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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Des expériences faites par l’académie des sciences prouvent que l’or et l’argent purs<br />

résistent moins au frottement que lorsqu’ils ontiennent un peu d’alliage ; les monnayeurs<br />

disent, de plus, que, pour les épurer complétement, il faudrait des manipulations<br />

dispendieuses, qui renchériraient beaucoup la fabrication des monnaies. Qu’on mêle donc à<br />

l’or et à l’argent une certaine quantité d’alliage ; mais que cette quantité soit annoncée par<br />

l’empreinte, qui ne doit être autre chose qu’une étiquette certifiant le poids et la qualité du<br />

métal.<br />

On voit qu’il n’est ici aucunement question de francs, de décimes, de centimes. C’est<br />

qu’en effet de tels noms ne devraient point exister, attendu qu’ils ne sont le nom de rien.<br />

Nos lois veulent qu’on frappe des pièces d’un franc qui pèseront cinq grammes d’argent :<br />

elles devraient ordonner simplement qu’on frappât des pièces de 5 grammes.<br />

Alors, au lieu de faire un billet ou une lettre de change de 400 francs, par exemple, on les<br />

ferait de 2, ooo grammes d’argent au titre de 9 sur 10 de fin, ou, si l’on aimait mieux, de<br />

130 grammes d’or au titre de 9 sur 10 de fin ; et rien ne serait plus facile à acquitter ; car les<br />

pièces de monnaie, soit en or, soit en argent, seraient toutes des multiples ou des fractions<br />

de grammes au titre de 9 sur 10 de métal fin mêlé avec 1 sur 10 d’alliage.<br />

Il faudrait, à la vérité, qu’une loi statuât que toute convention stipulant un certain nombre<br />

de grammes d’argent ou d’or, ne pourrait être soldée qu’en pièces frappées (à moins de<br />

stipulation contraire), afin que le débiteur ne pût s’acquitter avec des lingots qui auraient un<br />

peu moins de valeur que des pièces frappées. Ce pourrait être l’objet d’une loi rendue une<br />

fois pour toutes, et qui pourrait porter en outre que les mots d’or ou d’argent, sans autre<br />

désignation, désigneraient de l’or et de l’argent à 9 sur 10 de fin. Cette loi, de pure<br />

précaution, n’aurait d’autre but que d’éviter sur chaque acte l’énonciation de plusieurs<br />

clauses, qui Dès lors seraient sous-entendues.<br />

Le gouvernement ne frapperait les lingots des particuliers qu’autant qu’on lui paierait les<br />

frais et même le bénéfice de la fabrication. Ce bénéfice pourrait être porté assez haut, en<br />

vertu du privilège exclusif de fabriquer. Rien n’empêcherait qu’à l’empreinte énonciative<br />

du poids et du titre ne fussent joints tous les signes qu’on jugerait propres à prévenir la<br />

contrefaçon.<br />

Je n’ai point parlé de proportion entre l’or et l’argent, et je n’avais nul besoin d’en parler.<br />

Ne me mêlant point d’énoncer la valeur des métaux dans une dénomination particulière, les<br />

variations réciproques de cette valeur ne m’occupent pas plus que les variations de leur<br />

valeur relativement à toutes les autres marchandises. Il faut la laisser s’établir d’elle-même,<br />

puisqu’on chercherait en vain à la fixer. Quant aux obligations, elles seraient payées suivant<br />

qu’elles auraient été contractées ; un engagement de donner cent grammes d’argnt serait<br />

acquitté au moyen de cent grammes d’argent ; à moins que d’un consentement mutuel, à<br />

l’époque du paiement, les parties contractantes ne préférassent le solder avec un autre métal<br />

ou avec une autre marchandise, suivant une évaluation dont elles tomberaient d’accord.<br />

Une monnaie qui ne serait que de l’argent ou de l’or étiqueté, qui n’aurait point une<br />

valeur nominale, et qui par conséquent échapperait au caprice de toutes les lois, serait<br />

tellement avantageuse pour tout le monde et dans tous les genres de commerce, que je ne<br />

doute nullement qu’elle ne devînt courante même parmi les étrangers. La nation qui la<br />

frapperait deviendrait alors manufacturière de monnaie pour la consommation extérieure, et<br />

pourrait faire un fort bon bénéfice sur cette branche d’industrie. Nous voyons dans le traité<br />

historique des monnaies de France de Le Blanc (prolégomènes, page 4), qu’une certaine<br />

monnaie quefit battre saint Louis, et dont les pièces s’appelaient agnels d’or, à cause de la<br />

figure d’un agneau qui y était empreinte, fut recherchée même des étrangers, et qu’ils<br />

aimaient fort à contracter en cette monnaie, seulement parce qu’elle contint toujours la<br />

même quantité d’or depuis saint Louis jusqu’à Charles Vi.

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