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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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trouvent ; tandis que le nombre de gens disposés à prendre une terre à bail n’est point<br />

nécessairement borné.<br />

Dès lors le marché qui se conclut entre le propriétaire et le fermier, est toujours aussi<br />

avantageux qu’il peut l’être pour le premier ; et s’il y avait un terrain dont le fermier, après<br />

son fermage payé, tirât plus que l’intérêt de son capital et le salaire de ses peines, ce terrain<br />

trouverait un enchérisseur. Si la libéralité de certains propriétaires, ou l’éloignement de leur<br />

domicile, ou leur ignorance en agriculture, ou bien celle des fermiers, ou leur imprudence,<br />

fixent quelquefois autrement les conditions d’un bail, on sent que l’influence de ces<br />

circonstances accidentelles n’existe que pendant qu’elles durent, et qu’elle n’empêche point<br />

que la nature des choses n’agisse d’une manière permanente, et ne tende sans cesse à<br />

reprendre son empire.<br />

Outre cet avantage que le propriétaire tient de la nature des choses, il en tire un autre de<br />

sa position, qui d’ordinaire lui donne sur le fermier l’ascendant d’une fortune plus grande,<br />

et quelquefois celui du crédit et des places ; mais le premier de ces avantages suffit pour<br />

qu’il soit toujours à même de profiter seul des circonstances favorables aux profits de la<br />

terre. L’ouverture d’un canal, d’un chemin, les progrès de la population et de l’aisance d’un<br />

canton, élèvent toujours le prix des fermages. Il s’élève aussi à mesure que l’agriculture se<br />

perfectionne ; celui qui connaît un moyen de tirer plus de parti du terrain, consent à payer<br />

plus cher le loyer de l’instrument.<br />

La raison qui fait que le propriétaire profite seul des occurrences favorables à un bienfonds,<br />

fait aussi qu’il est victime des occurrences contraires. Quand le profit que rend la<br />

terre ne suffit pas pour payer le fermage, le fermier doit y sacrifier une partie des profits de<br />

son industrie et de ses capitaux ; il cherche Dès lors à les employer différemment ; et quand<br />

le bail n’est point à son terme, le propriétaire est presque toujours obligé de lui faire des<br />

remises.<br />

Si c’est le propriétaire qui jouit de toutes les circonstances qui deviennent favorables à<br />

ses terres et qui en définitive est victime des circonstances contraires, il est plus que le<br />

fermier intéressé aux améliorations, quelles qu’elles soient, qui surviennent dans le pays en<br />

général ou dans son canton en particulier : elles tendent toutes à l’augmentation des baux.<br />

Ainsi les propriétaires qui passent mollement leur vie dans une ville ou dans une maison de<br />

plaisance, touchant avec nonchalance à chaque terme l’argent que leur apportent leurs<br />

fermiers, sans s’occuper jamais des sources de la prospérité publique et sans y contribuer en<br />

rien ; ceux qui ne s’inquiètent en aucune façon des progrès de l’art agricole ; qui ne<br />

provoquent, qui ne secondent aucune de ces grandes entreprises d’irrigations et de canaux,<br />

de ponts, de routes et de manufactures, qui doivent accroître la production et la population<br />

des cantons où ils ont des terres, suivent une routine plus honteuse encore et plus contraire à<br />

leurs vrais intérêts, que celles auxquelles ils reprochent aux gens de la campagne d’être si<br />

attachés.<br />

Lorsque le propriétaire répand un capital en améliorations sur sa terre, en faisant des<br />

saignées de desséchement, des canaux d’arrosement, des clôtures, des constructions, des<br />

murs, des maisons, alors le fermage se compose non seulement du profit du fonds, mais<br />

aussi de l’intérêt de ce capital 358 .<br />

Le fermier lui-même peut améliorer le fonds à ses frais ; mais c’est un capital dont il ne<br />

tire les intérêts que pendant la durée de son bail, et qui, à l’expiration de ce bail, ne pouvant<br />

être emporté, demeure au propriétaire ; dès ce moment, celui-ci en retire les intérêts sans en<br />

358 Le capital engagé en bonifications dans la terre est quelquefois d’une valeur plus grande que le fonds luimême.<br />

C’est le cas des maisons d’habitation.

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