15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

connaissances plus utiles, comme seraient les principes élémentaires de la physique, de la<br />

chimie, de la mécanique, et les langues vivantes, précipitent dans les travaux littéraires et<br />

dans la carrière de l’enseignement, beaucoup plus de personnes que ce genre d’occupation<br />

ne peut en faire vivre commodément.<br />

On s’écarte donc des notions de l’expérience la plus commune, quand on prétend qu’au<br />

moyen des compensations, les profits industriels sont les mêmes dans tous les cas. Rejeter<br />

dans les exceptions les exemples qui contraient ce système, c’est détruire la loi qu’on veut<br />

établir ; car ces exemples démentent plus souvent la loi qu’ils ne la confirment ; la règle<br />

alors devient une exception. Mais ce qui ne peut en aucune manière s’accommoder au<br />

système des compensations, ce sont les immenses disparités qu’établit dans les profits<br />

industriels et dans des carrières semblables, la différence des talents acquis. La rareté de<br />

certains talents en proportion des besoins qu’éprouve la société, fait qu’on paie les services<br />

productifs qui en émanent incomparablement plus cher que d’autres. Chez un peuple<br />

nombreux, à peine y a-t-il deux ou trois personnes capables de faire un très beau tableau ou<br />

une très belle statue : aussi se font-elles payer à peu près ce qu’elles veulent, si la demande<br />

est un peu forte ; et quoiqu’il y ait sans contredit une portion de leurs profits qui représente<br />

l’intérêt des avances employées à l’acquisition de leur art, cette portion de profits est petite<br />

relativement à celle qu’obtient leur talent. Un peintre, un médecin, un avocat célèbre, ont<br />

dépensé, soit par eux-mêmes, soit par leurs parens, trente ou quarante mille francs au plus<br />

pour acqurir le talent qui fonde leur revenu : l’intérêt viager de cette somme est quatre mille<br />

francs au plus ; s’ils en gagnent trente, leurs qualités industrielles seules sont payées vingtsix<br />

mille francs par année. Et si l’on appelle biens ou fortune tout ce qui donne des revenus,<br />

on peut évaluer leur fortune à trois cent mille francs, au denier dix, même quand ils n’ont<br />

pas pour un sou de patrimoine.<br />

II. Des profits du savant.<br />

Le savant, l’homme qui connaît le parti qu’on peut tirer des lois de la nature pour l’utilité<br />

des hommes, reçoit une fort petite part des produits de l’industrie, à laquelle cependant les<br />

connaissances dont il conserve le dépôt et dont il recule les bornes, contribuent si<br />

puissamment. Quand on en cherche la raison, on trouve (en terme d’économie <strong>politique</strong>)<br />

que le savant met en quelques instants dans la circulation une immense quantité de sa<br />

marchandise, et d’une marchandise encore qui s’use peu par l’usage ; de manière qu’on<br />

n’est point obligé d’avoir recours à lui de nouveau pour en faire de nouvelles provisions.<br />

On doit souvent les connaissances qui servent de fondement à une foule de procédés<br />

dans les arts, aux études laborieuses, aux réflexions profondes, aux expériences ingénieuses<br />

et délicates, des chimistes, des physiciens, des mathématiciens les plus éminens. Or, ces<br />

connaissances sont contenues dans un petit nombre de pages qui, prononcées dans des<br />

leçons publiques ou répandues par la voie de l’impression, se trouvent jetées dans la<br />

circulation en quantité fort supérieure à la consommation qui peut s’en faire ; ou plutôt elles<br />

s’étedent à volonté sans se consommer, sans qu’on soit obligé, pour se les procurer, d’avoir<br />

de nouveau recours à ceux de qui elles sont originairement émanées.<br />

Conformément aux lois naturelles qui déterminent le prix des services productifs, ces<br />

conseils, ces directions, seront donc médiocrement payés, c’est-à-dire retireront une faible<br />

quote-part dans la valeur des produits auxquels elles auront contribué. Aussi tous les<br />

peuples assez éclairés pour comprendre de quelle utilité sont les travaux scientifiques, ontils<br />

toujours, par des faveurs spéciales et des distinctions flatteuses, dédommagé les savants<br />

du peu de profits attachés à l’exercice de leur inustrie, à l’emploi de leurs talents naturels ou<br />

acquis.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!