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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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lorsqu’il faut le perdre de vue longtemps, le confier des mains étrangères, attendre des<br />

retours tardifs, et s’exposer à actionner des débiteurs dont la marche errante ou la législation<br />

des autres pays protègent la mauvaise foi. Ce n’est que par l’appât des privilèges et d’un<br />

gain forcé, ou par le découragement où l’on jette l’industrie dans l’intérieur, qu’on engage<br />

une nation dont les capitaux ne sont pas très abondants, à faire le commerce des Indes ou<br />

celui des colonies.<br />

Chapitre IX. Des revenus territoriaux.<br />

I. Des profits des fonds de terre 350 .<br />

La terre a la faculté de transformer et de rendre propres à notre usage une foule de<br />

matières qui nous seraient inutiles sans elle ; par une action que l’art n’a pu imiter encore,<br />

ell extrait, combine les sucs nourriciers dont se composent les grains, les fruits, les légumes<br />

qui nous alimentent, les bois de construction ou de chauffage, etc. Son action dans la<br />

production de toutes ces choses, peut se nommer le service productif de la terre. C’est le<br />

premier fondement du profit qu’elle donne à son propriétaire.<br />

Elle lui donne encore des profits en lui livrant les matières utiles que renferme son sein,<br />

comme les métaux, les différentes pierres, les charbons, la tourbe, etc.<br />

La terre, ainsi que nous l’avons déjà vu, n’est pas le seul agent de la nature qui ait un<br />

pouvoir productif ; mais c’est le seul, ou à peu près, dont l’homme ait pu faire une propriété<br />

privée et exclusive, et dont, par suite, le profit soit devenu le profit d’un particulier à<br />

l’exclusion d’un autre. L’eau des rivières et de la mer, par la faculté qu’elle a de mettre en<br />

mouvement nos machines, de porter nos bateaux, de nourrir des poissons, a bien aussi un<br />

pouvoir productif ; le vent qui fait aller nos moulins, et jusqu’à la chaleur du soleil,<br />

travaillent pour nous ; mais heureusement personne n’a pu dire : le vent et le soleil<br />

m’appartiennent, et le service qu’ils rendent doit m’être payé. Je ne prétends pas insinuer<br />

par là que la terre ne dût pas avoir de propriétaire, plus que le soleil et le vent. Il y a entre<br />

ces choses une différence essentielle : l’action des dernières est inépuisable ; le service<br />

qu’en tire une personne n’empêche pas qu’une autre personne n’en tire un service égal. La<br />

mer et le vent, qui transportent mon navire, transportent aussi ceux de mes voisins. Il n’en<br />

est pas de même de la terre. Les avances et les travaux que j’y consacre sont perdus si<br />

d’autres que moi ont roit de se servir du même terrain. Pour que j’ose risquer des avances, il<br />

faut que je sois assuré de jouir des résultats. Et ce qui peut surprendre au premier énoncé,<br />

sans en être moins vrai au fond, c’est que le non-propriétaire n’est pas moins intéressé que<br />

le propriétaire à l’appropriation du sol. C’est grâce à l’appropriation que le sol est cultivé et<br />

que l’on obtient ses produits avec une sorte d’abondance. C’est grâce à l’appropriation du<br />

sol et des capitaux, que l’homme qui n’a que ses bras trouve de l’occupation et se fait un<br />

revenu. Les sauvages de la Nouvelle-Zélande et de la côte nord-ouest d’Amérique, où la<br />

terre est commune à tous, s’arrachent à grande peine le poisson ou le gibier qu’ils peuvent<br />

atteindre ; ils sont souvent réduits à se nourrir des plus vils insectes, de vers, d’araignées 351 ;<br />

350 Dans le chapitre précédent, j’ai parlé des intérêts des capitaux prêtés avant de parler des profits des capitaux<br />

qu’on fait valoir, parce que les intérêts jetaient du jour sur les profits ; ici j’observe un ordre contraire, parce que<br />

les profits territoriaux éclaircissent la matière des fermages.<br />

351 Malthus, dans son Essai sur la population (livre I, chap. 4 et 5), et Péron, dans le Voyage du capitaine<br />

Baudin, présentent le tableau des diverses extrémités où sont réduits les peuples sauvages par le défaut de<br />

subsistances assurées.

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