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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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n’était pas en état de faire un si grand sacrifice, quelque énorme que fût la dépense<br />

nécessaire pour fertiliser un sol aride, on ne le cultiverait pas : ce qui nous ramène à ce<br />

principe déjà établi, que les frais de production ne sont pas la cause du prix des choses, mais<br />

que cette cause est dans les besoins que les produits peuvent satisfaire 356 .<br />

On voit que la controverse élevée par Ricardo sur ce point, n’est guère autre chose<br />

qu’une dispute de mots ; et je ne sais pas trop sur quel fondement M Mac Culloch a pu dire<br />

que la publication de ces principes était la découverte la plus importante et la plus<br />

fondamentale dans la science de la distribution des richesses, et qu’elle formait une ère<br />

nouvelle et mémorable dans l’histoire de l’économie <strong>politique</strong><br />

Ricardo m’ont servi à corriger plusieurs parties de ce traité, principalement dans ce qui à<br />

rapport aux monnaies ; mais il ne m’a fourni aucune amélioration à introduire dans ce qui a<br />

rapport aux profits fonciers.<br />

Malthus, dans plusieurs brochures et dans ses principes d’économie <strong>politique</strong>, a voulu<br />

prouver, d’un autre côté, que le profit du propriétaire foncier et le fermage qui en est la<br />

conséquence, ne viennent point du monopole qui résulte de la propriété exclusive des terres,<br />

mais bien de ce que la terre fournit plus de subsistances qu’il n’en faut pour alimenter ceux<br />

qui la cultivent. Avec cet excédant, le propriétaire foncier a pu acheter les produits du<br />

manufacturier et de tous les autres producteurs.<br />

Que la terre, comme tous les agents naturels, contribue à l’utilité qui se trouve dans les<br />

produits, ce n’est point un fait douteux ; mais le vent contribue aussi à la production<br />

commerciale en poussant nos navires ; cependant il ne peut pas faire payer au<br />

consommateur sa coopération. Comment le fonds de la terre fait-il payer la sienne, si ce<br />

n’est en vertu d’un privilège exclusif du propriétaire M Buchanan, qui a fait sur la<br />

richesse des nations de Smith un commentaire où se trouvent beaucoup de sagacité et de<br />

raison, l’a bien senti. « le profit foncier, dit-il, n’est point une addition aux produits de la<br />

société : ce n’est qu’un revenu transféré d’une classe à une autre… Le revenu qui paie les<br />

fruits de la terre, existe déjà aux mains de ceux qui achètent ces fruits ; et si le prix n’en<br />

était pas si élevé, si l’acheteur n’avait rien à payer pour le service que rend la terre, son<br />

revenu à lui, acheteur, se trouverait plus considérable ; et ce qu’il paierait de moins offrirait<br />

une matière imposable tout aussi réelle que lorsque, par l’effet du monopole, la même<br />

valeur a passé dans les mains du propriétaire foncier. »<br />

Le même argument qui représente le propriétaire foncier comme usant d’un monopole<br />

qui ne fait entrer dans sa bourse qu’une valeur qui sort de la bourse d’autrui, et comme<br />

faisant payer des frais de production sert encore à quelques écrivains pour prouver que le<br />

travail seul est productif, et non la terre.<br />

Ceux qui admettent cet argument ne font peut-être pas assez d’attention qu’on en peut<br />

dire autant de tous les services productifs et même du travail des mains. Si l’ouvrier pouvait<br />

ne pas se faire payer un salaire, le consommateur paierait le produit moins cher ; mais la<br />

production consiste à communiquer une utilité à une chose et à la communiquer au meilleur<br />

marché qu’il est possible. Or, la coopération du fonds de terre remplit cette double<br />

condition. Son action est une opération chimique, d’où résulte, pour la matière du blé, une<br />

modification telle qu’avant de l’avoir subie, cette matière n’était pas propre à la nourriture<br />

357<br />

. Les idées de David<br />

356 David Ricardo, dans le même chapitre, montre très bien que le profit foncier n’est pas la cause, mais l’effet<br />

du besoin qu’on a de blé ; et les raisons qu’il en apporte peuvent servir à prouver contre lui que les autres frais de<br />

production, notamment les salaires du travail, ne sont pas davantage la cause, mais l’effet du prix courant des<br />

produits.<br />

357 Voyez l’article Économie <strong>politique</strong>, dans le Supplément à l’Encyclopédie d’Edimbourg, et le Discours de<br />

M. Mac Culloch sur l’Économie <strong>politique</strong>, page 65 de l’édition anglaise.

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