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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Le prix deleur travail est réglé par le rapport qui se trouve entre la quantité demandée de<br />

ce genre de travail d’une part, et la quantité qui en est mise en circulation, la quantité<br />

offerte, d’autre part.<br />

Trois causes principales bornent cette dernière quantité, et par conséquent maintiennent à<br />

un taux élevé le prix de cette espèce de travail.<br />

C’est ordinairement l’entrepreneur d’une entreprise industrielle, qui a besoin de trouver<br />

les fonds dont elle exige l’emploi. Je n’en tire pas la conséquence qu’il faut qu’il soit déjà<br />

riche, car il peut exercer son industrie avec des fonds d’emprunt ; mais il faut du moins<br />

qu’il soit solvable, connu pour un homme intelligent et prudent, rempli d’ordre et de<br />

probité, et que, par la nature de ses relations, il soit à portée de se procurer l’usage des<br />

capitaux qu’il ne possède pas par lui-même.<br />

Ces conditions excluent beaucoup de gens du nombre des concurrens.<br />

En second lieu, ce genre de travail exige des qualités morales dont la réunion n’est pas<br />

commune. Il veut du jugement, de la constance, la connaissance des hommes et des choses.<br />

Il s’agit d’apprécier convenablement l’importance de tel produit, le besoin qu’on en aura,<br />

les moyens de production ; il s’agit de mettre en jeu quelquefois un grand nombre<br />

d’individus ; il faut acheter ou faire acheter des matières premières, réunir des ouvriers,<br />

chercher des consommateurs, avoir un esprit d’ordre et d’économie, en un mot, le talent<br />

d’administrer. Il faut avoir une tête habituée au calcul, qui puisse comparer les frais de<br />

production avec la valeur que le produit aura lorsqu’il sera mis en vente. Dans le cours de<br />

tant d’opérations, il y a des obstacles à surmonter, des inquiétudes à vaincre, des malheurs à<br />

réparer, des expédiens à inventer. Les personnes chez qui les qualités nécessaires ne se<br />

trouvent as réunies, font des entreprises avec peu de succès ; ces entreprises ne se<br />

soutiennent pas, et leur travail ne tarde pas à être retiré de la circulation. Il n’y reste par<br />

conséquent que celui qui peut être continué avec succès, c’est-à-dire avec capacité. C’est de<br />

cette façon que la condition de la capacité borne le nombre de gens qui offrent le travail<br />

d’un entrepreneur.<br />

Ce n’est pas tout : un certain risque accompagne toujours les entreprises industrielles ;<br />

quelque bien conduites qu’on les suppose, elles peuvent échouer ; l’entrepreneur peut, sans<br />

qu’il y ait de sa faute, y compromettre sa fortune, et, jusqu’à un certain point, son honneur :<br />

nouvelle raison qui borne d’un autre côté la quantité de ce genre de services qui est offerte,<br />

et les rend un peu plus chers.<br />

Tous les genres d’industrie n’exigent pas, dans celui qui les entreprend, la même dose de<br />

capacité et de connaissances. Un fermier qui est un entrepreneur de culture, n’est pas obligé<br />

de savoir autant de choses qu’un négociant qui trafique avec les pays lointains. Pourvu que<br />

le fermier soit au fait des méthodes routinières de deux ou trois espèces de cultures, d’où<br />

dérive le revenu de sa ferme, il peut se tirer d’affaire. Les connaissances nécessaires pour<br />

conduire un commerce de long cours, sont d’un ordre bien plus relevé. Non seulement il<br />

faut connaître la nature et les qualités des marchandises sur lesquelles on spécule, mais<br />

encore se former une idée de l’étendue des besoins et des débouchés aux lieux où l’on se<br />

propose de les vendre. Il faut en conséquence se tenir constamment au courant des prix de<br />

chacune de ces marchandises en différents lieux du monde. Pour se faire une idée juste de<br />

ces prix, il faut connaître les diverses monnaies et leurs valeurs relatives, qu’on nomme le<br />

cours des changes. Il faut connaître les moyens de transport, la mesure des risques qu’ils<br />

entraînent, le montant des frais qu’ils occasionnent ; les usages, les lois qui gouvernent les<br />

peuples avec qui l’on a des relations ; enfin il faut avoir assez de connaissance des hommes<br />

pour ne point se tromper dans les confiances qu’on leur accorde, dans les missions dont on<br />

les charge, dans les rapports quelconques qu’on entretient avec eux. Si les connaissances<br />

qui font un bon fermier sont plus communes que celles qui font un bon négociant, faut-il

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