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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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On peut doc dire que les fléaux qui retranchent des hommes, s’ils ne nuisent pas à la<br />

population, nuisent à l’humanité ; et c’est seulement sous ce dernier rapport que ceux qui<br />

causent de tels fléaux sont hautement coupables 370 .<br />

Si les fléaux passagers sont plus affligeans pour l’humanité que funestes à la population<br />

des états, il n’en est pas ainsi d’une administration vicieuse et qui suit un mauvais système<br />

en économie <strong>politique</strong>. Celle-ci attaque la population dans son principe, en ddsséchant les<br />

sources de la production ; et comme le nombre des hommes, ainsi que nous l’avons vu,<br />

s’élève toujours pour le moins autant que le permettent les revenus annuels d’une nation, un<br />

gouvernement qui diminue les revenus en imposant de nouveaux tributs, qui force les<br />

citoyens à faire le sacrifice d’une partie de leurs capitaux, et qui par conséquent diminue les<br />

moyens généraux de subsistance et de reproduction répandus dans la société, un tel<br />

gouvernement, non seulement empêche de naître, mais on peut dire qu’il massacre ; car rien<br />

ne retranche plus efficacement les hommes, que ce qui les prive de leurs moyens d’exister.<br />

On s’est beaucoup plaint du tort que les couvens font à la population, et l’on a eu raison ;<br />

mais on s’est mépris sur les causes : ce n’est pas à cause du célibat des religieux, c’est à<br />

cause de leur oisiveté : ils font travailler à leurs terres, dit-on ; voilà une belle avance ! Les<br />

terres resteraient-elles en friche si les moines venaient à disparaître Bien au contraire ;<br />

partout où les moines ont été remplacés par des ateliers d’industrie, comme nous en avons<br />

vu plusieurs exemples dans la révolution française, le pays a gagné tous les mêmes produits<br />

agricoles, et de plus ceux de son industrie manufacturière ; et le total des valeurs produites<br />

étant par là plus considérable, la population de ces cantons s’est accrue.<br />

Si la population dépend de la quantité des produits, c’est une estimation très imparfaite<br />

pour en juger, que le nombre des naissances. Là où l’industrie et les produits augmentent,<br />

les naissances, plus multipliées à proportion des habitants déjà existants, donnent une<br />

évaluation trop forte. Dans les pays qui déclinent, au contraire, la population excède le<br />

nombre indiqué par les naissances.<br />

Une autre conséquence de ce qui précède, c’est que les habitants d’un pays ne sont pas<br />

plus mal pourvus des choses nécessaires à la vie quand leur nombre s’augmente, ni mieux<br />

pourvus quand leur nombre diminue. Leur sort dépend de la quantité des produits dont ils<br />

disposent, et ces produits peuvent être abondants pour une nombreuse population, tout<br />

comme ils peuvent être rares pour une population clair-semée. La disette ravageait l’Europe<br />

au moyen âge plus souvent que dans ce temps-ci, où l’Europe est évidemment plus<br />

populeuse. L’Angleterre, sous le règne d’élisabeth, n’était pas si bien pourvue qu’elle l’est,<br />

quoi qu’elle eût moitié moins d’habitants ; et l’Espagne nourrit mal sept à huit millions<br />

370 Par une conséquence de ce qui est établi ici, les progrès de la médecine, et des moyens curatifs et<br />

préservatifs, tels que la vaccine, ne peuvent exercer, d’une manière constante, aucune influence sur la<br />

population d’un pays ; mais on aurait tort d’inférer de là que de si importants progrès sont sans influence sur le<br />

sort de l’humanité. Ces moyens puissants conservent des hommes qui sont avancés, jusqu’à un certain point, en<br />

âge, en force, en connaissances, et qui ne pourraient être remplacés sans des naissances et des avances<br />

nouvelles, c’est-à-dire sans des infirmités, des souffrances, des sacrifices de la part des parents et des enfants.<br />

Quand la population ne s’entretient qu’à force de naissances nouvelles, il s’y rencontre plus de ces souffrances<br />

qui accompagnent toujours la naissance et la mort des individus de notre espèce, parce que les naissances et les<br />

morts y sont plus fréquentes. La population d’un pays peut s’entretenir avec la moitié moins de naissances et de<br />

morts, si les habitants, au lieu de ne parvenir qu’à l’âge de 20 ans, excèdent communément l’âge de 40 ans. Il<br />

est vrai que, dans cette supposition, il y a beaucoup plus de germes qui deviennent superflus ; mais les maux<br />

doivent se mesurer par les souffrances, et des germes perdus n’entraînent pas de souffrances. Il y a une si<br />

grande quantité de germes perdus dans la nature organisée, que ce qui s’en perd de plus dans cette supposition<br />

n’a aucune importance. Si les plantes étaient susceptibles de sentir et de souffrir, il serait heureux pour elles que<br />

toutes les graines de celles qu’on est forcé d’arracher et de détruire, s’altérassent avant de s’organiser.

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