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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Quelquefois un manufacturier découvre un procédé, soit pour donner de plus beaux<br />

produits, soit pour produire plus économiquement des choses déjà connues, et, à la faveur<br />

du secret qu’il en garde, il fait pendant plusieurs années, pendant sa vie, il lègue même à ses<br />

enfants des bénéfices qui excèdent le taux commun des profits de son art. Ce manufacturier<br />

fait dans ce cas particulier deux genres d’opérations industrielles : celle du savant, dont il<br />

réserve pour lui seul les avantages, et celle de l’entrepreneur. Mais il est peu d’arts où de<br />

tels procédés puissent longtemps demeurer secrets ; ce qui, au reste, est un bonheur pour le<br />

public ; car lorsque la concurrence des producteurs fait baisser le prix d’un produit, le<br />

revenu de ceux qui le consomment est accru de tout ce qu’ils paiet de moins pour l’obtenir.<br />

Ils appliquent cet excédant à de nouvelles consommations ; la demande qui se fait des<br />

produits en général devient plus considérable, et la condition des producteurs est améliorée.<br />

On comprend que je n’ai entendu parler ici que des revenus qu’on a comme savant. Rien<br />

n’empêche qu’un savant ne soit en même temps propriétaire foncier, capitaliste, ou chef<br />

d’industrie, et qu’il n’ait d’autres revenus sous ces divers rapports.<br />

III. Des profits de l’entrepreneur d’industrie.<br />

Comme il est impossible de conduire une entreprise industrielle sans y employer un<br />

capital, les profits qu’y fait l’entrepreneur comprennent ordinairement les profits de son<br />

industrie et ceux du capital. Une portion de ce capital lui appartient presque toujours en<br />

propre ; une autre portion est fort souvent empruntée ; dans tous les cas, que le capital soit<br />

emprunté ou non, le profit qui résulte du service qu’on en retire, est gagné par<br />

l’entrepreneur, puisqu’il a pris à son compte toutes les chances, bonnes et mauvaises, de la<br />

production. Mais il ne sera question, dans ce paragraphe, que de la portion de ses profits<br />

qu’il peut devoir à ses facultés industrielles, c’est-à-dire à son jugement, à ses talents<br />

naturels ou acquis, à son activité, à son esprit d’ordre et de conduite. Nous verrons plus tard<br />

quelle portion de ses profits l’on peut attribuer aux services productifs rendus par son<br />

capital.<br />

Cette distinction fort délicate est néanmoins très réelle ; car dans les entreprises où<br />

plusieurs personnes sont intéressées, les unes pour leur travail, les autres pour leurs<br />

capitaux, chacune fait valoir les avantages que son contingent apporte à l’entreprise. Les<br />

hommes, même lorsqu’ils n’ont pas analysé leurs droits dans leur détail, savent fort bien les<br />

réclamer dans toute leur étendue 325 .<br />

On peut se rappeler que l’emploi d’un entrepreneur d’industrie a rapport à la seconde des<br />

opérations que nous avons reconnues être nécessaires pour l’exercice de toute industrie<br />

quelconque ; opération qui consiste à faire l’application des connaissances acquises, à la<br />

326<br />

création d’un produit à notre usage . On se rappelle que cette application est nécessaire<br />

dans l’industrie agricole, comme dans l’industrie manufacturière, comme dans l’industrie<br />

commerciale ; et que c’est en cela que consiste le travail du fermier ou cultivateur, du<br />

manufacturier et du négociant. C’est donc la nature des profits de ces trois classes<br />

d’hommes que nous voulons examiner.<br />

325 D’après les lois anglaises, un capitaliste qui n’est pas un simple prêteur touchant un intérêt fixe, mais qui a<br />

une part proportionnelle dans les bénéfices et les pertes d’une entreprise, est considéré comme un associé<br />

gérant ; ce qui explique la confusion que les économistes anglais font presque tous du profit de l’entrepreneur<br />

avec celui du capital.<br />

326 Voyez livre I, ch. 6 de cet ouvrage.

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