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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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de la banque pour la mettre en circulation, ce serait donc perdre gratuitement le surplus de<br />

valeur que la monnaie de banque a par-dessus l’autre.<br />

Tel est le but de l’établissement des banques de dépôts : la plupart ont ajouté quelques<br />

opérations à celles qui découlaient de l’objet principal de leur institution ; mais ce n’est pas<br />

ici le lieu d’en parler.<br />

Le bénéfice des banques de dépôt se tire d’un droit qu’on leur paie sur chaque transfert,<br />

et de quelques opérations compatibles avec leur institution, comme des prêts sur dépôts de<br />

lingots.<br />

On voit qu’une des conditions essentielles à la fin qu’elles se proposent, est<br />

l’inviolabilité du dépôt qui leur est confié. À Amsterdam, les quatre bourgmestres, ou<br />

officiers municipaux, en étaient garants. Chaque année, à la fin de l’exercice de leurs<br />

fonctions, ils le remettaient à leurs successeurs, qui, après l’avoir vérifié, en le comparant<br />

avec les registres de la banque, s’obligeaient sous serment à le remettre intact aux<br />

magistrats qui devaient les remplacer. Ce dépôt fut respecté depuis l’établissement de la<br />

banque, en 1609, jusqu’en 1672, époque où l’armée de Louis XIV pénétra jusqu’à Utrecht.<br />

Alors il fut rendu aux dépositeurs. Il praît que postérieurement le dépôt de la banque ne fut<br />

pas si religieusement gardé ; car lorsque les français s’emparèrent d’Amsterdam, en 1794, et<br />

qu’il fallut déclarer l’état des caisses, il se trouva que sur ce dépôt on avait prêté, soit à la<br />

ville d’Amsterdam, soit à la compagnie des Indes, soit aux provinces de Hollande et de<br />

West-Frise, une somme de 10624793 florins, que ces corporations étaient hors d’état de<br />

restituer.<br />

On pourrait craindre qu’un semblable dépôt fut moins respecté encore dans un pays où<br />

l’autorité publique s’exercerait sans responsabilité ni contrôle.<br />

III. Des banques d’escompte, et des billets au porteur.<br />

Il y a d’autres banques fondées sur des principes tout différents : ce sont des associations<br />

de capitalistes qui fournissent par actions des fonds avec lesquels elles font divers services<br />

utiles au public et dont elles retirent un profit. Leur principale opération consiste à<br />

escompter des lettres de change ; c’est-à-dire à en payer le montant par anticipation, en<br />

retenant un escompte ou intérêt proportionné à l’éloignement de leur échéance.<br />

Si les banques d’escompte se bornaient à escompter des lettres de change à terme, au<br />

moyen seulement du capital de leurs actionnaires, les avances qu’elles pourraient faire se<br />

borneraient à l’étendue de ce capital. Elles en accroissent ordinairement la somme en<br />

mettant en circulation des billets au porteur, payables à vue, qui tiennent lieu de monnaie,<br />

aussi longtemps que le public leur accorde sa confiance et les reçoit comme argent<br />

comptant. Le public trouve dans cet arrangement des avances pour une somme plus forte, et<br />

la banque y gagne, outre l’intérêt des capitaux fournis par ses actionnaires, l’intérêt de ses<br />

billets en circulation. Il s’agit de savoir quelles sont ls bornes de ce double avantage et<br />

l’abus qu’on en peut faire. C’est une des plus belles démonstrations de Smith ; mais elle n’a<br />

pas été comprise de tout le monde. Essayons de la rendre usuelle.<br />

Quelle cause fait que le public accorde sa confiance aux billets d’une banque et les reçoit<br />

en paiement à l’égal de la monnaie C’est la persuasion où chacun est qu’il peut à chaque<br />

instant et sans peine les échanger, s’il veut, contre de la monnaie. Je dis sans peine, à<br />

chaque instant ; car autrement on préfèrerait la monnaie, puisque celle-ci a, pour celui qui la<br />

possède, sans qu’il se donne aucune peine, et à tous les instants, valeur de monnaie. Pour<br />

qu’il jouisse des mêmes avantages, il faut que la caisse où il peut toucher au besoin l’argent<br />

de ses billets, soit à la portée, et qu’elle ait les moyens de les acquitter à présentation. Pour<br />

les acquitter ainsi, il faut que la banque ait en sa possession, non seulement des valeurs de

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