15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L’empreinte, quand elle est saillante, doit l’être peu, pour que les pièces se tiennent<br />

facilement empilées, et surtout pour qu’elles soient moins exposées à l’action du frottement.<br />

Par la même raison, les traits d’une empreinte saillante ne doivent pas être déliés : le<br />

frottement les emporterait trop aisément. On a proposé, dans ce but, de faire des empreintes<br />

en creux. Elles auraient l’inconvénient de se remplir de malpropretés. On pourrait<br />

néanmoins en essayer.<br />

Les motifs pour donner en général aux pièces de monnaie le moins de surface possible<br />

doivent engager à faire les pièces aussi grosses qu’on le peut sans incommodité ; car plus<br />

elles sont divisées, plus elles présentent de surface. Il ne faut fabriquer de petites pièces de<br />

métal précieux, que ce qui est absolument nécessaire pour les petits échanges et les<br />

appoints, et avoir de grosses pièces pour tous les gros paiements.<br />

C’est une question de savoir par qui doit être supportée la perte résultante du frai des<br />

pièces de monnaie. Dans l’exacte justice, cette usure devrait être, comme en toute autre<br />

espèce de marchandise, supportée par celui qui s’est servi de la monnaie. Un homme qui<br />

revend un habit après l’avoir porté, le revend moins cher qu’il ne l’a acheté. Un homme qui<br />

vend un écu contre de la marchandise, devrait le vendre moins cher qu’il ne l’a acheté,<br />

c’est-à-dire, recevoir en échange moins de marchandise qu’il n’en a donné.<br />

Mais la portion de l’écu usée en passant par les mains d’un seul honnête homme, est si<br />

peu de chose, qu’il est presque impossible de l’évaluer. Ce n’est qu’après aoir circulé<br />

pendant plusieurs années, que son poids a sensiblement diminué, sans qu’on puisse dire<br />

précisément entre les mains de qui cette diminution a eu lieu. Je sais fort bien que chacun de<br />

ceux entre les mains de qui l’écu a passé, a supporté, sans s’en apercevoir, la dégradation<br />

occasionnée dans sa valeur échangeable par l’usure ; je sais que chaque jour l’écu a dû<br />

acheter un peu moins de marchandises ; je sais que cette diminution, qui n’est pas sensible<br />

d’un jour à l’autre, le devient au bout d’un certain nombre d’années, et qu’une monnaie<br />

usée achète moins de marchandises qu’une monnaie neuve. Je crois en conséquence que, si<br />

une espèce entière de pièces de monnaie se dégradait successivement, au point d’exiger une<br />

refonte, les possesseurs de ces pièces, au moment de la refonte, ne pourraient<br />

raisonnablement exiger que leur monnaie dégradée fût échangée contre une monnaie neuve,<br />

pièce pour pièce et troc pour troc. Leurs pièces ne devraient être prises, même par le<br />

gouvernement, que pour ce qu’elles valent réellement ; elles contiennent moins d’argent que<br />

dans leur origine, mais aussi les ont-ils eues à meilleur compte, puisque, pour les avoir, ils<br />

n’ont donné qu’une quantité de marchandise inférieure à ce qu’ils auraient donné dans<br />

l’origine.<br />

Telle est en effet la rigueur du principe ; mais deux considérations doivent empêcher de<br />

s’y tenir.<br />

1° Les pièces de monnaie ne sont pas une marchandise individuelle, si je peux ainsi<br />

m’exprimer. Leur valeur dans les échanges s’établit, non pas précisément sur le poids et la<br />

qualité des pièces actuellement offertes, mais sur le poids et la qualité qu’on sait, par<br />

expérience, exister dans la monnaie du pays prise au hasard et par grandes masses. Un écu<br />

un peu plus ancien, un peu plus usé, passe sur le même pied qu’un plus entier : l’un<br />

compense l’autre. Chaque année les hôtels des monnaies frappent de nouvelles pièces, qui<br />

contiennent tout le métal pur qu’elles doivent avoir ; et dans cet état de choses, la valeur de<br />

la monnaie n’éprouve pas, même au bout d’un grand nombre d’années, du moins pour cause<br />

d’usure, une diminution dans sa valeur.<br />

C’est ce qui pouvait s’observer dans nos pièces de 12 et de 24 sous, qui, par la facilité<br />

qu’elles avaient de passer concurremment avec les écus de six livres, conservaient une<br />

valeur égale aux écus, quoique dans la même somme nominale il y eût environ un quart<br />

moins d’argent dans les pièces usées de 12 et 24 sous, que dans les écus.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!