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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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viendrait à décupler dans le monde, que les capitaux disponibles pourraient n’être pas plus<br />

abondants 343 .<br />

C’est donc bien à tort qu’on se sert du mot intérêt de l’argent, et c’est probablement à<br />

cette expression vicieuse qu’on doit d’avoir regardé l’abondance ou la rareté de l’argent<br />

comme pouvant influer sur le taux de l’intérêt<br />

344 . Law, Montesquieu, et le judicieux Locke<br />

lui-même, dans un écrit dont le but était de chercher les moyens de faire baisser l’intérêt de<br />

l’argent, s’y sont trompés. Faut-il être surpris que d’autres s’y soient trompés après eux <br />

La théorie de l’intérêt est demeurée couverte d’un voile épais jusqu’à Hume et Smith 345 qui<br />

l’ont levé. Cette matière ne sera jamais claire que pour ceux qui se formeront une idée juste<br />

de ce qui est appelé capital dans tout le cours de cet ouvrage ; qui concevront que,<br />

lorsqu’on emprunte, ce n’est pas telle ou telle denrée ou marchandise qu’n emprunte, mais<br />

une valeur, portion de la valeur du capital prêtable de la société, et que le tant pour cent<br />

qu’on paie pour l’usage de cette portion du capital dépend du rapport entre la quantité de<br />

capitaux qu’on offre de prêter et la quantité qu’on demande à emprunter, en chaque lieu,<br />

sans avoir aucun rapport à la nature de la marchandise, monnaie ou autre, dont on se sert<br />

pour transmettre la valeur prêtée.<br />

II. Des profits des capitaux.<br />

Soit qu’un entrepreneur ait emprunté le capital qui sert à son entreprise, soit qu’il le<br />

possède en toute propriété, il en tire, au moment où il vend ses produits, un profit<br />

indépendant du profit qui représente le salaire de son talent et de ses travaux. L’intérêt<br />

qu’un capitaliste obtient d’un capital prêté est pour nous la preuve qu’on retire un profit<br />

d’un capital qu’on fait valoir. Quel entrepreneur, en effet, pourrait, d’une manière suivie,<br />

consentir à payer un intérêt, s’il ne trouvait pas dans le prix auquel il vend ses produits, un<br />

profit qui l’indemnise tout au moins du loyer que son capital lui coûte Et lorsqu’il est<br />

propriétaire de son capital, si, en faisant valoir par lui-même ce capital, il n’en tirait rien audelà<br />

du salaire de ses peines, n’est-il pas évident qu’il préférerait le prêter pour en tirer un<br />

intérêt, et qu’il louerait séparément ses talents et sa capacité pour en recevoir un salaire 346 <br />

Lors donc qu’on veutanalyser complétement les faits, il convient de distinguer les profits<br />

qu’un entrepreneur retire de son capital, de ce qu’il ne doit qu’à son industrie. Ils sont réels<br />

l’un et l’autre dans toute entreprise qui va bien et qui rembourse la totalité des avances<br />

343 Ceci n’est point contradictoire avec ce qui a été dit ailleurs, qu’une portion importante des monnaies fait<br />

partie des capitaux de la société. Les monnaies, même quand elles représentent un capital, ne font pas, sous leur<br />

forme matérielle, partie du capital disponible de la société : elles ne cherchent pas leur emploi ; il est tout<br />

trouvé ; c’est de servir aux échanges qu’on a besoin de conclure. Cet office accompli dans un lieu, elles vont<br />

dans un autre servir de la même manière, et n’importent plus en aucune façon ni au prêteur ni à l’emprunteur qui<br />

les ont précédemment employées.<br />

344 Si l’intérêt était d’autant plus bas que l’argent est plus abondant, il serait plus bas en Amérique qu’en<br />

Europe : ce qui n’est pas.<br />

345 Voyez les Essais de Hume, deuxième partie, essai 4 ; et Smith, Rich. des Nat., livre II, chap. 4.<br />

Locke et Montesquieu auraient fait dix gros volumes sur l’économie <strong>politique</strong>, qu’il faudrait bien se garder de<br />

les lire. Plus un auteur est ingénieux, et plus il obscurcit la matière qu’il n’entend pas. En effet, un homme<br />

d’esprit n’a pu se payer que de raisons spécieuses, de toutes les plus dangereuses pour le commun des lecteurs,<br />

qui ne possèdent pas assez sûrement les principes, pour découvrir une erreur à la première vue. Dans les sciences<br />

qui ne font que recueillir et classer des observations, comme la botanique, l’histoire naturelle, il faut lire tout.<br />

Dans les sciences où il s’agit de déduire des lois générales de l’observation des faits particuliers, comme la<br />

physique, l’économie <strong>politique</strong>, il ne faut lire que deux ou trois ouvrages, et ne pas les choisir parmi les mauvais.<br />

346 Si, généralement parlant, le prix des produits indemnise l’entrepreneur des frais qu’il fait pour le loyer de<br />

son capital, que devient le principe de David Ricardo, que le prix des choses ne contient rien qui représente les<br />

profits capitaux

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