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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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états. Cette seule observation décide les longues discussions qui se sont élevées dans le<br />

dernier siècle, pour savoir si le monde était plus peuplé autrefois qu’aujourd’hui. était-il<br />

plus industrieux, plus généralement cultivé, avait-il plus de manufactures, un commerce<br />

plus étendu, à des époques où la moitié de la terre habitable était encore inconnue, où la<br />

partie connue était plus d’à moitié couverte de forêts, où la boussole n’était pas découverte,<br />

et où les sciences, fondement de tous les arts, étaient dans l’enfance Si l’on convient que<br />

non, il est impossible de soutenir que le monde fût, à beaucoup près, aussi peuplé que nous<br />

le voyons. Si l’on n’a le flambeau de l’économie <strong>politique</strong> à la main, on ne peut mettre<br />

aucune critique dans l’étude de l’histoire.<br />

De ce que l’industrie est le fondement de la population, on peut conclure que la<br />

démarcation des états et des provinces, les lois et les mœurs des nations, ne sont que des<br />

circonstances accidentelles qui n’influent sur la population qu’indirectement, et par leur<br />

influence sur les développements de l’industrie.<br />

II. Comment la nature de la production influe sur la distribution des habitants.<br />

Pour cultiver la terre, il faut que les hommes soient répandus sur toute la surface du sol ;<br />

pour cultiver les arts industriels et le commerce, il leur convient de se réunir aux lieux où<br />

l’on peut les exercer avec plus d’avantage, c’est-à-dire, aux lieux qui admettent une plus<br />

grande subdivision dans les occupations. Le teinturier s’établira auprès du marchand<br />

d’étoffes, le droguiste auprès du teinturier ; le commissionnaire ou l’armateur qui font venir<br />

les drogues se rapprochera du droguiste ; et il en sera de même des autres producteurs. De<br />

cette agglomération d’individus se forment les villes.<br />

En même temps ceux qui, sans travailler, vivent de leurs capitaux ou de leurs terres, sont<br />

attirés dans les villes, où ils trouvent réuni tout ce qui flatte leurs goûts, plus de choix dans<br />

la société, plus de variété dans les plaisirs. Les agréments de la vie des villes y arrêtent les<br />

étrangers, et y fixent toutes les personnes qui, vivant de leur travail, sont libres néanmoins<br />

de l’exercer indifféremment partout. C’est ainsi qu’elles deviennent non seulement le séjour<br />

des gens de lettres, des artistes, mais aussi le siége des administrations, des tribunaux, des<br />

établissements publics, et s’accroissent encore de toutes les personnes qui tiennent à ces<br />

établissements, et de toutes celles que leurs affaires en rapprochent accidentellement.<br />

Ce n’est pas qu’il n’y ait toujours un certain nombre de gens qui exercent l’industrie<br />

manufacturière dans les campagnes, sans parler de ceux qui y sont retenus par leurs goûts :<br />

une convenance locale, un ruisseau, une forêt, une mine, fixent beaucoup d’usines et un<br />

grand nombre de travailleurs manufacturiers hors de l’enceinte des villes. Il y a même<br />

quelques travaux manufacturiers qui ne peuvent être exercés que près des consommateurs,<br />

comme ceux du tailleur, du cordonnier, du maréchal ; mais ces travaux n’approchent pas,<br />

pour l’importance et la perfection, des travaux manufacturiers de tout genre qui s’exécutent<br />

dans les villes.<br />

Les écrivains économiques estiment qu’un pays florissant peut nourrir dans ses villes un<br />

nombre d’habitants égal à celui que nourrissent les campagnes. Quelques exemples portent<br />

à croire que des travaux mieux entendus, un meilleur choix de cultures et moins de terrains<br />

perdus, permettraient, même sur un sol médiocrement fertile, d’en nourrir un bien plus<br />

grand nombre 375 . Du moins est-il certain que, lorsque les villes fournissent quelques<br />

375 D’après un dénombrement mis sous les yeux du parlement, en 1811, il se trouvait dans l’île de la Grande-<br />

Bretagne 895 998 familles d’agriculteurs, et le nombre total des familles de cette île, qui comprend, comme on<br />

sait, l’Écosse et la principauté de Galles, était de 2,544,215 ; de sorte qu’il n’y avait, à très peu de chose près,<br />

qu’un tiers de la population occupée à la culture des terres.

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