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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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valoir avec plus ou moins d’intelligence, les endroits où les affaires sont considérables et les<br />

capacités industrielles rares, offriront aux capitaux qui s’y présenteront soutenus par des<br />

talents, des profits supérieurs à ceux que gagneront les capitaux privés de cet avantage. Un<br />

outil conduit par une main habile, indépendamment de ce que gagne l’habileté qui le dirige,<br />

fait plus de profit qu’un outil que fatigue vainement une main incapable. Un instrument de<br />

musique produit peu d’effet s’il est mal touché, et ne rend aucun son quand on le laisse<br />

entièrement oisif. Des capitaux qui se trouvent dans le même cas, n’entrent point en<br />

concurrence avec ceux qui se trouvent en de meilleures mains. Avant l’émancipation de<br />

l’Amérique espagnole et portugaise, Cadix et Lisbonne avaient à peu près le monopole du<br />

commerce de ces vastes colonies, et soit que les capitaux des portugais et des espagnols ne<br />

fussent pas suffisans pour un si grand commerce, soit que leur industrie ne fût pas assez<br />

active pour tirer parti de leurs capitaux, les négociants étrangers qui s’y transportaient avec<br />

des fonds, y faisaient, en peu d’années, des fortunes considérables. Il en est de même, je<br />

crois, de plusieurs établissements anglais en Russie.<br />

Concluons que les profits qu’on peut tirer de l’emploi des capitaux, varient selon les<br />

lieux et les circonstances ; et, malgré la difficulté qu’on éprouve à établir les lois générales<br />

qui déterminent ces profits divers, on peut présumer que toutes les circonstances qui<br />

contribuent à diminuer, pour chaque emploi, la quantité des capitaux qui se présentent, et à<br />

augmenter la quantité que réclament les besoins, tendent à élever les profits auxquels peut<br />

prétendre, pour sa quote-part, cet instrument de l’industrie. Dans les pays où l’on a plus<br />

généralement des habitudes économiques, comme en Angleterre, les capitaux étant plus<br />

communs, leurs profits, soumis à plus de concurrence, sont en général plus restreints.<br />

Quand l’ignorance, les préjugés, ou une timidité mal calculée, éloignent les capitaux des<br />

professions industrielles, ils s’y présentent en moins grande quantité et y font de plus gros<br />

profits. Avec des capacités industrielles égales, ils rendent bien plus en France qu’en<br />

Hollande, où non seulement l’épargne les a rendus abondants, mais où nul préjugé ne les<br />

écarte des entreprises de commerce. On en peut juger par le taux de l’intérêt que l’on<br />

consent à payer dans l’un et l’autre pays 348 .<br />

Si les profits des capitaux baissent à mesure qu’ils deviennent plus abondants, on peut se<br />

demander si, dans un pays éminemment industrieux et économe, les capitaux pourraient se<br />

multiplier au point que leurs profits se réduisissent à rien. Il est difficile de croire ce cas<br />

possible ; car plus les profits capitaux diminuent, et plus diminuent aussi les motifs qui<br />

portent les hommes à l’épargne. Il est évident que l’homme qui pourrait épargner une<br />

somme sur ses revenus, la dépensera, si cette somme devient incapable d’être employée<br />

rapportera à son entrepreneur 100 livres sterling par an ; tandis que l’autre manufacture qui, avec le même<br />

nombre d’ouvriers, travaille des matières plus chères, et requiert en conséquence un capital de 7 300 livres<br />

sterling, rapportera 730 livres sterling. Il en conclut que le profit est en raison du capital, et non en raison de<br />

l’industrie de l’entrepreneur. Ces hypothèses ne suffisent pas pour fonder le principe ; car je peux supposer avec<br />

autant de raison, pour le moins, deux manufactures dans un même endroit, travaillant un produit semblable, avec<br />

chacune 1000 livres sterling de capital, mais conduites, l’une par un entrepreneur rempli d’intelligence,<br />

d’activité, d’économie, qui gagnera 150 livres sterling par an ; et l’autre, conduite par un homme incapable et<br />

négligent, qui n’en gagnera que 50. La différence des profits, dans ce cas, ne viendra pas de la différence des<br />

capitaux qui seront pareils, mais bien de la différence des capacités industrielles. Voyez, au chapitre 5 de ce<br />

livre, une note sur le même sujet.<br />

348 David Ricardo soutient que l’abondance des capitaux n’influe en rien sur leurs profits, parce que des<br />

capitaux plus considérables multiplient les travailleurs. « Si les fonds qui sont appliqués à l’entretien des<br />

travailleurs, dit-il, étaient doublés, triplés, quadruplés, on se procurerait sans difficulté les bras que réclameraient<br />

ces fonds. » (Chap. 21, Effects of accumulation on profits.) On voit qu’il suppose qu’il y a partout la même<br />

disposition à s’occuper, non seulement de travaux industriels, mais de travaux industriels quelconques. C’est une<br />

supposition gratuite, et qui ne peut pas servir de base à un raisonnement.

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