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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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de l’homme. Le sol est donc producteur d’une utilité, et lorsqu’il la fait payer sous la forme<br />

d’un profit foncier pour son propriétaire, ce n’est pas sans rien donner en échange au<br />

consommateur ; ce que paie ce dernier n’est point une valeur qui passe gratuitement d’une<br />

main dans une autre ; le consommateur achète une utilité produite, et c’est parce que la terre<br />

produit cette utilité qu’elle est productive aussi bien que le travail.<br />

Il est vrai qu’elle pourrait ainsi que le vent, fournir son action sans en exiger le salaire ;<br />

mais la terre diffère du vent en ceci, que son action ne peut se déployer que par des avances<br />

dont nul homme ne voudrait courir les risques, s’il n’était assuré d’en recueillir les fruits. Si<br />

les terres n’étaient pas des propriétés exclusives, aurions-nous leurs produits à meilleur<br />

marché Non, certes ; car nous ne les aurions pas du tout ; ce qui équivaut à un prix bien<br />

plus élevé. L’appropriation donne donc aux terres une qualité utile. Or, c’est l’usage de<br />

cette qualité que le propriétaire foncier se fait payer. Il en résulte une dépense de production<br />

que l’on peut nommer indispensable ; et les frais de production indispensables étant la<br />

limite la plus basse du prix des produits, les profits fonciers sont une partie nécessaire de ce<br />

prix et la source d’un légitime revenu pour les propriétaires.<br />

Ces controverses, dont je n’ai pu me dispenser de parler, uniquement parce qu’on en a<br />

beaucoup parlé, et sur lesquelles on a écrit, surtout en Angleterre, des volumes, ont à mes<br />

yeux fort peu d’importance. Elles dégénèrent aisément en des disputes de mots qui les font<br />

ressembler un peu trop aux argumentations des écoles du moyen âge. Leur plus grave<br />

inconvénient est d’ennuyer le lecteur, et de lui faire croire que les vérités de l’économie<br />

<strong>politique</strong> ont pour fondement des abstractions sur lesquelles il est impossible de se mettre<br />

d’accord. Heureusement il n’en est point ainsi : elles reposent sur des faits qui sont ou ne<br />

sont pas. Or, on peut, dans la plupart des cas, parvenir à dévoiler entièrement un fait ; on<br />

peut remonter à ses causes et déduire ses conséquences ; et si l’on se trompe, la nature est là<br />

qui s’offre à des observations plus exactes et à des déductions plus simples. Cette méthode<br />

porte en elle la rectification de toutes les erreurs ; mais les abstractions n’apprennent rien.<br />

II. Du fermage.<br />

Quand un fermier prend à bail une terre, il paie au propriétaire le profit résultant du<br />

service productif de la terre, et il se réserve, avec l salaire de son industrie, le profit du<br />

capital qu’il emploie à cette culture, capital qui consiste en outils, en charretes, bestiaux,<br />

etc. C’est un entrepreneur d’industrie agricole, et parmi ses instruments il en est un qui ne<br />

lui appartient pas, et dont il paie le loyer : c’est le terrain.<br />

Le précédent paragraphe a montré sur quoi se fondent les profits du fonds de terre : le<br />

fermage se règle, en général, au niveau du taux le plus élevé de ces profits. En voici la<br />

raison.<br />

Les entreprises agricoles sont celles qui exigent, toutes proportions gardées, les moins<br />

gros capitaux (en ne considérant pas la terre, ni ses améliorations, comme faisant partie du<br />

capital du fermier) ; il doit donc y avoir plus de personnes en état, par leurs facultés<br />

pécuniaires, de s’appliquer à cette industrie qu’à toute autre ; de là, plus de concurrence<br />

pour prendre des terres à loyer. D’un autre côté, la quantité des terres cultivables, en tout<br />

pays, a des bornes, tandis que la masse des capitaux et le nombre des cultivateurs n’en a<br />

point qu’on puisse assigner. Les propriétaires terriens, du moins dans les pays anciennement<br />

peuplés et cultivés, exercent donc une espèce de monopole envers les fermiers. La demande<br />

de leur denrée, qui est le terrain, peut s’étendre sans cesse ; mais la quantité de leur denrée<br />

ne s’étend que jusqu’à un certain point.<br />

Ce que je dis d’une nation prise en totalité est également vrai d’un canton en particulier.<br />

Ainsi, dans chaque canton, la quantité des biens à louer ne peut aller au-delà de ceux qui s’y

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