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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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millions dont parle Sully. Or, 36 millions, en comptant 8 livres 1 sou 9 deniers pour 28<br />

francs 50 centimes, vaudraient aujourd’hui plus de 126 millions ; somme qui offrait une<br />

ressource importante, surtout si l’on considère que la guerre se faisait alors bien<br />

différemment que de nos jours. Avec cinquante mille hommes et des munitions de guerre et<br />

de bouche proportionnées, Henri IV aurait exécuté ce qu’on n’accomplirait pas aujourd’hui<br />

avec trois cent mille hommes et un milliard. Sully eut le chagrin de voir de son vivant ces<br />

puissantes économies dissipées par de vils courtisans.<br />

On peut être curieux de comparer la dette publique de Louis XIV, dans les désastres qui<br />

signalèrent la fin de son règne, avec nos dettes publiques actuelles. Le contrôleur général<br />

Desmarets remit au duc d’Orléans, régent, un mémoire où l’on trouve un état de la dette<br />

mobile en 1708 270 . Elle se montait alors, en principal, à 685 millions. Il ne donne pas le<br />

montant des rentes sur l’hôtel-de-ville ; mais on voit un peu plus loin qu’on y consacrait la<br />

totalité du produit des fermes générales, qui rapportèrent 31 millions en 1709, et que ce<br />

produit ne permit pas de payer au-delà de six mois dans une année. On peut donc supposer<br />

que la dette constituée s’élevait à 62 millions de rentes au principal de 1 240 millions 271 . En<br />

les joignant aux 685 millions du montant des engagements à terme, on aura 1, 925 millions<br />

qu’il s’agit, à l’aide du blé, de réduire en valeur actuelle.<br />

Le prix moyen du blé extrait des années 1685 à 1716, en excluant les années<br />

extraordinaires du plus haut et du plus bas prix, donne pour le setier de Paris 17 livres 16<br />

sous. En traduisant par 28 francs 50 centimes chaque somme de 17 livres 16 sous qui se<br />

trouve dans la dette de Louis XIV, elle nous donnera un total de 3 milliards et 82 millions<br />

de francs ; triste résultat de la gloriole militaire du prince et des nombreux abus de sa cour.<br />

Chapitre XXIX. Ce que devraient être les monnaies.<br />

Ce que j’ai dit jusqu’à présent des monnaies peut faire pressentir ce qu’il faudrait<br />

qu’elles fussent.<br />

L’extrême convenance des métaux précieux pour servir de monnaie, les a fait préférer<br />

presque partout pour cet usage. Nul autre matière n’y est plus propre ; ainsi nul changement<br />

à cet égard’est désirable 272 .<br />

On en peut dire autant de la division des métaux précieux en portions égales et<br />

maniables. Il convient donc de les frapper, comme on a fait jusqu’à présent chez la plupart<br />

des peuples civilisés, en pièces d’un poids et d’un titre pareils.<br />

Il est au mieux qu’elles portent une empreinte qui soit la garantie de ce poids et de ce<br />

titre, et que la faculté de donner cette garantie, et par conséquent de fabriquer les pièces de<br />

monnaies, soit exclusivement réservée au gouvernement ; car une multitude de<br />

manufacturiers qui les fabriqueraient concurremment, n’offriraient point une garantie égale.<br />

270 Voyez les Annales <strong>politique</strong>s de l’abbé de Saint-Pierre, année 1716.<br />

271 Le roi n’avait certainement pas reçu ce principal de la main des prêteurs, car l’état du crédit à cette époque<br />

ne permettait pas d’emprunter à 5 % : on était obligé d’emprunter au denier douze, c’est-à-dire qu’on recevait en<br />

principal douze fois seulement la rente qu’on prenait l’engagement de payer. Le public ne restait pas moins<br />

grevé d’une rente perpétuelle qui équivalait à un principal au denier vingt.<br />

272 L’adoption d’un papier-monnaie, tel que l’a proposé Ricardo (voyez le chap. 26), aurait l’avantage de<br />

remplacer un instrument coûteux par un instrument économique ; mais cette économie entraîne des risques et des<br />

inconvénients qui outrepassent peut-être ses avantages ; d’ailleurs un bon système de monnaies métalliques rend<br />

plus sûr l’emploi des billets de confiance, qui ont une partie des avantages du papier-monnaie.

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