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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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marchandise, cette considération n’est d’aucune importance ni pour un pays ni pour l’autre,<br />

ou plutôt il leur est important de laisser les particuliers retirer ces valeurs sous la forme qui<br />

leur convient le mieux, parce que c’est indubitablement celle qui convient le mieux aux<br />

deux nations ; de même que dans leur commerce réciproque, la marchandise que les<br />

particuliers préfèrent exporter ou importer, est aussi celle qui convient le mieux à leurs<br />

nations respectives.<br />

Les agents de la compagnie anglaise dans l’Inde retirent de ce vaste pays, soit des<br />

revenus annuels, soit une fortune faite, dont ils reviennent jouir en Angleterre : ils se<br />

gardent bien de retirer cette fortune en or ou en argent, car les métaux précieux valent bien<br />

plus en Asie qu’en Europe ; ils la convertissent en marchandises de l’Inde, sur lesquelles ils<br />

font encore un profit lorsqu’elles sont arrivées en Europe ; ce qui fait qu’ue somme d’un<br />

million, qu’ils emportent, leur vaut peut-être douze cent mille francs et plus, lorsqu’ils sont<br />

rendus à leur destination. L’Europe acquiert, par cette opération, douze cent mille francs, et<br />

l’Inde ne perd qu’un million. Si les déprédateurs de l’Inde voulaient que ces douze cent<br />

mille francs fussent apportés en espèces, ils seraient obligés d’emporter hors de l’Indoustan<br />

quinze cent mille francs, peut-être, qui, rendus en Angleterre, n’en vaudraient plus que<br />

douze cent mille. On a beau percevoir une somme en espèces, on ne la transporte que<br />

changée en la marchandise qui convient le mieux pour la transporter 361 . Tant qu’il est<br />

permis de tirer d’un pays une marchandise quelconque (et cette exportation y est toujours<br />

vue avec faveur), on tire de ce pays, sans difficulté, tous les revenus et tous les capitaux<br />

qu’on y perçoit. Pour qu’un gouvernement pût l’empêcher, il faudrait qu’il pût interdire tout<br />

commerce avec l’étranger ; et encore, il resterait la fraude. Aussi est-ce une chose vraiment<br />

risible, aux yeux de l’économie <strong>politique</strong>, que de voir des gouvernements enfermer dans<br />

leurs possessions le numéraire dans la vue d’y retenir les richesses.<br />

S’ils parvenaient à clore leurs frontières de façon à intercepter la sortie de toutes les<br />

choses qui ont une valeur, ils n’en seraient pas plus avancés ; car les libres communications<br />

procurent bien plus de valeurs qu’elles n’en laissent échapper. Les valeurs ou les richesses<br />

sont fugitives et indépendantes par leur nature. On ne saurait les enfermer ; elles<br />

s’évanouissent au milieu des liens, et grandissent en pleine liberté.<br />

Chapitre XI. De la population dans ses rapports avec l’économie<br />

<strong>politique</strong>.<br />

I. Comment la quantité des produits influe sur la population des états.<br />

361 Raynal dit que la compagnie anglaise, tirant des revenus du Bengale, et venant les consommer en Europe,<br />

finira par épuiser le pays de numéraire, parce qu’elle seule y fait le commerce et qu’elle n’y en porte point.<br />

Raynal se trompe.<br />

Les négociants portent aux Indes des métaux précieux, parce qu’ils y valent plus qu’en Europe ; et, par cette<br />

raison même, les employés de la compagnie, qui font des fortunes en Asie, se gardent bien d’en rapporter du<br />

numéraire.<br />

Que si l’on disait que les fortunes transportées en Europe y sont moins solides et plus faciles à dissiper étant en<br />

marchandises, que si elles étaient en numéraire, on se tromperait encore. La forme sous laquelle se trouvent les<br />

valeurs ne fait rien à la solidité ; une fois transportées en Europe, elles peuvent être changées en numéraire, ou en<br />

belles et bonnes terres. L’essentiel, comme dans le commerce entre nations, n’est point la forme sous laquelle<br />

circulent les valeurs ; c’est leur montant.

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