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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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produits à la consommation des contrées étrangères, étant Dès lors en état de recevoir des<br />

subsistances en échange, elles peuvent contenir une population proportionnellement bien<br />

plus forte. C’est ce qu’on voit dans plusieurs petits états dont le territoire seul ne suffirait<br />

pas à nourrir un des faubourgs de leur capitale.<br />

La culture des prairies exigeant moins de façons que celle des champs, dans les pays<br />

d’herbages, un plus grand nombre d’habitants peuvent se consacrer aux arts industriels, ils<br />

seront donc plus multipliés dans ces pays-là que dans les pays à blé. C’est ce qui se voit<br />

dans certaines parties de la ci-devant Normandie, dans la Flandre, en Hollande.<br />

Depuis l’invasion des barbares dans l’empire romain jusqu’au dix-septième siècle, c’està-dire,<br />

jusqu’à des temps où nous touchons encore, les villes ont eu un faible éclat dans tous<br />

les grands états de l’Europe. La portion de la population qu’on estime être nourrie par les<br />

cultivateurs, ne se composait pas alors principalement de manufacturiers et de négociants,<br />

mais de nobles entourés d’une suite nombreuse, de gens d’église et d’autres oisifs qui<br />

habitaient les châteaux avec leurs dépendances, les abbayes, les couvens, et fort peu dans<br />

des villes. Les produits des manufactures et du commerce se bornaient à très peu de chose ;<br />

les manufacturiers étaient des artisans de chaumière, les négociants des porte-balles ;<br />

quelques outils fort simples, des meubles et des ustensiles imparfaits, suffisaient aux<br />

besoins de la culture et de la vie odinaire. Trois ou quatre foires par année fournissaient des<br />

produits un peu plus recherchés, qui nous paraîtraient bien misérables ; et si l’on tirait, de<br />

loin en loin, des villes commerçantes d’Italie ou de chez les grecs de Constantinople,<br />

quelques meubles, quelques étoffes, quelques bijoux de prix, c’était une magnificence<br />

grande et rare, réservée seulement aux plus riches seigneurs et aux princes.<br />

Dans cet ordre de choses, les villes devaient faire une pauvre figure. Aussi tout ce qu’on<br />

voit de magnifique dans les nôtres est-il très moderne ; parmi toutes les villes de France, il<br />

serait impossible de trouver un beau quartier, une seule belle rue qui eût deux cents ans<br />

d’ancienneté. Tout ce qui date d’une époque antérieure n’y présente, sauf quelques églises<br />

gothiques, que des bicoques entassées dans des rues tortueuses, étranglées, qui ne suffisent<br />

nullement à la circulation des voitures, des animaux et de la foule qui attestent leur<br />

population et leur opulence actuelles.<br />

L’agriculture d’un pays ne produit tout ce qu’elle doit produire que lorsque des villes<br />

multipliées sont répandues sur toute l’étendue de son territoire. Elles sont nécessaires au<br />

déploiement de la plupart des manufactures, et les manufactures sont nécessaires pour<br />

procurer des objets d’échange à l’agriculteur. Un canton où l’agriculture n’a point de<br />

débouchés, ne nourrit que la moindre partie des habitants qu’il pourrait nourrir ; et encore<br />

ces habitants ne jouissent-ils que d’une existence grossière, dépourvue de tout agrément, de<br />

toute recherche ; ils ne sont qu’à moitié civilisés. Qu’une colonie industrieuse vienne<br />

s’établir dans ce canton, et y forme peu à peu une ville dont les habitants égaleront bientôt<br />

Suivant les relevés d’Arthur Young, la population des villages et campagnes était en France (dans ses<br />

anciennes limites) de<br />

20 521538 hab.,<br />

et celle des villes et bourgs, de<br />

5 709 270 hab.,<br />

En tout, de<br />

26 230 808 hab.<br />

D’après le principe établi ici, et en supposant le relevé d’Arthur Young exact, on voit que l’ancienne France, si<br />

elle avait une population qui allât seulement au double de ses cultivateurs, aurait 41 millions d’habitants, et<br />

qu’elle en aurait près de 60 millions, si les productions de son industrie étaient, proportion gardée, égales à celles<br />

de la Grande-Bretagne.<br />

Les voyageurs remarquent que les grandes routes, en France, ne sont pas aussi fréquentées que l’on devrait<br />

l’attendre d’un pays si favorisé de la nature. Cela tient évidemment au petit nombre et au peu d’étendue de ses<br />

villes. Ce sont les communications de ville à ville qui peuplent les grandes routes, et non les habitants des<br />

campagnes, qui ne circulent guère que de leurs chaumières à leurs champs.

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