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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Livre troisième. De la consommation des richesses<br />

Chapitre I. Des différentes sortes de consommations.<br />

J’ai souvent été forcé de toucher, par anticipation, dans le cours de cet ouvrage, des idées<br />

dont le développement devait, suivant l’ordre natuel, se présenter plus tard. La production<br />

ne pouvait s’opérer sans consommation, j’ai dû, dès le premier livre, dire le sens qu’il fallait<br />

attacher au mot consommer.<br />

Le lecteur a dû comprendre, Dès lors, que, de même que la production n’est pas une<br />

création de matière, mais une création d’utilité, la consommation n’est pas une destruction<br />

de matière, mais une destruction d’utilité. L’utilité d’une chose une fois détruite, le premier<br />

fondement de sa valeur, ce qui la fait rechercher, ce qui en établit la demande, est détruit.<br />

Dès lors elle ne renferme plus de valeur ; ce n’est plus une portion de richesse.<br />

Ainsi, consommer, détruire l’utilité des choses, anéantir leur valeur, sont des<br />

expressions dont le sens est absolument le même, et correspond à celui des mots, produire,<br />

donner de l’utilité, créer de la valeur, dont la signification est également pareille.<br />

Toute consommation, étant une destruction de valeur, ne se mesure pas selon le volume,<br />

le nombre ou le poids des produits consommés, mais selon leur valeur. Une grande<br />

consommation est celle qui détruit une grande valeur, sous quelque forme que cette valeur<br />

se manifeste.<br />

Tout produit est susceptible d’être consommé ; car si une valeur a pu être ajoutée à une<br />

chose, elle peut en être retranchée. Elle y a été ajoutée par l’industrie ; elle en est retranchée<br />

par l’usage qu’on en fait, ou par tout autre accident ; mais elle ne peut être consommée deux<br />

fois : une valeur une fois détruite ne peut être détruite de nouveau 376 . Telle consommation<br />

est rapide ; telle autre est lente. On consomme une maison, un navire, du fer, commeon<br />

consomme de la viande, du pain, un habit. On peut même ne consommer un produit qu’en<br />

partie. Un cheval, un meuble, une maison qu’on revend, ne sont pas consommés en totalité,<br />

puisqu’il leur reste un débris de valeur qu’on retrouve dans le nouvel échange qu’on en fait.<br />

Quelquefois la consommation est involontaire : tels sont l’incendie d’un édifice, le naufrage<br />

d’un navire ; ou bien elle ne répond pas au but qu’on s’était proposé en créant le produit,<br />

comme dans le cas où l’on jette des marchandises à la mer, où l’on brûle des provisions<br />

qu’on ne veut pas laisser à l’ennemi.<br />

On peut consommer une valeur anciennement produite ; on peut la consommer à<br />

l’instant même qu’elle est produite, ainsi que le font les spectateurs d’un concert, d’une<br />

représentation théâtrale. On consomme du temps, du travail, puisqu’un travail utile a une<br />

valeur appréciable, et ne peut plus se consommer de nouveau lorsqu’il a déjà été consommé<br />

une fois.<br />

Ce qui ne peut perdre sa valeur n’est pas susceptible d’être consommé. On ne consomme<br />

pas un fonds de terre, mais on peut consommer son service annuel, et ce service, une fois<br />

employé, ne peut être employé une seconde fois. On peut consommer toutes les<br />

376 Il y a telle matière qui reçoit plusieurs fois, et qui voit se consommer plusieurs fois la valeur qu’on lui<br />

donne ; telle est la façon donnée par le blanchisseur de linge sale. Chaque fois qu’on salit une pièce de linge, on<br />

consomme la totalité du blanchissage et une petite partie de la valeur du linge lui-même.

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