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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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n’aurait pas été tenu d’acquitter, comme il a fait depuis, une dette, des pensions et des<br />

traitements d’un tiers plus considérables qu’ils n’étaient alors. Les intérêts privilégiés s’y<br />

opposèrent, et la masse de la nation, outre les maux que souffrirent alors les classes<br />

laborieuses, se trouvera longtemps encore accablée d’une dette dont les trois quarts peuvent<br />

être attribués à une lutte qu’il est permis à l’orgueil national d’appeler glorieuse, mais qui<br />

coûte cher à la nation, sans lui avoir fait aucun profit 257 .<br />

La possibilité de se servir d’une monnaie dépourvue de toute propriété physique, pourvu<br />

qu’elle soit aisément transmissible, et qu’on trouve le moyen d’en soutenir la valeur à un<br />

taux, sinon invariable, du moins difficilement et lentement variable, a fait présumer à de très<br />

bons esprits qu’on pourrait sans inconvénient y employer une matière beaucoup moins<br />

précieuse que l’or et l’argent, qui, pour cet usage, pourraient être suppléés<br />

avantageusement. David Ricardo a proposé dans ce but un moyen fort ingénieux, et qui<br />

consiste à obliger la banque, ou toute autre corporation qu’on autoriserait à mettre en<br />

circulation de la monnaie de papier, à la rembourser, à bureau ouvert, en lingots. Un billet<br />

stipulant un certain lingot d’or ou d’argent qu’on serait autorisé à se faire délivrer à volonté,<br />

ne pourrait pas tomber au-dessous de la valeur de ce lingot ; et d’un autre côté, si la quantité<br />

des billets émise n’excédait pas les besoins de la circulation, les porteurs de billets<br />

n’exigeraient pas leur conversion en métal, parce que des lingots ne se prêtent pas aux<br />

besoins de la circulation. Si, ar défiance, on se faisait trop rembourser de billets de banque,<br />

comme il n’y aurait pas d’autre monnaie, les billets augmenteraient de valeur, et il<br />

conviendrait sans doute alors au public de porter des lingots à la banque pour avoir des<br />

258<br />

billets .<br />

Il est possible que dans une nation passablement clairée, sous un gouvernement qui<br />

offrirait toutes les garanties désirables, et au moyen d’une banque indépendante dont les<br />

intérêts seraient en concurrence avec ceux du gouvernement pour assurer les droits du<br />

public, il est possible, dis-je, qu’une pareille monnaie pût être établie avec beaucoup<br />

d’avantages ; mais il restera toujours un fâcheux cortége pour toute espèce de papiermonnaie<br />

; je veux dire le danger des contrefaçons, qui, indépendamment de l’inquiétude<br />

qu’elles laissent toujours dans l’esprit de possesseurs de billets, ont en Angleterre, pendant<br />

l’espace de vingt-cinq années, coûté la vie à bien des condamnés, et en ont fait déporter<br />

eaucoup d’autres.<br />

On ne saurait se dissimuler d’ailleurs que la substitution du papier à la monnaie<br />

métallique, ne soit toujours accompagnée de certains risques que Smith représente par une<br />

image hardie et ingénieuse. Le sol d’un vaste pays figure, selon lui, les capitaux qui s’y<br />

trouvent. Les terres cultivées sont les capitaux productifs ; les grandes routes sont l’agent de<br />

la circulation, c’est-à-dire la monnaie, par le moyen de laquelle les produits se distribuent<br />

dans la société. Une grande machine est inventée, qui transporte les produits du sol au<br />

travers des airs ; ce sont les billets de confiance. Dès lors on peut mettre en culture les<br />

grands chemins.<br />

« Toutefois, poursuit Smith, le commerce et l’industrie d’une nation, ainsi suspendus sur<br />

les ailes icariennes des billets de banque, ne cheminent pas d’une manière si assurée que sur<br />

257 La cherté des objets de consommation équivaut à la réduction des revenus des particuliers, ce qui, dans les<br />

classes pauvres et laborieuses, constitue la misère. Si les charges de l’Angleterre étaient moins lourdes, le blé<br />

pourrait y être produit à des prix plus rapprochés des blés étrangers ; la libre importation de ceux-ci pourrait être<br />

permise, au grand soulagement des classes manufacturières. L’énormité de la dette, les gros traitements, et<br />

l’impossibilité de réformer les abus avec une représentation dérisoire, rendent plus difficile un remède efficace.<br />

L’Angleterre souffrira encore longtemps de la guerre im<strong>politique</strong> qu’elle a faite à la Révolution française. La<br />

France souffrira aussi dans un autre genre. Chacun souffre de ses fautes.<br />

258 Voyez Ricardo’s Proposals for an economical and secure Currency, 1816.

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