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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Nous avons vu les motifs qui favorisent la demande des produits en général. C’est le<br />

nombre, c’est la richesse des consommateurs. En même temps que la civilisation multiplie<br />

leurs besoins, elle étend leurs facultés. Ils désirent plus vivement et paient mieux les<br />

services productifs par le moyen desquels on peut obtenir les produits.<br />

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que la demande de certains produits est<br />

toujours plus soutenue que celle de certains autres. Nous en avons conclu que les services<br />

qui se consacrent à ces genres de production, toutes choses d’ailleurs égales, sont mieux<br />

récompensés que les autres.<br />

Continuant toujours à particulariser davantage, nous examinerons, dans ce chapitre-ci et<br />

dans les suivans, les cas où les profits de l’industrie sont plus ou moins forts relativement à<br />

ceux des capitaux ou des terres, et réciproquement ; de même que les raisons qui font que<br />

les profits de tel emploi de l’industrie ou bien des capitaux, ou bien des terres, sont plus ou<br />

moins considérables que les profits de tel autre emploi.<br />

Et d’abord, comparant les profits de l’industrie avec ceux des capitaux et des terres, nous<br />

trouverons qu’ils sont plus forts là où des capitaux abondants réclament une grande quantité<br />

de qualités industrielles, comme c’était le cas en Hollande avant la révolution. Les services<br />

industriels y étaient très chèrement payés ; ils le sont encore dans les pays, comme les états-<br />

Unis, où la population, et par conséquent les agents de l’industrie, malgré leur rapide<br />

multiplication, restent en arrière de ce que réclament des terres sans bornes et des capitaux<br />

journellement grossis par une épargne facile.<br />

La situation de ces pays est en général celle où la condition de l’homme est la meilleure,<br />

parce que les personnes qui vivent des profits de leurs capitaux et de leurs terres, peuvent<br />

mieux supporter la modicité des profits que ceux qui vivent de leur industrie seulement. Les<br />

premiers, outre la ressource de consommer leurs fonds au besoin, ont celle d’ajouter<br />

quelques profits industriels à leurs autres revenus ; tandis qu’il ne dépend pas d’un homme<br />

industrieux, qui n’est ue cela, de joindre à son revenu industriel celui des capitaux et des<br />

terres qu’il n’a pas.<br />

Venant ensuite à comparer entre eux les services de l’industrie, quel que soit le grade où<br />

l’on se trouve placé, nous observerons que les causes qui bornent la quantité de services<br />

industriels mis en circulation dans chaque genre, peuvent se ranger dans une de ces trois<br />

catégories :<br />

1° Ou les travaux de cette industrie entraînent des dangers, ou simplement des<br />

désagréments ;<br />

2° Ou bien ils ne fournissent pas une occupation constante ;<br />

3° Ou bien ils exigent un talent, une habileté, qui ne sont pas communs.<br />

Il n’y a pas une de ces causes qui ne tende à diminuer la quantité de travail mis en<br />

circulation, dans chaque genre, relativement à la quantité qu’on en demande, et par<br />

conséquent à élever le taux naturel de ses profits. À peine a-t-on besoin que des exemples<br />

viennent à l’appui de propositions si évidentes.<br />

Parmi les agréments ou les désagréments d’une profession, il faut ranger la considération<br />

ou le mépris qui l’accompagne. L’honneur est une espèce de salaire qui fait partie des<br />

profits de certaines conditions. Dans un prix donné, plus cette monnaie est abondante, et<br />

plus l’autre peut être rare, sans que le prix soit diminué. Smith remarque que le littérateur, le<br />

poète, le philosophe, sont presque entièrement payés en considération. Soit raison, soit<br />

préjugé, il n’en est pas tout-à-fait ainsi des professions de comédien, de danseur, et de<br />

plusieurs autres. Il faut bien leur accorder en argent ce qu’on leur refuse en égards. « il<br />

paraît absurde au premier aspect, ajoute Smith, que l’on dédaigne leur personne et qu’on<br />

récompense leurs talents souvent avec la plus somptueuse libéralité. L'un n'est pourtant que

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