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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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améliorations ajoutées à un terrain, quoiqu’elles excèdent quelquefois la valeur du terrain,<br />

puisque ces améliorations sont les produits de l’industrie ; mais le terrain ne saurait se<br />

consommer.<br />

Il en est de même d’un talent industriel. Je peux consommer une journée d’ouvrier, mais<br />

non le talent de l’ouvrier. Les facultés industrielles sont néanmoins détruites par la mort de<br />

celui qui les possède.<br />

Tout ce qui est produit est tôt ou tard consommé. Les produits n’ont même été produits<br />

que pour être consommés ; et lorsqu’un produit est parvenu au point de pouvoir subir sa<br />

destinée, et que sa consommation se diffère, c’est une valeur qui chôme ; or, comme toute<br />

valeur peut être employée à la reproduction et rapporter un profit à son possesseur, tout<br />

produit qui ne se consomme pas, occasionne une perte égale au profit, ou, si l’on veut, à<br />

l’intérêt que rapporterait sa valeur, utilement employée 377 .<br />

Tous les produits étant voués à la consommation, et mêm à la plus prompte<br />

consommation, comment, dira-t-on, se font les accumulations de capitaux, qui ne sont que<br />

des accumulations de valeurs produites Le voici :<br />

Pour qu’une valeur s’accumule, il n’est pas nécessaire qu’elle réside dans le même<br />

produit ; il suffit qu’elle se perpétue. Or, les valeurs capitales se perpétuent par la<br />

reproduction : les produits qui composent un capital se consomment aussi bien que tout<br />

autre ; mais leur valeur, en même temps qu’elle est détruite par la consommation, se<br />

reproduit dans d’autres matières ou dans la même. Quand je nourris un atelier d’ouvriers, il<br />

s’y fait une consommation d’aliments, de vêtements, de matières premières ; mais pendant<br />

cette consommation il se fixe une nouvelle valeur dans les produits qui vont sortir de leurs<br />

mains. Les produits qui formaient mon capital ont bien été consommés ; mais le capital, la<br />

valeur accumulée, ne l’est pas ; elle reparaît sous d’autres formes, prête à être consommée<br />

de nouveau ; que si elle est consommée improductivement, elle ne reparaît plus.<br />

La consommation annuelle d’un particulier est la somme de toutes les valeurs<br />

consommées par ce particulier dans le courant d’une année. La consommation annuelle<br />

d’une nation est la somme totale des valeurs consommées dans l’année par tous les<br />

individus et les corps dont cette nation se compose.<br />

Dans la consommation annuelle d’un particulier ou d’une nation, doivent être comprises<br />

les consommations de tout genre, quels qu’en soient le but et le résultat, celles d’où il doit<br />

sortir une nouvelle valeur, et celles d’où il n’en doit point sortir ; de même qu’on comprend<br />

dans la production annuelle d’une nation la valeur totale de ses produits créés dans l’année.<br />

Ainsi l’on dit d’une manufacture de savon qu’elle consomme en soude une valeur de vingt<br />

mille francs par an, quoique la valeur de cette soude doive reparaître dans le savon que la<br />

377 Les valeurs qui, tôt ou tard, ne se consomment pas utilement sont peu importantes ; de ce nombre sont les<br />

provisions qui se gâtent, les produits détruits par accident, et ceux qui cessent d’être en usage, et dont la valeur se<br />

dissipe sans avoir été employée, parce que le besoin qui fondait leur valeur a cessé. Les valeurs enfouies ou<br />

cachées ne sont ordinairement soustraites à la consommation que pour un temps ; elles se retrouvent, et celui qui<br />

les trouve est toujours intéressé à en tirer parti : pour cela, il faut les consommer. Il n’y a, dans ce cas, de perdu<br />

que le profit qu’elles auraient pu rendre durant l’espace de temps perdu, profit dont l’intérêt de la somme donne<br />

la mesure.<br />

On en peut dire autant des petites valeurs mises successivement en réserve jusqu’à ce qu’elles montent assez<br />

pour faire un placement. La multiplicité des épargnes rend considérables les capitaux oisifs de cette manière. On<br />

évite une partie des pertes, qui résultent de cette oisiveté, par des droits de mutation très modérés, des facilités<br />

pour toute espèce de circulation, des caisses de placements dignes de toute confiance, et d’où chacun puisse<br />

retirer ses capitaux en tout temps, etc. Dans les troubles publics et sous des gouvernements arbitraires, beaucoup<br />

de gens préfèrent garder des valeurs mortes, qui ne leur rapportent ni jouissances ni profits, au danger de les<br />

mettre en évidence. Une bonne administration éloigne tout à fait un pareil inconvénient.

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