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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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d’habitants, après avoir entretenu une immense population au temps des Romains 371 et des<br />

Maures.<br />

372<br />

Quelques auteurs ont dit qu’une grande population était le signe assuré d’une haute<br />

prospérité. Elle est le signe assuré d’une grande production ; mais pour qu’il y ait une haute<br />

prospérité, il faut que la population, quelle qu’elle soit, se trouve abondamment pourvue de<br />

toutes les nécessités de la vie et de quelques-unes de ses superfluités. Il y a des parties de<br />

l’Inde et de la Chine prodigieusement populeuses, qui sont en même temps prodigieusement<br />

misérables ; mais ce n’est pas en diminuant le nombre des individus qu’on les rendrait<br />

mieux pourvues, car on ne pourrait le faire sans diminuer aussi leurs productions. Dans ces<br />

cas-là il faut souhaiter, non pas la diminution du nombre des hommes, mais l’augmentation<br />

de la quantité des produits, qui a toujours lieu quand la population est active, industrieuse,<br />

économe, et bien gouvernée, c’est-à-dire, peu gouvernée.<br />

Si les habitants d’un pays s’élèvent naturellement au nombre que le pays peut entretenir,<br />

que deviennent-ils dans les années de disette <br />

Steuart répond 373 :<br />

Qu’il n’y a pas tant de différence qu’on l’imagine entre deux récoltes ; qu’une année<br />

mauvaise pour un canton est bonne pour un autre ; que la mauvaise récolte d’une denrée est<br />

balancée par la bonne récolte d’une autre. Il ajoute que le même peuple ne consomme pas<br />

autant dans les années de disette, que dans les années d’abondance : dans celle-ci tout le<br />

monde est mieux nourri ; on emploie une partie des produits à engraisser des animaux de<br />

basse-cour ; les denrées étant moins chères, il y a un peu plus de gaspillage. Quand la<br />

disette survient, la classe indigente est mal nourrie ; elle fait de petites parts à ses enfants ;<br />

loin de mettre en réserve, elle consomme ce qu’elle avait amassé : enfin il n’est<br />

malheureusement que trop avéré qu’une portion de cette classe souffre et meurt.<br />

Ce malheur arrive surtout dans les pays très populeux, comme l’Idoustan, la Chine, où il<br />

se fait peu de commerce extérieur et maritime, et où la classe indigente s’est accoutumée de<br />

longue main à se contenter du strict nécessaire pour vivre. Le pays, dans les années<br />

ordinaires, produisant tout juste de quoi fournir cette chétive subsistance, pour peu que la<br />

récolte soit mauvaise, ou seulement médiocre, une multitude de gens n’ont plus même le<br />

strict nécessaire : ils meurent par milliers. Tous les rapports attestent que les famines, par<br />

cette raison, sont très fréquentes et très meurtrières à la Chine et dans plusieurs contrées de<br />

l’Inde.<br />

Le commerce, et surtout le commerce maritime, facilitant les échanges, et même les<br />

échanges lointains, permet de se procurer des denrées alimentaires en retour de beaucoup<br />

d’autres produits ; on a même remarqué que ce sont les pays qui ont le moins de territoire et<br />

qui ne subsistent qu’au moyen de leur commerce, comme la Hollande, Venise, Gênes, qui<br />

sont le moins exposés aux disettes. Non seulement ils vont chercher les blés où l’on peut en<br />

trouver, mais où l’on peut les acheter au meilleur marché 374 .<br />

Si la population, en thèse générale, se proportionne à la production, c’est la quantité<br />

d’industrie, mère des produits, qui exerce une influence fondamentale sur la population des<br />

371 Nec numero Hispanos, nec robore Gallos, etc. (Cic., de Harusp.)<br />

372 Wallace, Condorcet, Godwin.<br />

373 Livre I, chap. 17.<br />

374 L’Angleterre, malgré son commerce étendu, a eu d’assez grands maux à souffrir en raison de la cherté du<br />

blé, surtout depuis l’année 1800, où elle a cessé d’être un pays exportateur, pour devenir importateur de blé.<br />

Mais cela est venu évidemment des vices de son organisation <strong>politique</strong>, qui met le pouvoir entre les mains des<br />

grands propriétaires terriens. Ils ont maintenu des droits équivalents à une prohibition sur l’importation des blés<br />

étrangers, pour se ménager le monopole du marché de l’intérieur.

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