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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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à-dire ma terre, mon capital et mon travail, n’ont-ils pas pour ainsi dire grandi avec mon<br />

revenu, et ne suis-je pas devenu plus riche <br />

C’est ainsi que se rattachent les principes relatifs aux revenus des particuliers avec la<br />

maxime, que les revenus des nations sont d’autant plus considérables, que les produits y<br />

sont à meilleur marché ; proposition qui, au premier abord, semble, mais n’est pas<br />

contradictoire avec celle qui fait consister la richesse dans la valeur des choses qu’on<br />

possède. Le fonds de notre fortune se compose de nos fonds productifs ; le premier revenu<br />

qui en sort, ce sont les services productifs. Lorsque peu de services suffisent pour procurer<br />

beaucoup de produits, ceux-ci sont à meilleur marché, non seulement par rapport aux<br />

services qui les ont créés, mais par rapport aux revenus des autres particuliers. Or, des<br />

produits moins chers par rapport à tous les revenus, rendent tous les revenus plus<br />

considérables ; car on est d’autant plus riche que l’on peut acheter plus de choses.<br />

Les mêmes principes nous font voir combien on a des idées peu justes de la richesse<br />

respective de deux nations quand on se contente de comparer la somme de leurs revenus. La<br />

plus riche est celle dont les revenus peuvent acheter le plus de choses. Son aisance dépend<br />

du rapport de deux quantités qui sont dans la nation même, et non de deux quantités dont<br />

l’une est en elle-même et l’autre en dehors. Pour avoir, je ne dis pas une comparaison<br />

exacte de l’aisance de deux nations (comparaison que je crois impossible), mais une<br />

estimation approximative de leur aisance respective, il faudrait pouvoir comparer la quantité<br />

de produits qu’on peut obtenir chez l’une et chez l’autre d’une même quantité de services<br />

productifs.<br />

Dans une société un peu avancée, chaque particulier consomme beaucoup moins les<br />

produits qu’il a créés que ceux qu’il achète avec ceux qu’il a créés. Ce qu’il y a de plus<br />

important pour chaque producteur, c’est donc la quantité des produits qui ne sont pas de sa<br />

création, et qu’il pourra obtenir avec ceux qui sortiront de ses mains. Si mes terres, mes<br />

capitaux et mes facultés sont engagés par exemple, dans la culture du safran, ma<br />

consommation de safran étant nulle, mon revenu se compose de la quantité de choses que je<br />

pourrai acheter avec ma récolte de safran ; et cette quantité de choses sera plus considérable<br />

si le safran renchérit, mais aussi le revenu des acheteurs de safran sera diminué de tout<br />

l’excédant de prix que je parviendrai à leur faire payer.<br />

L’effet contraire aura lieu si je suis forcé de vendre mes produits à bas prix. Alors le<br />

revenu des acheteurs evient plus considérable, mais c’est aux dépens du mien.<br />

Il ne faut pas perdre de vue que lorsque je parle ici de bas prix, de prix élevé, je<br />

n’entends parler que du rapport entre les produits que l’on vend et ceux que l’on achète, et<br />

nullement du prix en monnaie qui ne sert que comme un moyen d’évaluer les uns et les<br />

autres, et qui n’a aucune influence sur l’importance des revenus. Si l’argent est précieux et<br />

cher, on m’en donnera moins pour le produit qui est de ma création ; mais aussi je n’aurai<br />

pas tant à en donner pour le produit qui doit satisfaire à mes besoins ; tandis que si je suis<br />

obligé de donner beaucoup du produit que je fais pour recevoir peu de ceux que je<br />

consomme, quelle que soit la valeur de l’argent, mon revenu est moins considérable.<br />

C’est seulement sous ce rapport que la valeur relative des produits affecte les revenus des<br />

particuliers ; etles gains qu’un changement accidentel qui survient dans cette valeur, procure<br />

aux uns, est compensé par la perte qui en résulte pour les autres. Quant au revenu général de<br />

la nation, il n’est affecté que par un changement dans la quantité de services que je fournis<br />

par rapport à la quantité de produits que j’obtiens. Quand j’économise sur mes frais de<br />

production, et que je trouve le moyen, par exemple, de faire venir sur un arpent ce qui en<br />

exigeait deux, de terminer en deux jours ce qu’on ne pouvait exécuter qu’en quatre, etc., dès<br />

ce moment le revenu de la société est accru de tout ce que j’épargne. Mais au profit de qui<br />

cet accroissement de revenu tourne-t-il à mon profit aussi longtemps que je réussis à tenir

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