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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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On commit et l’on autorisa, comme on voit, bien des injustices ; mais on ne fit pas valoir<br />

une livre de 8 onces d’argent pur autant qu’une livre de 12 onces 241 .<br />

Dans l’année 1113, ce qu’on appelait livre ne contenait plus que six onces d’argent fin ;<br />

au commencement du règne de Louis VII, elle ne contenait plus que 4 onces. Saint-Louis<br />

242<br />

appela du nom de livre une quantité d’argent pesant 2 onces 6 gros 6 grains . Enfin, à<br />

l’époque de la révolution française, ce qu’on appelait du même nom n’était plus que la<br />

sixième partie d’une once ; tellement que la livre tournois n’avait plus que la 72 ème partie de<br />

la quantité d’argent fin qu’elle contenait du temps de Charlemagne.<br />

Je ne m’occupe point en ce moment de la diminution qui a eu lieu dans la valeur de<br />

l’argent fin, qui, à égalité de poids, ne vaut guère, échangé contre des choses utiles, que le<br />

sixième de ce qu’il valait alors. Cette considération sort du sujet de ce chapitre ; j’en parle<br />

ailleurs.<br />

On voit que le nom de livre a successivement été appliqué à des quantités fort diverses<br />

d’argent fin. Tantôt ce changement s’est opéré en diminuant la grandeur et le poids des<br />

pièces d’argent de même dénomination, tantôt en altérant leur titre, c’est-à-dire, en mettant<br />

sous le même poids plus d’alliage et moins d’argent fin ; tantôt en augmentant la<br />

dénomination d’une même pièce, et nommant, par exemple, 4 livres tournois une pièce qui<br />

n’était auparavant que de trois livres. Comme il n’est ici question que de l’argent fin,<br />

puisque c’est la seule marchandise ayant quelque valeur dans la monnaie d’argent, de toutes<br />

ces manières l’altération a eu le même effet, puisqu’elle a diminué la quantité d’argent<br />

qu’on a appelée du nom de livre tournois. C’est ce que nos écrivains, d’après les<br />

ordonnances, appellent fort ridiculement augmentation des monnaies, parce qu’une telle<br />

opération augmente la valeur nominale des espèces, et ce qu’ilserait plus raisonnable<br />

d’appeler diminuton des monnaies, puisqu’elle diminue la quantité du métal qui seul fait la<br />

monnaie.<br />

Bien que cette quantité ait été en diminuant depuis Charlemagne jusqu’à nos jours,<br />

plusieurs rois l’ont cependant augmentée à diverses époques, notamment depuis saint Louis.<br />

Les raisons qu’ils avaient de la diminuer sont bien évidentes : il est plus commode de payer<br />

ce qu’on doit avec une moindre quantité d’argent. Mais les rois ne sont pas seulement<br />

débiteurs ; ils sont, dans beaucoup de cas, créanciers ; ils sont, relativement aux<br />

contribuables, dans la situation du propriétaire relativement au fermier. Or, quand tout le<br />

monde était autorisé à s’acquitter avec une moindre quantité d’argent, le contribuable payait<br />

ses contributions, de même que le fermier son fermage, avec une moindre quantité de ce<br />

métal.<br />

Tandis que le roi recevait moins d’argent, il en dépensait autant qu’auparavant ; car les<br />

marchandises haussaient nominalement de prix en proportion de la diminution de la<br />

quantité d’argen contenue dans la livre. Quand on appelait 4 livres la quantité d’argent<br />

nommée auparavant 3 livres, le gouvernement payait 4 livres ce qu’il aurait eu pour 3<br />

auparavant. Il se voyait forcé d’augmenter les impôts ou d’en établir de nouveaux, c’est-àdire<br />

que, pour lever la même quantité d’argent fin, on demandait aux contribuables un plus<br />

241 Suivant ce qui a été dit au chapitre 23, on serait fondé à croire que la valeur de la livre, qui contenait 8 onces<br />

d’argent fin, devait conserver la même valeur, pourvu qu’on n’augmentât pas la quantité de, la monnaie frappée.<br />

Mais comme l’élévation du prix des marchandises suivit la dégradation des espèces, on peut présumer que le<br />

gouvernement, pour tirer parti de ses opérations monétaires, ordonnait des refontes, et avec huit pièces d’argent<br />

en faisait 12, en augmentant l’alliage. L’augmentation dans la quantité suivait la diminution du titre ; autrement<br />

le gouvernement n’aurait rien gagné à altérer le titre.<br />

242 On voit, dans les Prolégomènes de Le Blanc, page 25, que le sou d’argent de saint Louis pesait 1 gros 7 ½<br />

grains, ce qui, multiplié par 20, fait bien pour la livre 2 onces 6 gros 6 grains.

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