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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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enfin ils se font perpétuellement la guerre par besoin, et se mangent les uns les autres à<br />

défaut d’autres aliments ; tandis que le plus mince de nos ouvriers, s’il est valide, s’il est<br />

laborieux, a un abri, un vêtement, et peut gagner, tout au moins, sa subsistance.<br />

Le service que rendent les terres est acheté par l’entrepreneur, de même que tous les<br />

autres services productifs, et cette avance lui est remboursée par le prix qu’il tire de ses<br />

produits. Quand c’est le propriétaire même du terrain qui le fait valoir, il ne paie pas moins<br />

l’usage qu’il en fait. S’il ne le cultivait pas lui-même, ne pourrait-il pas louer le terrain En<br />

le faisant valoir, il fait donc le sacrifice du loyer, et ce sacrifice est une avance dont il n’est<br />

remboursé qu’au moment de la vente des produits.<br />

J’ai dit que le service productif de la terre est le premier fondement du profit qu’on en<br />

tire ; nous apprécierons tout à l’heure les objections qu’on a élevées contre cette<br />

proposition ; en attendant, on peut la regarder comme prouvée par les profits très divers<br />

qu’on tire des différents terrains suivant leur fertilité et les qualités qui les distinguent.<br />

Chaque arpent d’un vignoble distingué rapporte dix fois, cent fois ce que rapporte l’arpent<br />

d’un terrain médiocre ; et une preuve que c’est la qualité du sol qui est la source de ce<br />

revenu, c’est que les capitaux et les travaux employés dans la même entreprise, ne donnent<br />

pas en général de plus gros profits que les capitaux et les travaux employés dans d’autres<br />

entreprises.<br />

En comparant un bon terrain avec ce qu’il coûte, on pourrait croire qu’il ne rapporte pas<br />

plus qu’un mauvais ; et en effet un arpent dont on retire cent francs et qui coûte d’achat<br />

trois mille francs, ne rapporte pas plus qu’un arpent dont on retire seulement dix francs, et<br />

qui ne coûte que trois cents francs. Dans l’un et l’autre cas, la terre rend à son propriétaire,<br />

chaque année, le trentième de sa valeur. Mais qui ne voit que c’est le produit annuel qui a<br />

élevé la valeur du fonds La valeur du produit comparé avec le prix d’achat fait la rente de<br />

la terre, et la rente d’une bonne terre peut n’être pas supérieure à la rente d’une terre<br />

médiocre ; tandis que le profit foncier est la valeur du produit annuel comparé avec<br />

l’étendue du terrain ; et c’est sous ce rapport que le profit que rend un arpent de bon terrain,<br />

peut être cent fois supérieur à celui d’un mauvais.<br />

Toutes les fois qu’on achète une terre avec un capital, ou un capital avec une terre, on est<br />

appelé à comparer la rente de l’une avec la rente de l’autre. Une terre qu’on achète avec un<br />

capital de cent mille francs pourra ne rapporter que trois à quatre mille francs, tandis que le<br />

capital en rapportait cinq ou six. Il faut attribuer la moindre rente dont on se contente en<br />

achetant une terre, d’abord à la plus grande solidité du placement, un capital ne pouvant<br />

guère contribuer à la production, sans subir plusieurs métamorphoses et plusieurs<br />

déplacements, dont le risque effraie toujours plus ou moins les personnes qui ne sont pas<br />

accoutumées aux opérations industrielles, tandis qu’un fonds de terre produit sans changer<br />

de nature et sans déplacement. L’attrait et l’agrément qui accompagnent la propriété<br />

territoriale, la considération, l’aplomb et le crédit qu’elle procure, les titres même et les<br />

privilèges dont elle est accompagnée en certains pays, contribuent encore à cette préférence.<br />

Une propriété en terre profite toujours des circonstances favorables qui l’entourent et<br />

jouit auprès de ses voisins, pour les services qu’elle est capable de rendre, d’une préférence<br />

marquée sur les terres plus éloignées ; car les produits de celles-ci sont grevés de plus de<br />

frais de transport. Si une grande route ou un canal vient à passer près d’un bien-fonds, s’il<br />

s’établit des manufactures dans son voisinage, si la population et la richesse du canton<br />

prennent de l’accroissement, le bien-fonds en profite. Des terrains dans le voisinage ou dans<br />

l’intérieur d’une grande ville, voient décupler leur produit annuel et par suite la valeur du<br />

fonds, par l’importance qu’acquiert la ville ou seulement le quartier où ils se trouvent situés.<br />

D’où l’on peut conclure qu’il convient d’acheter des biens-fonds ans les pays et dans les<br />

cantons qui prospèrent, et de vendre au contraire quand le pays ou le canton décline.

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