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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Smith manque de clarté en beaucoup d’endroits, et de méthode presque partout. Pour le<br />

bien entendre, il faut être habitué soi-même à coordonner ses idées, à s’en rendre compte ;<br />

et ce travail met le livre hors de la portée de la plupart des lecteurs, du moins dans quelquesunes<br />

de ses parties ; tellement que des personnes éclairées d’ailleurs, faisant profession de le<br />

connaître et de l’admirer, ont écrit sur des matières qu’il a traitées, sur l’impôt, par exemple,<br />

sur les billets de banque, comme supplément de la monnaie, sans avoir entendu un seul mot<br />

de sa théorie sur ces matières, laquelle forme cependant une des plus belles parties de son<br />

livre.<br />

Ses principes fondamentaux ne sont point établis dans des parties consacrées à leur<br />

développement. On en trouve plusieurs répandus dans les deux excellentes réfutations qu’il<br />

a faites, d’une part, du système exclusif ou mercantile, et de l’autre, du système des<br />

économistes, et ils ne se trouvent point ailleurs. Les principes qui ont rapport au prix réel et<br />

au prix nominal des choses, se trouvent dans une dissertation sur la valeur des métaux<br />

précieux dans les quatre derniers siècles ; les notions sur les monnaies se trouvent dans le<br />

chapitre des traités de commerce.<br />

On a encore reproché avec raison au même auteur ses longues digressions. Sans doute<br />

l’histoire d’une loi, d’une institution, est instructive en elle-même, comme un dépôt de<br />

faits ; mais dans un livre consacré au développement des principes généraux, les faits<br />

particuliers, quand ils ne servent pas uniquement d’exemples et d’éclaircissements, ne font<br />

que surcharger inutilement l’attention. C’est un magnifique hors-d’œuvre que le tableau<br />

qu’il trace des progrès des nations d’Europe après la chute de l’empire romain. On en peut<br />

dire autant de cette discussion pleine d’un vrai savoir, de philosophie, et même de finesse,<br />

et si prodigieusement instructive elle-même, sur l’instruction publique.<br />

Quelquefois ces dissertations ne tiennent que par un fil à son sujet, à l’occasion des<br />

dépenses publiques, il donne une histoire très curieuse des différentes façons de faire la<br />

guerre chez différents peuples et à diverses époques, et il explique par là les succès<br />

militaires qu’ils ont obtenus et qui ont décidé de la civilisation de plusieurs contrées de la<br />

terre.<br />

Quelquefois même ces longues digressions sont dépourvues d’intérêt pour tout autre<br />

peuple que pour les anglais. Telle est la longue estimation des avantages que recueillerait la<br />

Grande-Bretagne, si elle admettait toutes ses possessions à se faire représenter dans le<br />

parlement.<br />

L’excellence d’un ouvrage littéraire se compose autant de ce qui ne s’y trouve pas que de<br />

ce qui s’y trouve. Tant de détails grossissent le livre, non pas inutilement, mais inutilement<br />

pour son objet principal, qui est le développement des principes de l’économie <strong>politique</strong>. De<br />

même que Bacon a fait sentir le vide de la philosophie d’Aristote, Smith a fait sentir la<br />

fausseté de tous les systèmes d’économie ; mais il n’a pas plus élevé l’édifice de cette<br />

science, que Bacon n’a créé la logique. C’est déjà une assez belle obligation que nous avons<br />

à l’un comme à l’autre, que d’avoir ôté à leurs successeurs la malheureuse possibilité de<br />

marcher longtemps avec succès dans une mauvaise route 33 .<br />

33 Depuis Smith, on a fait, soit en Angleterre, soit en France, sur l’économie <strong>politique</strong>, un grand nombre de<br />

brochures, dont quelques-unes ont plusieurs volumes, sans en être moins des brochures, c’est-à-dire sans qu’on<br />

ait plus de motifs de les conserver comme dépôts d’une instruction durable. La plupart sont des écrits<br />

polémiques, où des principes ne sont posés que pour servir d’appui à une thèse donnée ; mais où l’on peut<br />

cependant recueillir des faits précieux, et même des principes sains, lorsqu’ils sont favorables au but principal de<br />

leurs auteurs. Tels sont l’Essai sur les finances de la Grande-Bretagne, par Gentz, qui est une apologie du

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