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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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manufacture aura produit ; et l’on dit qu’elle produit annuellement pour cent mille francs de<br />

savon, quoique cette valeur n’ait eu lieu que par la destruction de beaucoup de valeurs qui<br />

en réduiraient bien le produit, si l’on voulait les déduire. La consommation et la production<br />

annuelles d’une nation ou d’un particulier sont donc leur consommation et leur production<br />

brutes 378 .<br />

Par une conséquence naturelle, il faut comprendre dans les productions annuelles d’une<br />

nation, toutes les marchandises qu’elle importe, et dans sa consommation annuelle toutes<br />

celles qu’elle exporte. Le commerce de la France consomme toute la valeur des soieries<br />

qu’il envoie aux états-Unis ; il produit toute la valeur des cotons qu’il en reçoit en retour ;<br />

de même que les manufactures françaises ont consommé la valeur de la soude envoyée,<br />

pour ainsi dire, dans la chaudière du savonnier, et qu’elles ont produit la valeur du savon<br />

qui en a été retiré.<br />

Quoique le capital soit consommé reproductivement dans les opérations de l’industrie, la<br />

somme des consommations annuelles est tout autre chose que la somme des capitaux d’une<br />

nation ou d’un particulier. Un capital ou une portion d’un capital peuvent être consommés<br />

plusieurs fois dans la même année. Un cordonnier achète du cuir, le taille en souliers, et<br />

vend ses souliers ; voilà une portion de capital consommée et rétablie. En réitérant cette<br />

opération plusieurs fois dans l’année, il consomme autant de fois cette portion de son<br />

capital ; si elle s’élève à deux cents francs, et qu’il renouvelle le même achat douze fois<br />

dans l’année, ce capital de deux cents francs aura donné lieu à une consommation annuelle<br />

de 2400 francs. D’un autre côté, il y a tele autre partie de son capital, comme ses outils, qui<br />

n’est entièrement consommée qu’au bout de plusieurs années. Sa consommation n’emporte<br />

annuellement qu’un quart, peut-être un dixième de cette portion de son capital.<br />

Les besoins des consommateurs déterminent en tout pays les créations des producteurs.<br />

Le produit dont le besoin se fait le plus sentir est le plus demandé ; le plus demandé fournit<br />

à l’industrie, aux capitaux et aux terres d plus gros profits, qui déterminent l’emploi de ces<br />

moyens de production vers la création de ce produit. De même, lorsqu’un produit est moins<br />

demandé, il y a moins d’avantage à le faire ; il ne se fait pas. Ce qui se trouve fait, baisse de<br />

prix ; le bas prix où le produit tombe, en favorise l’emploi, et tout se consomme.<br />

On peut, si l’on veut, séparer la consommation totale d’un peuple, en consommations<br />

publiques et en consommations privées. Les premières sont celles qui sont faites par le<br />

public ou pour son service ; les secondes sont celles qui sont faites par les particuliers ou<br />

par les familles. Les unes et les autres peuvent être ou reproductives ou improductives.<br />

Dans une société quelconque, tout le monde est consommateur, puisqu’il n’est personne<br />

qui puisse subsister sans satisfaire des besoins, quelque bornés qu’on les suppose ; et<br />

comme d’un autre côté tous les membres de la société, lorsqu’ils ne reçoivent pas<br />

gratuitement ce qui les fait vivre, concourent à la production, soit par leur industrie, soit par<br />

leurs capitaux, soit par leurs terres, on peut dire qu’en tout pays les consommateurs sont les<br />

producteurs eux-mêmes ; et les classes où s’opèrent les plus grandes consommations, sont<br />

les classes mitoyennes et indigentes, où la multitude des individus fait plus que balancer la<br />

modicité de leurs consommations 379 .<br />

378 Voyez plus haut (liv. II, ch. 3) la distinction du produit brut et du produit net.<br />

379 Il est probable que les revenus industriels, dans tout pays passablement industrieux, excèdent les revenus<br />

capitaux et les revenus fonciers mis ensemble, et que, par conséquent, les consommations de ceux qui n’ont que<br />

des profits industriels, c’est-à-dire leurs bras et leurs talents pour vivre, surpassent celles des capitalistes et des<br />

propriétaires fonciers réunis. Il n’est pas rare de voir une manufacture qui, avec un capital de 600 000 francs,<br />

paie pour des salaires 300 francs par jour ouvrable, ou 90000 francs par an ; à quoi on peut, par évaluation,<br />

ajouter 20 000 francs de profits nets pour ses entrepreneurs ; ce qui donne, pour cette manufacture, 110 000

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