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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Déjà, en 1514, le setier de blé étant à 26 sous, et le marc d’argent fin à 12 livres tournois,<br />

on donnait 333 grains d’argent pour la quantité de froment contenue dans ce que nous<br />

appelons maintenant un hectolitre 302 .<br />

En 1536, sous François Ier, le prix du setier étant de 3 livres 1 sou 11 deniers, et le marc<br />

d’argent fin s’appelant 13 livres tournois, l’hectolitre de froment se faisait payer 731 grains<br />

d’argent pur.<br />

En 1610, année de la mort d’Henri Iv, le prix commun du blé étant de 8 livres 1 sou 9<br />

deniers, et le marc d’argent fin se nommant 22 livres tournois, l’hectolitre de froment valait<br />

autant que 1130 grains d’argent.<br />

En 1640, le prix du setier étant de 12 livres 10 sous, et le marc d’argent fin contenant 30<br />

livres tournois, l’hectolitre valait 1280 grains d’argent.<br />

En 1789, le prix commun du setier de blé étant, suivant Lavoisier, de 24 livres tournois,<br />

et le marc d’argent fin à 54 livres 19 sous, l’hectolitre valait 1342 grains d’argent.<br />

Enfin, en 1820, en supposant le prix commun du blé froment à 19 francs l’hectolitre 303 ,<br />

nous trouvons qu’un hectolitre vaut autant que 1610 grains d’argent fin.<br />

Il semblerait donc que l’argent, à partir du temps d’Alexandre, a graduellement<br />

augmenté de valeur jusque vers le temps de Charles Vii et de la pucelle d’Orléans. Cette<br />

époque est celle où l’on a donné le moins de grains d’argent fin pour une même quantité de<br />

froment. À partir de cette époque, on a commencé à en donner un peu plus ; et, sauf<br />

probablement des oscillations qui nous échappent à cause du peu d’exactitude qu’on a mise<br />

à nous conserver le prix courant des blés, et les différences de prix d’un lieu à l’autre, la<br />

quantité d’argent offerte pour acheter du blé a constamment augmenté jusqu’à nos jours.<br />

En corrigeant les unes par les autres les données plus ou moins imparfaites qu’il a été<br />

possible de recueillir sur le prix en argent du blé jusqu’à la fin du quinzième siècle, nous<br />

aurons, pour tous les temps qui ont précédé la découverte du nouveau-monde, un prix<br />

commun de 268 grains d’argent fin pour l’hectolitre de froment. Il en faut donner<br />

aujourd’hui six fois autant ; d’où nous pouvons conclure que la valeur propre de l’argent a<br />

décliné dans la proportion de six à un 304 .<br />

302 Le setier de blé est ici compté pour peser 240 livres, poids de marc, et l’hectolitre 160 livres. Le rapport<br />

entre ces deux mesures est, à très peu de chose près, comme 3 à 2.<br />

303 Le prix moyen de l’hectolitre de froment, relevé sur les mercuriales du marché de Roye en Picardie, depuis<br />

les années 1796 à 1816, en retranchant les deux années de plus grande cherté et de plus grande abondance, m’a<br />

donné 16 fr. 20.<br />

Le prix moyen du même hectolitre à la halle de Paris, de 1801 à 1819, en retranchant de même les deux plus<br />

fortes et les deux plus faibles années, est de 19 fr. 79.<br />

Le prix moyen du même hectolitre pour toute la France, pendant les années 1799 à 1810, suivant un rapport du<br />

ministre de l’Intérieur, du 25 juillet 1811, est de 19 fr. 82.<br />

Le marché de Roye, situé au centre d’une province à blé, et constatant son prix avant qu’il ait subi un transport,<br />

qui presque partout fait une partie de sa valeur, donne un prix commun trop bas. Les autres, embrassant des<br />

cantons où il fut fait des approvisionnements Pour les armées, donnent un prix probablement un peu trop élevé.<br />

Je ne crois pas m’éloigner beaucoup de la vérité en fixant le prix ordinaire du blé à 19 francs. Ce prix fait revenir<br />

le pain à 3 1/4 sous la livre.<br />

304 Garnier, qui a fait des recherches fort étendues sur les monnaies des Anciens, arrive au même résultat par<br />

des calculs différents. Il montre que chez les Anciens l’argent achetait 6000 fois son poids en blé, tandis que<br />

chez nous il n’achète qu’environ mille fois son poids. (Voyez son Histoire des Monnaies, tome Il, p. 328 et p.<br />

355.)<br />

Dans les premières éditions de ce Traité, j’avais cru pouvoir établir que l’argent avait baissé seulement dans le<br />

rapport de 4 à 1. Le nouveau résultat que j’annonce tient d’abord au choix des nouvelles données que j’ai prises<br />

pour bases, et qui me semblent meilleures, et de plus à la grande dépréciation de l’argent depuis 1789, époque où

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