15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

qu’elle occasionne ; mais, quoique de nature différente, ils se confondent aisément, ainsi<br />

que j’en ai déjà fait la remarque. On rencontre bien des circonstances où il serait cependant<br />

utile de les apprécier séparément ; un entrepreneur apprendrait par là quel intérêt il peut,<br />

sans imprudence, consentir à payer pour accroître son capital actif ; deux associés, dont l’un<br />

fournit plus de capitaux et l’autre plus de travail, sauraient mieux comment régler leurs<br />

prétentions respectives.<br />

Une méthode générale de parvenir à une appréciation de ce genre, serait peut-être de<br />

comparer la somme moyenne des bénéfices que l’on fait dans les entreprises pareilles, avec<br />

leur différence moyenne. Ainsi, par exemple, lorsque deux maisons de commerce, situées<br />

dans les mêmes circonstances et exerçant la même industrie, avec un capital chacune de<br />

cent mille francs, gagnent, année commune, l’une 24000 francs, l’autre 6000, c’est-à-dire,<br />

en tout 30000 francs, on peut supposer que le terme moyen de gains de ce genre de<br />

commerce, qui comprennent à la fois les profits résultants des talents industriels et ceux des<br />

capitaux, s’élève à 15000 francs. Et si la plus habile industrie a rendu 18000 francs de plus<br />

que la moindre, nous pouvons supposer qu’une habileté moyenne rend 9000 francs. Or,<br />

9000 francs, produit d’une industrie ordinaire, déduits de 15000 francs, produit des talents<br />

industriels et des services capitaux réunis, laissent 6000 francs de profits attribuables au<br />

capital seulement, ou 6 pour cent.<br />

Plusieurs économistes, sur ce fondement que les capitalistes donnent toujours la<br />

préférence, toutes choses d’ailleurs égales, aux emplois qui rapportent le plus, présument<br />

que les profits des capitaux s’égalisent par la concurrence, et que, si nous voyons des<br />

capitaux, egagés dans des entreprises périlleuses rapporter de plus gros profits que d’autres,<br />

cette supériorité ne provient que d’une prime d’assurance suffisante pour compenser les<br />

pertes auxquelles le capital est exposé. Ils affirment en conséquence que, les pertes<br />

déduites, un capital ne rapporte pas plus qu’un autre. Mais quand on observe les faits dans<br />

la nature, on s’aperçoit qu’ils ne suivent pas une marche si simple et si rigoureuse.<br />

Bien que les capitaux disponibles se composent de valeurs transportables, et même<br />

facilement transportables, ils ne se rendent pas aussi facilement qu’on serait tenté de le<br />

croire, dans les lieux où ils obtiendraient de meilleurs profits. Le capitaliste qui en est<br />

propriétaire ou l’entrepreneur auquel on pourrait le confier, sont obligés d’entrer dans<br />

beaucoup de considérations, indépendamment de celle qui les porte à tirer de leur capital le<br />

plus gros profit. On répugne à le transporter chez l’étranger, ou dans un climat inhospitalier,<br />

ou même dans une province qui présente peu de ressources pour les plaisirs et la société. On<br />

s’est toujours plaint des propriétaires qui négligent de faire à leurs terres les améliorations<br />

les plus profitables, parce qu’il faudrait s’en occuper et les habiter constamment. Les gens<br />

riches préfèrent le séjour des grandes villeset les entreprises dont elles peuvent être le siége.<br />

Les villes sont le marché où les capitaux sont le plus abondants ; et cependant il est difficile<br />

de les y emprunter pour aller les faire valoir ailleurs, parce que les capitalistes n’aiment pas<br />

à les perdre de vue et à se trouver hors de portée d’en surveiller l’emploi.<br />

Ce n’est pas tout : un capital ne rapporte un profit que lorsqu’il est mis en œuvre par le<br />

talent ; et quoique le talent et la conduite aient la principale part au profit qui résulte de leur<br />

travail commun, on ne saurait nier que ce profit est fort augmenté par l’augmentation du<br />

capital dont le talent dispose 347 . Or, si un capital rapporte plus ou moins selon qu’on le fait<br />

347 C’est le fondement sur lequel Smith, et après lui la plupart des économistes anglais prétendent que le profit<br />

est en raison du capital d’une entreprise et non de l’industrie de son entrepreneur. Smith suppose (livre I, chap.<br />

6) deux manufactures établies dans un même endroit où la concurrence de plusieurs arts a borné les profits qu’on<br />

fait dans les manufactures en général, à dix pour cent du capital qu’on y emploie. Si l’une de ces manufactures<br />

s’exerce sur des matières de peu de valeur, elle pourra marcher avec un capital de 1000 livres sterling, et

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!