaut<br />

mieux avoir beaucoup de besoins et savoir les satisfaire. C’est ainsi non seulement que se<br />

multiplient les individus, mais que l’existence de chaque individu est plus complète.<br />

Steuart 380 vante les lacédémoniens parce qu’ils savaient se priver de tout, ne sachant rien<br />

produire. C’est une perfection qui est partagée par les peuples les plus grossiers et les plus<br />

sauvages ; ils sont peu nombreux et mal pourvus. En poussant ce système jusqu’à ses<br />

dernières conséquences, on arriverait à trouver que le comble de la perfection serait de ne<br />

rien produire et de n’avoir aucun besoin, c’est-à-dire, de ne pas exister du tout.<br />

Chapitre II. Des effets généraux de la consommation.<br />

L’effet le plus immédiat de toute espèce de consommation est la perte de valeur, et par<br />

conséquent de richesse, qui en résulte pour le possesseur du produit consommé. Cet effet est<br />

constant, inévitable, et jamais on ne doit le perdre de vue toutes les fois qu’on raisonne sur<br />

cette matière. Un produit consommé est une valeur perdue pour tout le monde et pour<br />

toujours ; mais cette perte est accompagnée d’une compensation : de même que la<br />

production est un échange que l’on fait des frais de production contre un produit, la<br />

consommation est l’échange que l’on fait d’un produit contre une jouissance.<br />

Cette jouissance est de deux sortes : elle consiste, soit dans la satisfaction immédiate<br />

d’un besoin : c’est celle que procure la consommation improductive ; soit dans la<br />

reproduction d’un autre produit que l’on peut regarder comme une satisfaction différée :<br />

c’est la consommation reproductive 381 .<br />

On peut remarquer ici que la consommation improductive, celle qui n’a d’autre résultat<br />

que de procurer une jouissance, n’exige aucune habileté. Sans talent, sans peine, sans<br />

382<br />

travail, on peut manger de bons morceaux, ou se parer d’un bel habit ; tandis que dans la<br />

francs de revenus industriels par année. Les bailleurs de fonds ou capitalistes, au denier vingt, n’en retirent que<br />

30 000 francs.<br />

Les métayers, qui sont les plus misérables des fermiers, en y comprenant les ouvriers qu’ils emploient, retirent<br />

un revenu industriel égal au revenu foncier et au revenu capital du propriétaire, qui leur fournit le fonds et les<br />

avances.<br />

380 Livre II, chap. 14.<br />

381 Le mécanisme de la consommation est assez bien représenté par la combustion qui s’opère dans nos<br />

cheminées et dans nos fourneaux. Le bois qui brûle sert, en brûlant, soit à nous chauffer, soit à préparer des<br />

aliments, des teintures, et à leur donner de la valeur. Sa combustion n’a rien d’utile et de bon en soi, autrement il<br />

serait avantageux de brûler du bois qui ne chaufferait personne, qui n’opérerait aucune cuisson ; sa combustion<br />

n’est utile qu’autant qu’elle satisfait au besoin que quelqu’un a de se chauffer (c’est l’image de la consommation<br />

improductive), ou bien autant qu’elle donne aux substances qu’elle cuit une valeur qui puisse remplacer la valeur<br />

du combustible brûlé (c’est l’image de la consommation reproductive).<br />

Un combustible qu’on brûle pour chauffer, et qui ne chauffe pas, ou qui chauffe mal, ou bien qu’on brûle pour<br />

donner une valeur nouvelle à Une dentée, et qui ne la donne pas, ou qui donne une valeur inférieure à la valeur<br />

consumée, présente l’image d’un échange dans lequel on a donné un objet pour ne rien recevoir en retour. Tel est<br />

l’effet de toutes les consommations qui ont eu lieu en pure perte.<br />

382 Je sais qu’un homme a besoin dune sorte d’habileté pour se faire honneur d’une grande fortune, pour<br />

dépenser en faveur de lui-même sans blesser l’amour-propre des autres, pour obliger sans humilier, pour

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!