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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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pour faire tomber la valeur de l’unité monétaire aux deux tiers environ de la valeur de la<br />

même unité en or 254 . Et lorsque les directurs de la banque, de concert avec le gouvernement,<br />

voulurent faire remonter la valeur des billets au niveau de l’or, ils n’eurent qu’à en diminuer<br />

la masse. Le gouvernement remboursa à la banque une partie des avances qu’il avait reçues<br />

d’elle, ce qui fit rentrer une partie des billets ; et la banque cessa de prendre des effets à<br />

l’escompte, en même temps qu’elle encaissa ceux de son portefeuille dont l’échéance<br />

arrivait journellement ; ce qui en fit rentrer encore. L’agent des échanges, devenant plus<br />

rare sur le marché, reprit sa valeur ; et les spéculateurs, obligés de payer l’or aussi cher en<br />

livres sterling de papier qu’en livres sterling d’or, n’eurent plus rien à gagner en exigeant le<br />

remboursement en espèces des billets dont ils étaient porteurs.<br />

Cette circonstance fut très fâcheuse pour l’industrie anglaise. De nombreux engagements<br />

avaient été contractés en une monnaie dépréciée, notamment les baux dont la durée est fort<br />

longue. Les fermiers, par suite de la dépréciation, s’étaient obligés à payer de plus fortes<br />

sommes nominales, et les acquittaient aisément, parce que les denrées, payées en une<br />

monnaie de moindre valeur, étaient payées nominalement plus cher. Lorsque la valeur de la<br />

monnaie a été réintégrée, les prix ont baiss en proportion, et l’on a été obligé de payer, en<br />

valeurs réelles, des obligations qui avaient été contractées en valeurs nominales. Les impôts,<br />

qui s’étaient accrus en raison de la dépréciation des monnaies, durent de même être payés<br />

en valeurs réelles, et les charges de l’état, notamment la dette publique, qui avaient été<br />

allégées lorsqu’on en avait payé les intérêts en monnaie dépréciée, devinrent plus lourdes<br />

qu’auparavant. Il fallut payer en une monnaie valant de l’or, les intérêts d’emprunts publics<br />

contractés pendant 12 à 15 années, et dont les fonds avaient été fournis en une monnaie qui<br />

valait un quart ou un tiers de moins. Les traitements d’emplois publics, et, ce qui est pire,<br />

les pensions et les sinécures, nominalement augmentés pendant la dépréciation, furent payés<br />

en valeurs réelles après la restauration de la valeur. Ce fut une banqueroute ajoutée à une<br />

banqueroute ; car on ne viole pas moins ses engagements lorsqu’on fait payer aux<br />

contribuables plus qu’ils ne doivent, que lorsqu’on ne paie pas à des créanciers tout ce qui<br />

leur est dû.<br />

En 1800, les billets de banque étant au pair, avec 3 livres 17 sous 10 deniers 1 sur 2<br />

sterling, on pouvait se procurer une once d’or ; en 1814, on fut obligé de la payer 5 livres 6<br />

sous 4 deniers 255 . Cent livres sterling en papier ne valaient plus que 73 livres 4 sous 9<br />

deniers en or, et cette dépréciation fut accompagnée d’une assez grande prospérité. La<br />

valeur des billets remonta dans les années qui suivirent jusqu’en 1821, où ils furent de<br />

nouveau au pair, et cette restauration fut accompagnée d’une fort grande détresse. On<br />

proposa, entre autres expédiens, de réduire la livre sterling à la quantité de métal que les<br />

billets de banque pouvaient réellement acheter 256 ; et si ce parti eût été adopté, en prenant<br />

des précautions pour que la banque n’augmentât pas la somme de ses billets en circulation,<br />

elle aurait pu les payer à bureau ouvert ; il est probable que les marchandises n’auraient pas<br />

baissé de prix ; les mêmes facilités se seraient offertes à l’industrie ; les engagements<br />

contractés auraient été acquittés sur le même pied auquel ils avaient été contractés, et l’état<br />

254 Elle ne serait pas tombée à beaucoup près autant sans les émissions de billets des banques provinciales.<br />

Quoique ces billets n’eussent pas un cours forcé, et que les banques provinciales fussent obligées de les acquitter<br />

à présentation en monnaie légale (en bank notes), ils contribuaient à rendre l’instrument des échanges plus<br />

abondant par rapport aux besoins de la circulation ; car les signes représentatifs de la monnaie servent<br />

exactement aux mêmes usages.<br />

255 Voyez A Series of tables exibiting the gain and loss of the fundholder, par Robert Mushet, 1821, table 1.<br />

256 Voyez A Letter to the earl of Liverpool on the present distresses of the country, and the efficacy of reducing<br />

the standard of our silver currency, 1816, par C. R. Prinsep. L’auteur propose de réduire la livre sterling à ce<br />

qu’il y a d’argent dans 16 shillings, au lieu de ce qu’il en faut pour faire 20 shillings.

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