15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

mes procédés secrets ; au profit du consommateur, lorsque la publicité des procédés me<br />

force, par la concurrence qu’elle établit, à baisser mon prix au niveau des frais de<br />

production.<br />

Quelles que soient les transformations que les échanges font subir à la valeur des<br />

services productifs qui composent primitivement tout revenu, ce revenu est toujours existant<br />

jusqu’à ce qu’il soit détruit par la consommation. Si mon revenu est le service productif<br />

d’une terre, il existe encore après qu’il est, par la production, changé en sacs de blé ; il<br />

existe encore quand ces sacs de blé sont changés en écus, quoique l’acheteur de mon blé<br />

l’ait consommé. Mais lorsque j’ai acheté une chose avec ces écus, et que j’ai consommé ou<br />

fait consommer cette chose, dès ce moment la valeur qui composait mon revenu a cessé<br />

d’exister ; mon revenu est consommé, détruit, bien que les écus dans lesquels il a été<br />

passagèrement transformé subsistent encore. Il ne faut pas croire qu’il soit perdu pour moi<br />

seul, et qu’il continue à exister pour ceux entre les mains de qui ont passé les écus. Il est<br />

perdu pour tout le monde. Le possesseur des mêmes écus n’a pu les obtenir qu’au prix d’un<br />

autre revenu, ou d’un fonds dont il a disposé.<br />

Lorsqu’on ajoute à un capital des valeurs qui proviennent d’un revenu, elles cessent<br />

d’exister comme revenu, et ne peuvent plus servir à la satisfaction des besoins de leur<br />

possesseur ; elles existent comme capital ; elles sont consommées à la manière des capitaux,<br />

consommation qui n’est qu’une espèce d’avance dont on est remboursé par la valeur des<br />

produits.<br />

Quand n loue son capital, ou sa terre, ou son temps, on abandonne au locataire ou<br />

entrepreneur, les services de ces fonds productifs, moyennant une somme ou une quantité<br />

de produits déterminée d’avance. C’est une espèce de marché à forfait, sur lequel le<br />

locataire peut perdre ou gagner, selon que le revenu réel (les produits qu’il a obtenus au<br />

moyen des fonds dont on lui a laissé l’usage) vaut moins ou vaut plus que le prix qu’il en<br />

paie. Mais il n’y a pas pour cela double revenu produit. Quand même un capital prêté à un<br />

entrepreneur, rapporterait à ce dernier 10 pour cent par an, au lieu de 5 pour cent qu’il paie<br />

peut-être à son prêteur, le revenu provenant du service rendu par le capital ne serait pas<br />

néanmoins de 10 pour cent ; car ce revenu comprend à la fois une rétribution pour le service<br />

productif du capital, et une autre rétribution pour le service productif de l’industrie qui le<br />

met en action.<br />

En me résumant, le revenu réel d’un particulier est proportionné à la quantité de produits<br />

dont il peut disposer, soit directement par ses fonds productifs, soit après avoir effectué les<br />

échanges qui mettent son revenu primitif sous une forme consommable. Cette quantité de<br />

produits, ou, si l’on veut, l’utilité qui réside en eux, ne peut être évaluée que par le prix<br />

courant que les hommes y mettent. C’est en ce sens que le revenu d’une personne est égal à<br />

la valeur qu’elle tire de ses fonds productifs ; mais cette valeur est d’autant plus grande par<br />

rapport aux objets de sa consommation, que ceux-ci sont à meilleur marché, puisque alors<br />

cette même valeur la rend maîtresse d’une plus grande quantité de produits.<br />

Par la même raison, le revenu d’une nation est d’autant plus considérable que la valeur<br />

dont il se compose (c’est-à-dire la valeur de tous ses services productifs) est plus grande, et<br />

la valeur des objets qu’il est destiné à acheter plus petite. La valeur des services productifs<br />

est même nécessairement considérable, quand celle des produits l’est peu ; car la valeur se<br />

composant de la quantité de choses qu’on peut obtenir dans un échange, les revenus (les<br />

services des fonds productifs de la nation) valent d’autant plus, que les produits qu’ils<br />

obtiennent sont abondants et à bas prix.<br />

Après les considérations contenues dans ce chapitre et dans les trois précédens, qui<br />

étaient nécessaires pour fixer nos idées sur les valeurs produites, il nous reste à comprendre<br />

la manière et les proportions suivant lesquelles elles se distribuent dans la société.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!