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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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analogue. Il faut donc que, dans cette profession, les ouvriers gagnent un salaire un peu<br />

supérieur à leur simple existence ; c’est-à-dire qu’ils gagnent de quoi s’entretenir, et, de<br />

plus, de quoi élever leurs enfants.<br />

Si le salaire des ouvriers les plus grossiers ne leur permettait pas d’entretenir une famille<br />

et d’élever des enfants, le nombre de ces ouvriers ne serait pas tenu au complet. La<br />

demande de leur travail deviendrait supérieure à la quantité de ce travail qui pourrait être<br />

mise en circulation ; le taux de leur salaire hausserait, jusqu’à ce que cette classe fût de<br />

nouveau en état d’élever des enfants en nombre suffisant pour satisfaire à la quantité de<br />

travail demandé.<br />

C’est ce qui arriverait si beaucoup d’ouvriers ne se mariaient pas. Un homme qui n’a ni<br />

femme ni enfants peut fournir son travail à meilleur marché qu’un autre qui est époux et<br />

père. Si les célibataires se multipliaient dans la classe ouvrière, non seulement ils ne<br />

contribueraient point à recruter la classe, mais ils empêcheraient que d’autres pussent la<br />

recruter. Une diminution accidentelle dans le prix de la main-d’œuvre, en raison de ce que<br />

l’ouvrier célibataire pourrait travailler à meilleur marché, serait suivie plus tard d’une<br />

augmentation plus forte, en raison de ce que le nombre des ouvriers déclinerait. Ainsi,<br />

quand même il ne conviendrait pas aux chefs d’entreprises d’employer des ouvriers mariés<br />

parce qu’ils sont plus rangés, cela leur conviendrait, dût-il leur en coûter un peu plus, pour<br />

éviter de plus grands frais de main-d’œuvre, qui retomberaient sur eux si la population<br />

déclinait.<br />

Ce n’est pas que chaque profession, prise en particulier, se recrute régulièrement des<br />

enfants qui prennent naissance dans son sein. Les enfants passent de l’une dans l’autre,<br />

principalement des professions rurales aux professions analogues dans les villes, parce que<br />

les enfants s’élèvent à moins de frais dans les campagnes ; j’ai seulement voulu dire que la<br />

classe des manouvriers les plus simples, retire nécessairement, dans les produits auxquels<br />

son travail concourt, une portion suffisante non seulement pour exister, mais encore pour se<br />

recruter 329 .<br />

Quand un pays décline, quand il s’y trouve moins de moyens de production, moins de<br />

lumières, d’activité ou de capitaux, alors la demande des travaux grossiers diminue par<br />

degrés ; les salaires tombent au-dessous du taux nécessaire pour que la classe manouvrière<br />

se perpétue ; elle décroît en nombre, et les élèves des autres classes, dont les travaux<br />

diminuent dans la même proportion, refluent dans les classe immédiatement inférieures.<br />

Quand la prospérité augmente, au contraire, les classes inférieures, non seulement se<br />

recrutent avec facilité elles-mêmes, mais fournissent aux classes immédiatement<br />

supérieures de nouveaux élèves, dont quelques-uns, plus heureux et doués de quelques<br />

qualités plus brillantes, prennent un vol encore plus hardi, et se placent fréquemment dans<br />

les stations les plus élevées de la société.<br />

La main-d’œuvre des gens qui ne vivent pas uniquement de leur travail, est moins chère<br />

que celle des ouvriers en titre. Ils sont nourris ; le prix de leur travail n’est donc point, pour<br />

eux, réglé sur la nécessité de vivre. Il y a telle fileuse dans certains hameaux, qui ne gagne<br />

pas la moitié de sa dépense, bien que sa dépense soit modique ; elle est mère ou fille, soeur,<br />

tante ou belle-mère d’un ouvrier qui la nourrirait quand même elle ne gagnerait absolument<br />

329 Suivant des témoignages recueillis devant un comité de la Chambre des communes d’Angleterre, en 1815,<br />

le haut prix des subsistances, à cette époque, loin de faire hausser les salaires, les avait fait baisser. J’ai moimême<br />

observé un effet pareil dans les disettes qui ont eu lieu en France, en 1811 et 1817. La difficulté de vivre<br />

avait obligé plus de monde à travailler, ou obligé ceux qui déjà travaillaient, à un travail plus opiniâtre ; de là,<br />

surabondance dans la dentée appelée travail. Mais en même temps la classe ouvrière a dû souffrir pendant ces<br />

mêmes époques, et par conséquent diminuer en nombre.

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