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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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avoir fait les avances ; car le loyer s’élève en proportion. Il ne convient donc au fermier de<br />

faire que les améliorations dont l’effet ne doit durer qu’autant que son bail, à moins que la<br />

longueur du bail ne laisse aux profits résultant de l’amélioration, le temps de rembourser les<br />

avances qu’elle a occasionnées, avec l’intérêt de ces avances.<br />

De là l’avantage des longs baux pour l’amélioration du produit des terres, et l’avantage<br />

encore plus grand de la culture des terres par la main de leurs propriétaires ; car le<br />

propriétaire a, moins encore que le fermier, la crainte de perdre le fruit de ses avances ;<br />

toute amélioration bien entendue lui procure un profit durable, dont le fonds est fort bien<br />

remboursé quand la terre se vend. La certitude que le fermier a de jouir jusqu’à la fin de son<br />

bail, n’est pas moins utile que les longs baux à l’amélioration des fonds de terre. Les lois et<br />

les coutumes qui admettent la résiliation des baux dans certains cas, comme dans celui de la<br />

vente, sont au contraire préjudiciables à l’agriculture. Le fermier n’ose tenter aucune<br />

amélioration importante lorsqu’il risque perpétuellement de voir un successeur profiter de<br />

son imagination, de ses travaux et de ses frais ; ses améliorations mêmes augmentent ce<br />

risque, car une terre en bon état de réparation se vend toujours plus facilement qu’une autre.<br />

Nulle part les baux ne sont plus respectés qu’en Angleterre. Ce n’est que là qu’on voit des<br />

fermiers assez sûrs de n’être pas dépossédés, pour bâtir sur le terrain qu’ils tiennent à loyer.<br />

Ces gens-là améliorent les terres comme si elles étaient à eux, et leurs propriétaires sont<br />

exactement payés ; ce qui n’arrive pas toujours ailleurs.<br />

Il y a des cultivateurs qui n’ont rien, et auxquels le propriétaire fournit le capital avec la<br />

terre. On les appelle des métayers. Ils rendent communément au propriétaire la moitié du<br />

produit brut. Ce genre de culture appartient à un état peu avancé de l’agriculture, et il est le<br />

plus défavorable de tous aux améliorations des terres ; car celui des deux, du propriétaire ou<br />

du fermier, qui fait l’amélioration à ses frais, ne retire que la moitié du fruit de sa dépense,<br />

puisqu’il est obligé d’en partager le produit. Cette manière d’affermer était plus usitée dans<br />

les temps féodaux que de nos jours. Les seigneurs n’auraient pas voulu faire valoir par euxmêmes,<br />

et leurs vassaux n’en avaient pas les moyens. On avait de gros revenus parce qu’on<br />

avait de gros domaines, mais les revenus n’étaient pas proportionnés à l’étendue du terrain.<br />

Ce n’était pas la faute de l’art agricole, c’était le défaut de capitaux placés en amendements.<br />

Le seigneur, peu jaloux d’améliorer son fonds, dépensait, d’une manière très noble et très<br />

improductive, un revenu qu’il aurait pu tripler : on faisait la guerre, on donnait des fêtes, on<br />

entretenait une suite nombreuse. Le peu d’importance du commerce et des manufactures,<br />

joint à l’état précaire des agriculteurs, explique pourquoi le gros de la nation était misérable,<br />

et pourquoi la nation en corps était peu puissante, indépendamment de toute cause <strong>politique</strong>.<br />

Cinq de nos départements seraient maintenant en état de soutenir des entreprises qui<br />

écrasaient la France entière à cette époque ; mais les autres états d’Europe n’étaient pas<br />

dans une meilleure position.<br />

Chapitre X. Quels sont les effets des revenus perçus d’une nation<br />

dans l’autre.<br />

Une nation ne saurait percevoir chez une autre ses revenus industriels. Le tailleur<br />

allemand qui vient travailler en France, y fait ses profits, et l’Allemagne n’y a point de part.<br />

Mais si ce tailleur a le talent d’amasser un capial quelconque, et si, au bout de plusieurs<br />

années, il retourne chez lui en l’emportant, il fait à la France le même tort que si un

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