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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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avec profit ; car après tout elle renferme en elle une source de jouissances, et il y a des<br />

jouissances inépuisables, comme celles qui prennent leur source dans des actes de<br />

bienfesance et de munificence publique. C’est aussi dans les pays industrieux et économes<br />

que de tels actes sont les plus fréquens. En ce cas-ci, comme dans beaucoup d’autres, il n’y<br />

a point de causes absolues, mais des effets gradués et proportionnels à l’intensité des<br />

causes, et des causes dont l’intensité diminue graduellement à mesure que l’on approche des<br />

suppositions extrêmes.<br />

La rétribution qui constitue le profit du capital, fait partie des frais de production des<br />

produits qui ne peuvent parvenir à l’existence sans le concours du capital. Pour que de tels<br />

produits soient créés, il faut que l’utilité qu’on leur donne élève leur prix assez haut pour<br />

rembourser à l’entrepreneur les profits du capital aussi bien que ceux de l’industrie dans<br />

tous ses grades, et ceux du fonds de terre. Il est impossible d’adopter l’opinion des écrivains<br />

qui pensent que ce prix ne représente que le travail de l’homme. Les capitaux eux-mêmes,<br />

disent-ils, sont le fruit d’un travail antérieur ; il faut les considérer comme un travail<br />

accumulé. En premier lieu, ils ne sont pas le fruit du travail uniquement, mais du concours<br />

des travaux, des capitaux et des fonds de terre ; et, en supposant qu’ils fussent le fruit du<br />

travail uniquement, il faudrait encore distinguer les produits qui composent le capital, des<br />

produits qui résultent de sa coopération. Entre eux se trouve toute la différence d’un fonds à<br />

un revenu, la même différence qu’on aperçoit entre une terre et les produits de la terre, entre<br />

la valeur d’un champ et la valeur de son loyer. Le fonds est le résultat d’un travail antérieur,<br />

j’y consens pour un moment ; mais le revenu est un nouveau produit, fruit d’une opération<br />

récente. Quand je prête ou plutôt quand je loue un capital de mille francs pour un an, je<br />

vends moyennant 50 francs, plus ou moins, sa coopération d’une année ; et, nonobstant les<br />

50 francs reçus, je n’en retrouve pas moins mon capital de mille francs tout entier, dont je<br />

peux, l’année suivante, tirer le même parti que précédemment. Ce capital est un produit<br />

antérieur : le profit que j’en ai recueilli dans l’année, est un produit nouveau et tout-à-fait<br />

indépendant du travail qui a concouru à la formation du capital lui-même 349 .<br />

Sur ce point, l’analyse de la plupart des écrivains anglais est singulièrement incomplète.<br />

Dans la partie de ce traité où il est question des produits immatériels, nous avons vu que<br />

l’on peut consommer immédiatement l’utilité ou l’agrément que certains capitaux peuvent<br />

produire, et qui sont une espèce de revenu. L’utilité qu’on retire d’une maison d’habitation<br />

et de son mobilier, est un profit que l’on recueille et que l’on consomme chaque jour. Ce<br />

revenu étant nécessairement consommé à mesure qu’il est produit, peut être aussi bien<br />

apprécié quand il sera question des consommations ; mais j’ai dû le faire remarquer ici, où il<br />

est question des profits qu’on retire des valeurs capitales.<br />

III. Quels sont les emplois de capitaux les plus avantageux pour la société.<br />

L’emploi de capital le plus avantageux pour le capitaliste est celui qui, à sûreté égale, lui<br />

rapporte le plus gros intérêt ; mais cet emploi peut ne pas être le plus avantageux pour la<br />

société : car le capital a cette propriété, non seulement d’avoir des revenus qui lui sont<br />

propres, mais d’être un moyen pour les terres et pour l’industrie de s’en créer un. Cela<br />

restreint le principe que ce qui est le plus productif pour le particulier, l’est aussi pour la<br />

société. Un capital prêté dans l’étranger peut bien rapporter à son propriétaire et à la nation<br />

349 Le capital employé paie les services rendus, et les services rendus produisent la valeur qui remplace le<br />

capital employé. Voyez, dans l’Épitomé qui termine cet ouvrage, la démonstration rigoureuse de cette double<br />

production. Le capital employé paie les services rendus, et les services rendus produisent la valeur qui remplace<br />

le capital employé.

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