15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Si une banque ne peut pas sans de graves inconvénients faire des prêts en ses billets<br />

contre des obligations qui ne sont pas prochainement exigibles, elle peut y appliquer, avec<br />

de grands avantages pour le public, les capitaux de ses actionnaires, lorsqu’on les lui<br />

emprunte pour les employer à des usages reproductifs. Si la banque actuelle de France, au<br />

lieu de prêter au gouvernement d’alors son capital de 90 millions qui fut dissipé en<br />

conquêtes désastreuses, l’eût prêté sur de solides hypothèques à des propriétaires fonciers<br />

pour améliorer leurs terres, elle serait rentrée successivement dans ses avances, elle aurait<br />

fait des prêts semblables à d’autres propriétaires, et aurait ainsi fertilisé des provinces<br />

entières sans compromettre les capitaux de ses actionnaires qui n’ont, au lieu de cela, pour<br />

gage de leurs fonds, que la bonne volonté du gouvernement.<br />

Toute banque émettant des billets de confiance, si elle est bien administrée et hors des<br />

atteintes du pouvoir, ne fait courir presqu’aucun risque aux porteurs de ces billets. Le plus<br />

grand malheur qui puisse leur arriver, en supposant qu’un défaut absolu de confiance fasse<br />

venir à la fois tous ses billets à remboursement, est d’être payés en bonnes lettres de change<br />

à courte échéance, avec la bonification de l’escompte, c’est-à-dire, d’être payés avec ces<br />

mêmes lettres de change que la banque a achetées au moyen de ses billets. Si la banque a un<br />

capital à elle, c’est une garantie de plus ; mais dans un pays soumis à un pouvoir sans<br />

contrôle, ou qui n’a qu’un contrôle illusoire, ni cette garantie, ni celle des lettres de change<br />

en porte-feuille, ne sont d’aucune valeur. En de tels pays il n’y a d’autre garantie que la<br />

<strong>politique</strong> du cabinet dirigeant, et il n’y a point de confiance qui ne soit une imprudence.<br />

Une banque d’escompte, au moyen des avances qu’elle fait au commerce et des facilités<br />

qu’elle procure à la circulation, offre des avantages qu’on ne saurait contester, mais qui ont<br />

été exagérés par ignorance ou dans des vues d’intérêt personnel. Le lecteur a pu voir au<br />

chapitre xxvi, sur les papiers-monnaies, que dans la supposition même où l’instrument des<br />

échanges serait en entier de papier, et permettrait de disposer autrement de toutes les valeurs<br />

métalliques, un pays n’y gagnerait qu’une augmentation de capital égale à la somme des<br />

monnaies, laquelle est bornée par les besoins de la circulation, et ne forme qu’une médiocre<br />

portion des capitaux productifs d’une nation. Quant à la somme qu’un pays peut admettre<br />

en billets de confiance, loin d’égaler la somme des monnaies, elle n’en peut remplacer<br />

qu’une assez faible partie. Leur circulation n’est fondée que sur la confiance du public dans<br />

la solvabilité des banques ; or, la confiance du public est facile à s’alarmer. Les banques ont<br />

besoin d’être fort multipliées pour rapprocher les caisses de remboursement de tous les<br />

porteurs de billets. En Angleterre, les billets des banques de province n’ont pas cours hors<br />

de la province dont l’étendue n’est jamais considérable 281 ; en France, des succursales de la<br />

banque de France ont eu de la peine à faire passer dans la circulation des billets au porteur<br />

dans les villes considérables, centre d’un grand commerce, telles que Lyon et Rouen. Les<br />

réserves en monnae métallique que la prudence les oblige de garder en caisse, et qui se<br />

montent quelquefois à un tiers ou moitié de leurs billets en circulation, sont un capital<br />

dormant qui borne d’autant la somme des capitaux qu’elles procurent à l’industrie. Enfin la<br />

valeur d’un billet au porteur ne peut se soutenir qu’autant qu’il reste dans la circulation des<br />

masses importantes de monnaies conservant une valeur propre supérieure à la valeur du<br />

métal dont elles sont faites ; or, des billets au porteur trop multipliés déprécient les<br />

multiplication, a déprécié l’agent de la circulation, et, par suite, fait disparaître le numéraire métallique, c’est une<br />

folie de s’imaginer que l’agent de la circulation sera moins déprécié si on le multiplie davantage. Les billets de la<br />

Banque d’Angleterre ont, au contraire, conservé de la valeur, parce qu’on a mis un terme à leur multiplication au<br />

moment où ils remplissaient seuls l’office de monnaie.<br />

281 Les billets de la Banque d’Angleterre, dont le siège est à Londres, ont eu cours dans toutes les îles<br />

Britanniques ; mais ce n’était pas en qualité de billets de confiance, c’était comme papier-monnaie. (Voyez-en<br />

les raisons au chap. 26.)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!