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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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d’un changement, à payer et à recevoir en monnaie ancienne, ou bien en monnaie nouvelle<br />

au cours qui s’établissait enre les deux monnaies 250 .<br />

Les Romains en avaient donné l’exemple lorsque, dans la seconde guerre punique, ils<br />

réduisirent à une once de cuivre l’as qui en pesait deux. La république paya en as, c’est-àdire,<br />

la moitié de ce qu’elle devait. Quant aux particuliers, leurs obligations étaient stipulées<br />

en deniers : le denier jusque-là n’avait valu que 10 as ; l’ordonnance porta qu’il en vaudrait<br />

16. Il fallut payer 16 as ou 16 onces de cuivre pour un denier : auparavant on en aurait payé<br />

20, c’est-à-dire, pour chaque denier, 10 as à 2 onces chaque. La république fit banqueroute<br />

de moitié, et n’autorisa les particuliers à la faire que d’un cinquième.<br />

On a quelquefois regardé une banqueroute faite par l’altération des monnaies comme une<br />

banqueroute simple et franche, portant réduction de la dette. On a cru qu’il était moins dur<br />

pour un créancier de l’état de recevoir une monnaie altérée, qu’il peut donner pour la même<br />

valeur qu’il l’a reçue, que de voir sa créance réduite d’un quart, de moitié, etc. Distinguons.<br />

Des deux manières, le créancier supporte la perte quant aux achats qu’il fait<br />

postérieurement à la banqueroute. Que ses rentes soient diminuées de moitié, ou qu’il paie<br />

tout le double plus cher, cela revient exactement au même pour lui.<br />

Quant aux créanciers qu’il a, il les paie à la vérité sur le même pied qu’il est payé luimême<br />

par le trésor public ; mais sur quel fondement croit-on que les créanciers de l’état<br />

soient toujours débiteurs relativement aux autres citoyens Leurs relations privées sont les<br />

mêmes que celles des autres personnes ; et tout porte à croire qu’en somme totale, il est dû<br />

autant aux créanciers de l’état par les autres particuliers, qu’il est dû à ceux-ci par les<br />

créanciers de l’état. Ainsi l’injustice qu’on les autorise à exercer est compensée par celle à<br />

laquelle on les expose, et la banqueroute provenant de l’altération des monnaies ne leur est<br />

pas moins fâcheuse que toute autre.<br />

Mais elle a de plus de très graves inconvénients. Ele occasionne dans les prix des denrées<br />

un bouleversement, qui a lieu de mille manières, suivant chaque circonstance particulière,<br />

ce qui dérange les spéculations les plus utiles et les mieux combinées ; elle détruit toute<br />

confiance pour prêter et emprunter. On ne prête pas volontiers là où l’on est exposé à<br />

recevoir moins qu’on n’a prêté, et l’on emprunte à regret là où l’on est exposé à rendre plus<br />

qu’on n’a reçu. Les capitaux en conséquence ne peuvent pas chercher les emplois<br />

productifs. Les maximum et les taxes de denrées, qui marchent souvent à la suite des<br />

dégradations des monnaies, portent à leur tour un coup funeste à la production.<br />

La morale d’un peuple ne souffre pas moins des variations monétaires ; elles confondent<br />

toujours pendant un certain temps ses idées relativement aux valeurs, et, dans tous les<br />

marchés, donnent l’avantage au fripon adroit sur l’honnête homme simple ; enfin elles<br />

autorisent, par l’exemple et par le fait, le vol et la spoliation, mettent aux prises l’intérêt<br />

personnel avec la probité, et l’autorité des lois avec les mouvements de la conscience.<br />

Chapitre XXVI. Des papiers-monnaies.<br />

Il n’est point ici question des engagements contractés par l’état ou par les particuliers<br />

d’acquitter en numéraire une certaine somme, et qui sont en effet acquittés à présentation,<br />

ou à leur échéance. On applique le nom de papier-monnaie à une véritable monnaie de<br />

papier qui ne stipule pas son remboursement, ou qui ne stipule qu’un remboursement<br />

250 Voyez l’ordonnance de Philippe le Bel, de 1302, celles de Philippe de Valois, de 1329 et de 1343 ; celle du<br />

toi Jean, de 1354 ; celle de Charles VI, de 1421.

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